Lettre ouverte à un railleur anonyme !
Suite à mon article d’hier — http://gretagarbure.com/2014/10/14/evasion-3/ —, un lecteur ANONYME a fait un commentaire pour le moins désobligeant.
Comme je suis très chatouilleuse lorsqu’on met mon éthique et ma bonne foi en doute, c’est ici même que je tiens à lui répondre sous forme de lettre ouverte :
Cher Pedge
Quand je suis invitée à un voyage de presse, ce n’est pas pour mes beaux yeux ni pour me faire plaisir. Ça correspond à une démarche délibérément commerciale formulée par un prescripteur. Avec des intentions bien précises.
Un prescripteur qui sait très bien quel est son intérêt : obtenir un article qui touchera des lecteurs déjà ciblés, donc partiellement acquis. Ceux-ci auront ainsi connaissance de son activité ou des produits qu’il propose, ce qui lui évitera de faire de la publicité — ou renforcera celle qu’il fait — et lui attirera de nouveaux clients.
Ça peut-être un hôtelier, un restaurateur, un vigneron, un producteur, un négociant, un conserveur, un fabricant spécialisé dans un produit de l’agro-alimentaire, etc. etc.
Pour « allécher » les journalistes — et je choisis le terme à bon escient — le prescripteur, relayé par un(e) attaché(e) de presse, met au point un programme, généralement dense qui, dans un minimum de temps — l’argent est compté ! — fasse découvrir au maximum « LA VÉRITÉ » du lieu, du terroir ou du produit.
Cela demande de la réflexion, de la stratégie, de l’organisation, de la logistique, de l’intransigeance. Et le moins de fausses notes possibles. Avec en plus de la bonne humeur, de la convivialité. Et surtout, a minima, l’envie de défendre le « produit » qu’il veut mettre en exergue. Bref, de l’enthousiasme, de part et d’autre !
Cela signifie que du côté des journalistes, on ne doit pas non plus être blasé.
Personnellement, j’adore aller sur le terrain. Mais sachez que pour UN voyage auquel je participe, il y en a au moins UNE QUINZAINE auxquels je choisis de renoncer.
C’est dire si, quand je réponds positivement, ce n’est pas pour me la couler douce et me prélasser mais pour faire un reportage, parce que mon envie et mon intérêt sont grands et anticipent ceux de mes lecteurs.
Mais mon attente aussi : l’attente de trouver sur place ce qu’on m’a promis pour me convaincre de venir.
Non pas du sensationnel, du cirque ou du grand spectacle. Certainement pas !
Seulement une vision qui permette une connaissance approfondie du lieu, du produit, etc. dont on souhaiterait me faire parler.
Par ailleurs, quand je décide de participer à un voyage de presse — donc un déplacement PROFESSIONNEL ! — durant le week-end, je ne pars pas en vacances ! Au contraire, on me « vole » du temps que je dois en principe à ma famille, à tout le moins à mon repos (surtout quand je suis en convalescence).
Plus pragmatiquement, pour prendre l’exemple que vous incriminez, la promesse était plurielle. Elle consistait :
— à participer à une manifestation vinicole — FESTIVINI — et à rencontrer des vignerons. Avec le but bien précis de faire découvrir 7 appellations (dont certaines très peu connues du grand public) à mes lecteurs : PARI RATÉ !
— à visiter l’abbaye de Fontevraud, la cité monastique la plus grande d’Europe (15 ha de surface !), sise au cœur d’une région viticole et donc acteur économique de premier ordre pour l’œnotourisme. Or, nous avons visité — et encore au pas de charge ! — moins de 10% du site : PARI RATÉ !
— à découvrir la cuisine de Thibaut Ruggeri, lauréat du Bocuse d’Or 2013. Ce ne sont pas les quelques bouchées froides grappillées à la sauvette qui ont pu me convaincre de son talent : PARI RATÉ !
— à découvrir un nouvel établissement hôtelier qui semble encore en rodage : PARI RATÉ !
Et, cher Pedge, puisque vous me brocardez sur mon poignet cassé, pour finir, sachez qu’à 189 € la chambre, il est patent que la clientèle a une certaine aisance financière : beaucoup de touristes, beaucoup de seniors ! À l’aller comme au retour, nous en avons entendu se plaindre de ce trajet insolite en étant obligé de porter leurs bagages (les 2 voitures électriques étant très capricieuses et les chauffeurs pas toujours disponibles). Pire, les taxis sont eux aussi consternés de ne pas pouvoir emmener leurs clients jusqu’à l’hôtel et refusent de jouer les porteurs sur près de 500 m. On peut les comprendre.
Enfin, l’hospitalité, c’est aussi la ponctualité, c’est-à-dire recevoir ses invités dans le timing prévu et ne pas les faire poireauter plus d’une heure durant sans même les prévenir. Surtout quand ils n’ont pu se sustenter à midi et qu’ils ne pourront d’ailleurs pas le faire non plus le lendemain au retour.
Au total donc, cher commentateur, convenez que ça fait quand même beaucoup d’inconséquences et de loupés qui n’ont pas grand chose à voir avec la rénovation des bâtiments ou une absence de visite guidée. Car non, il ne s’agit pas d’un unique désagrément.
Quant à votre allusion à mon poignet et à un relais & châteaux avec kiné, ce n’est ni élégant ni très approprié.
Pire, ce n’est même pas drôle !
François
15 octobre 2014 @ 8 h 44 min
Bien dit, Blandine !
Stéphane
15 octobre 2014 @ 9 h 18 min
ON ne s’attaque pas à Blandine sans « biscuits »!
Jolie réponse.
pedge
15 octobre 2014 @ 11 h 54 min
Je n’en attendais pas tant pour la réponse 😉 … Merci d’en avoir pris le temps … Je prend note de toute ces remarques … Il est vrai que si une grande partie des informations que vous donnez dans ce billet d’humeur était apparu dans le précédent post .. je n’aurais pas commenté et provoqué votre courroux .. maintenant en temps que lecteur faisant partie du public qui se rend à ce genre de Festival, je ne souhaite en aucune façon lire des articles qui représentent la vie de journalistes qui se font chouchouter tout le week-end à seul fin de communication .. car la déception qui s’en suivra pour le Festivalier Lambda en sera que plus grande … ( Après je conviens que c’est mon rôle de sélectionner les journalistes ou blogueurs que je lis .. ) … A mon sens j’accorderais plus d’importance au journaliste qui parlera d’un tel Festival en l’ayant vécu de façon anonyme … ( mais ça reste toujours mon avis ) .. Pour finir .. en temps qu’organisateur d’événements j’ai juste envie de dire … profitez .. et lorsque vous devez marcher 500 mètres avec un tel panorama … profitez de la vue plutôt que de voir le négatif partout .. Vous qui vous désolé de l’aménagement design de l »abbaye qui ne correspond pas à vos souvenirs, pourquoi faire remarquer qu’il est gênant qu’une voiture ne circule pas au seins d’un lieu historique ? Autant interrogations qui, je m’excuse de le dire, me font dire qu’il faut avoir un énorme budget pour acceuillir des journalistes qui ressortiront avec une image erroné de l’événement .. et je trouve ça triste …Amicalement … 🙂
gretagarbure
15 octobre 2014 @ 15 h 16 min
Encore une fois, mon but n’est pas d’être « chouchoutée » mais de faire une plongée in situ, justement pour ne pas avoir une image « erronée », comme vous dites. Comme je l’écris dans mon article, ce sont les participants locaux qui étaient mécontents d’avoir payé 49 € et de n’avoir rien à manger pour ce prix. Et ce sont les « vrais » clients — aussi — qui n’ont pas apprécié d’être obligés de jouer les sherpas.
La vue, soyez rassuré, j’en ai profité sans vos conseils (un poil paternalistes, soit dit en passant), comme en témoignent d’ailleurs mes photos, faites lors d’une balade solitaire sans valise… ce qui, je vous le confirme, est plus pratique !
Et ce n’est pas le décalage avec mes souvenirs qui est décevant mais la transformation d’un lieu chargé d’histoire et d’émotion (lieu cultuel puis prison) en un lieu un peu « show off ».
Cela dit, je comprends votre déception mais vos préférences, pour respectables qu’elles soient, interdisent-elles à une journaliste de relater des anecdotes, à vrai dire très éloignées de l’événement qui semble tant vous intéresser ?
Merci pour cette « brève rencontre » (beau film) et maintenant, je vous propose de passer à de nouvelles aventures.
Cordialement.
Duclos
15 octobre 2014 @ 20 h 32 min
Que Pedge prenne des cours d’orthographe! Il est aisé de faire des longueurs quand elles sont truffées de fautes. Nous préférons les textes courts dépourvus d’erreurs. Cela vous permettra sans aucun doute de tenter d’accrocher, une prochaine fois, une quelconque journaliste et/ou blogueuse qui accepte 15 voyages pour ne faire qu’un soit-disant article mais pas Greta dont l’intégrité dans la profession n’est pas à prouver!