Pomerol Château du Domaine de l’Église 2018 : un bordeaux en odeur de sainteté !
Un peu d’histoire
Le développement du vignoble se fait au XIIe siècle lorsque l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem s’installe et aménage un hospice à Pomerol pour les pèlerins en route vers Saint-Jacques de Compostelle. À cette époque, cet hospice était réputé pour son accueil ainsi que pour la qualité et les vertus de son vin qui était alors blanc. Détruit pendant la guerre de cent ans, le vignoble est ensuite replanté au milieu du XVIIIe siècle, avec des cépages rouges : merlot, malbec, cabernet franc. Leur notoriété est devenue moindre. À la fin du XIXe siècle, suite à la crise du phylloxéra, le vignoble est replanté majoritairement en cépage merlot. La notoriété s’améliore, au même titre que les ventes, notamment grâce à l’immigration des Corréziens et à la ligne de chemin de fer Paris-Libourne. En effet, les Corréziens qui ont le sens du négoce, achètent alors des domaines et font découvrir leurs vins en France et à l’étranger. Dans les années 1900, les viticulteurs se réunissent et font des achats en commun. Solidaires, ils fondent un syndicat viticole et agricole afin d’améliorer leur vin et de protéger l’appellation Pomerol. L’aire d’AOC est délimitée en 1928, reconnue en 1936, puis révisée en 2011.
Petite curiosité : à la différence des appellations du Médoc, des Graves, de Pessac-Léognan et de Saint-Émilion, cette appellation ne dispose pas de classement officiel mais est reconnue au même titre que ses appellations voisines.
Le vignoble du Château du Domaine de l’Église est planté sur un territoire de 7 hectares, à 95% de merlot et à 5% de cabernet franc, sur un sol composé de graves, d’argile et de crasse de fer (résidus ferreux). Les vignes ont une moyenne d’âge de 40 ans. Elles bénéficient d’un climat tempéré assez chaud avec une répartition homogène de la pluviométrie. Le vignoble est certifié en HVE-3 (Haute Valeur Environnementale).
(Informations fournies par le domaine.)
Le vin
Il s’agit d’un assemblage de 96% de cépage merlot et de 4% de cépage cabernet-franc. Le vin est vinifié en cuvier inox thermo-régulé, des petites cuves de 60 hl permettant le pigeaage. La macération se fait à froid pendant 4 jours puis la vinication est assez longue puisqu’elle dure quatre semaines en laissant progressivement les températures remonter. Le vin est ensuite élevé en barriques neuves (50%) et barriques de un vin (50%). Il titre 14,5°.
Ma dégustation
Sa robe est rouge vif, d’une belle brillance de pierre précieuse.
Son nez est très expressif, opulent, complexe, d’une richesse aromatique presqu’enivrante. On est près d’une maison de maître, dans un jardin imaginaire où cohabitent une culture de petits fruits rouges (fraises des bois, cerises, groseilles rouges, mûres), jardin traversé par une allée de sous-bois aux senteurs champigonnesques (sutout de truffe noire) tandis que s’alignent quelques roses trémières contre le mur de la maison, Vous-même êtes assis à une table de jardin, vous n’avez pas besoin de vous balader pour que tous ces effluves viennent à vous et après avoir humé toutes ces fragrances, vous finissez tranquillement une tasse de moka qui vient se mêler à cette symphonie d’odeurs.
Sa bouche est charnue, presque confite et se déguste à petires gorgées tant elle est riche en concentration. Les nuances rappellent celles du nez, les tanins sont soyeux et fondus laissant une agréable sensation de velouté sur la langue qui n’exclut en rien une tension fine et revigorante, une finale persistante.
À table, il aime la compagnie des chairs qui ont du caractère pour des épousailles équilibrées entre les partenaires : gibier, surtout à plumes car plus subtil (faisan rôti, grouse, bécasses) ou tout de même avec des côtelettes ou noisettes de marcassin ou une selle de chevreuil si vous optez pour le poil. Mais il fera aussi bon ménage avec des magrets de canard, un risotto aux truffes noires, une daube de cèpes, des bérets (chapeaux) de cèpes farcis à la chair à saucisse et au jambon type Bayonne, ou encore sur des desserts au chocolat noir ou/et au café (un beau moka). Certains amateurs l’apprécient sur des fromages forts (vieux chavignol, munster), je suis moins convaincue car cette alliance écrase un peu le vin, surtout en fin de repas.
En tout cas, c’est un vin d’une grande noblesse à réserver aux belles occasions où l’on n’hésite pas à mettre les petits plats dans les grands. Un vin qui a peut-être donné naissance à l’expression « le petit Jésus en culotte de velours » pour un breuvage qui vous descend comme du velours dans l’estomac.
Prix TTC recommandé : 57 € chez les cavistes, au départ cave et sur www.vintageandco.com
Château du Domaine de l’Église
5, route de Saint-Jacques de Compostelle
33500 Pomerol
Tél. 05 56 00 00 70
Site : www.domainedeleglise.com
Blandine Vié