Un voyage de presse qui tourne en eau de boudin
Festivini
à l’Abbaye Royale de Fontevraud
Il y a des invitations qui font plaisir à recevoir : ce fut le cas pour celle à participer à FESTIVINI en septembre, d’autant que cette manifestation (dont c’était la deuxième édition) avait lieu dans le cadre prestigieux de l’Abbaye Royale de Fontevraud, abbaye que j’avais eu l’occasion de visiter il y a une quinzaine d’années et où j’avais toujours eu très envie de retourner.
Départ un samedi en fin de matinée avec changement à Tours pour une arrivée à 14 h 24.
Pas de voiture bar et pas de possibilité d’acheter de sandwich entre les deux trains : ça fait rien, on se rattrapera plus tard !
À l’arrivée, un taxi m’attend ainsi qu’un autre journaliste. Je me dis que deux journalistes, ce n’est pas beaucoup pour une manifestation de cette ampleur…
À l’arrivée, surprise : le taxi ne peut pas rentrer à l’intérieur de l’abbaye — rappelons qu’en son temps, elle fut la plus grande d’Europe, avec quatre prieurés distincts dont trois féminins, originalité due au fondateur Robert d’Arbrissel, religieux pour le moins atypique — et nous laisse à la grille. Des petites voitures électriques sont censées venir nous chercher pour nous emmener jusqu’à l’espace hôtelier ouvert en mai (ancien prieuré Saint-Lazare)… mais visiblement, pas aujourd’hui. Ce n’est pas que ma petite valise soit lourde ni que 300 à 500 m à pied me fassent peur mais j’ai un poignet déplâtré de la veille qui n’est pas encore complètement opérationnel.
Check in à l’hôtel, clés, remise d’une tablette qui s’avérera inutile, dépôt des bagages dans nos chambres. Notre programme prévoit un rendez-vous à 15 h 45 pour un accueil avec quelques bulles de Saumurois, puis la visite de l’abbaye à 16 h 15 avant que David Martin (directeur du lieu), ne nous rejoigne à 17 h 30, ainsi que Philippe Porché (Président du Syndicat viticole des côtes de Saumur) pour nous parler respectivement de l’abbaye et de la soirée Festivini qui démarre à 20 h et pour laquelle nous devrions être libérés vers 19 h.
Sauf que ça ne va pas se passer du tout comme ça !
Jusqu’à 16 h 45… personne ! Notre hôtesse arrive enfin, accompagnée d’autres journalistes venus… en famille. On découvre l’« i-bar » (installé dans l’ancienne chapelle du prieuré) avec ses tables-écrans tactiles, le très joli travail du bois et l’étonnant triptyque irrévérencieux qui mêle moniales, prisonniers — l’abbatiale fut prison jusque dans les années 50 — et quelques personnages comme Jean Genêt.
On décide de boire un verre mais vu l’heure, on se dirige avec vers le restaurant pour attendre David Martin. Assis en bordure du cloître, on en profite pour admirer le jardin des simples.
Quand notre homme est là, on gagne l’ancienne salle des chapitres transformée en salle de séminaire, on s’installe dans la partie salon et David Martin se met à nous raconter l’histoire de l’abbaye. Passionné, passionnant et donc bavard. Studieux, nous prenons des notes et posons des questions. Mais l’heure tourne !
Finalement nous n’avons toujours pas fait la visite. Qu’à cela ne tienne ! Allons-y !
Mais surprise !
Nous ne nous dirigeons nullement vers Le Prieuré… mais vers le pôle énergétique où nous commençons par visiter le local poubelles, la chaufferie, etc., avec force explications pour souligner que tout est absolument écologique ! Certes la démarche est louable, mais peut-être pas notre priorité…
À 18 h 15, je me permets de demander si la visite de l’abbaye est toujours au programme ! Oui… mais au pas de course et finalement très succincte : retour au cloître, montée aux deux étages de dortoirs « revisités » par un designer, ce qui abîme un peu mes souvenirs.
Mais nous n’irons pas voir pas les autres bâtiments, donc pas les cuisines non plus car nous devons encore écouter Philippe Porché qui doit nous parler de Festivini. Petite présentation très agréable dans un jardin fleuri pour nous dire que les 7 appellations du syndicat viticole (saumur-champigny, saumur puy notre-dame, cabernet de saumur, saumur rouge, saumur brut, saumur blanc, coteaux de saumur) seront représentées et que de nombreux vignerons seront présents. Et aussi qu’il est prévu deux vins pour accompagner chaque plat : l’un classique qualifié d’ « ange » et l’autre de « démon » pour un accord plus insolite. Mais nous n’avons plus le temps d’en savoir plus, il faut vite se préparer pour le dîner sans même avoir le temps de prendre une douche…
Le dîner lui-même n’est pas un dîner assis mais une déambulation à des stands disposés tout autour du cloître de l’abbatiale. L’apéritif a lieu dans la chapelle. Puis, un badge nous donne droit à une palette de peintre en carton comportant une encoche pour y coincer un verre. On nous donne aussi une petite cuillère en bois. Pas commode avec un poignet handicapé (et un sac à main).
Et puis, c’est un peu la foire d’empoigne. Nous pourrons déguster les entrées (ce n’est pas le cas de tout le monde) mais pas le plat principal (sandre). Tout est servi sous forme de mini-portions dans des coupelles à poser en équilibre sur nos carrés de carton. Et il est évidemment absolument impossible d’engager la conversation avec les vignerons. Ni même de goûter les deux vins sur chaque plat. À 49 € le repas pour ceux qui se sont inscrits et ne sont pas arrivés à 8 heures tapantes, la déception est grande dans les rangs et ça râle. Surtout, ça ne permet pas vraiment de découvrir la cuisine du chef, Thibaut Ruggeri. Allons prendre le dessert prévu dehors, derrière le chevet de l’abbatiale, avec de la musique à fond la caisse. Long. Bon, je vais me coucher.
Je vous passe une nuit inconfortable à cause d’une couette épaisse comme un champ de coton (fibre ouate et laine de Chine) et d’oreillers aussi fermes que des ballons de rugby.
Je vous passe aussi l’impossibilité de prendre une douche, le pommeau étant coincé dans son logement.
Bon, allons prendre le p’tit déj et faire une balade. Pas le temps de faire une visite en solo avant de reprendre le taxi puis les trains.
Dommage. Ça laisse d’autant plus une pointe d’amertume qu’apparemment il y a eu un accueil à plusieurs vitesses et que certains ont pu rester plusieurs jours et goûter ainsi la « vraie » cuisine de Thibaut Ruggeri, Bocuse d’or 2013, le chef de « Fontevraud le restaurant ».
Bref, ce lieu autrefois cultuel était resté un lieu spirituel après l’arrêt de l’ordre des fontevristes.
Pour ce que nous en avons vu, c’est devenu un lieu culturel où il se passe plein d’événements en tout genre.
Je comprends bien les enjeux économiques qui font que tout grain est bon à moudre (expos, concerts, etc.) pour que cet endroit « vive ». Tout ça est dans l’air du temps.
Attention ! Je ne dis pas que Fontevraud ne vaut pas le détour, bien au contraire.
Je dis qu’à trop vouloir bien faire — et surtout TROP vite ! — on passe parfois à côté de l’essentiel.
Ce fut le cas.
Car le moins que je puisse dire est que je suis restée sur ma faim.
Mes faims, devrais-je dire : la spirituelle et la terrestre.
Blandine Vié
Abbaye de Fontevraud
49590 Fontevraud-l’Abbaye
evenementiel.abbayedefontevraud.com
pedge
14 octobre 2014 @ 9 h 36 min
Donc en fait, ce qui va pas dans ce Festival, c’est la rénovation des bâtiments de l’abbaye, qui vous n’ayez pas eu votre visite guidée et que vous aviez mal au poignet ? C’est pas une abbaye où il faut aller c’est un relais châteaux avec kiné !!!
gretagarbure
14 octobre 2014 @ 20 h 31 min
Ma réponse demain sur http://www.gretagarbure.com !
P’tit billet d’humeur |
15 octobre 2014 @ 6 h 01 min
[…] à mon article d’hier — http://gretagarbure.com/2014/10/14/evasion-3/ —, un lecteur ANONYME a fait un commentaire pour le moins […]