GRAVES, TRÈS GRAVES !!!
Bon, alors voilà, classique voyage de presse : invitations aimables par les syndicats viticoles des Graves et de Pessac-Léognan.
Les propriétaires se mettent en quatre pour recevoir des journalistes et des blogueurs à leurs tables, dans leurs vignes et dans leurs chais. Ils servent même de chauffeurs à l’occasion !
Visite du château de La Brède, soupirs de soulagement : Montesquieu était très correctement logé !
Conférence sur l’architecture viticole de la région : la passionnante intervenante a tenté de nous transmettre son enthousiasme mais notre attention faiblissait à mesure que se rapprochait opportunément l’heure du dîner.
Je sais, il ne faut pas se moquer des noms propres mais quand on dort au château Le Cossu et qu’on déjeune chez Monsieur et Madame Leriche, ça mérite de mettre une petite pièce à l’Euro Millions car on commence à s’y croire ! Pas de fausses notes donc dans ce concert de rencontres et de dégustations : où que vous croisiez ces bouteilles, achetez-les sans crainte !
En blanc : le château Floridène, du professeur Denis Dubourdieu, est merveilleusement aromatique, c’est-à-dire ni trop ni trop peu.
Le château Ferrande est plus typé sémillon avec des dominantes d’abricot et d’ananas et une rondeur très séduisante.
Mais aussi le château Respide, un vrai graves qui sent le caillou chaud et le fumé ; les châteaux Rahoul, Crabitey ainsi que Le Cossu sus-cité, très plaisant à boire dans sa jeunesse, sur sa fraîcheur.
Et puis, évidemment, l’irremplaçable cuvée Caroline du château Chantegrive. J’ai encore une fois vérifié la justesse, la netteté, l’équilibre parfait de cet archétype de ce qui se fait de mieux dans l’appellation. Je n’ai pas eu le temps de goûter le rouge : zut ! Je vais devoir revenir voir la charmante Hélène Lévêque qui sait exprimer le meilleur de ses vignes.
Les graves rouges demandent toujours un peu de garde pour se livrer, même si la qualité moyenne est tirée vers le haut par les nouvelles générations. Mais attention aux excès de bois neuf !
Pour finir, deux propriétés m’ont plus particulièrement séduit.
Le château Brondelle :
Jean-Noël Belloc est à la tête de plusieurs domaines dont une vingtaine d’hectares en appellation Graves. Issu d’une très ancienne famille bordelaise, il a d’abord pris le temps de voir ce qui se faisait ailleurs dans d’autres activités, éloignées de la viticulture, puis est revenu au bercail.
Aux commandes de cette propriété depuis 1995, où il succède à son grand-père, puis à son père, tout a évolué, lentement mais sûrement. Pleine de souvenirs, on y voit toujours les vestiges de la polyculture longtemps pratiquée mais aussi clapiers, poulailler,soue, étable, pigeonnier…!
Plus loin, on trouve les superbes alignements des cuves inox thermorégulées et du chai à barriques. L’air du temps a changé mais ni l’esprit ni le goût des beaux raisins dans des belles vignes.
Tout me plaît chez ce vigneron ! Sauf la dénomination « Grand Vin » qui occupe les étiquettes de ses bouteilles les plus ambitieuses. En effet, ça ne veut rien dire, ça fait trompe-couillon alors que les vins sont tout simplement délicieux. Un point commun aux rouges et aux blancs : ce sont des vins charnus, avec du gras, de l’ampleur en bouche, de la complexité. Il faudra seulement être patient et attendre quelques années que l’élevage affine les matières et que les tanins s’effacent, se fondent. Pour avoir goûté à table un rouge 2005, je sais que l’évolution est lente mais va dans le bon sens.
Une copropriété de 30 hectares sablo-graveleux rachetée en 2007 par un pépiniériste et par Véronique Smati qui s’est totalement investie dans cette aventure. Le mot n’est pas trop fort quand on voit l’ampleur des tâches à accomplir et les moyens à mettre en œuvre. Mais les progrès sont déjà remarquables et dès aujourd’hui, la dégustation donne confiance en l’avenir. Pas d’élevage sous bois, juste des séjours prolongés dans de mignonnes cuves en béton. Sans rechercher une matière très concentrée, elle obtient pour son rouge 2010 (80% merlot, 20% cabernet-sauvignon) un magnifique fruité avec beaucoup de fraîcheur et une bouche bien équilibrée. 7 hectares de blancs (sauvignon et sémillon) donnent un vin comme on les souhaite dans les graves : élégant, avec des agrumes mûrs, des fleurs et surtout cette signature légèrement fumée. J’aime les vins de Véronique et leurs prix tout doux, tout doux… À 7,25 € TTC prix départ, inutile de s’en priver, on peut en remplir sa cave !
À bientôt pour la dégustation des Pessac-Léognan !
Patrick de Mari
Durocher
4 octobre 2013 @ 10 h 08 min
Floridène et Chantegrive(Caroline) sont certainement au niveau et même supérieurs à beaucoup de Pessac.Je goûterai Brondelle et Lionne que je ne connais que de nom et j’ai entendu bcp de positif concernant Brondelle.Encore un article passionnant,bravo.
Jeux de quilles | The fisheye of gourmet food &...
5 octobre 2013 @ 12 h 38 min
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