Les gins de la distillerie d’Isle de France

Un trio magique
La tendance est aux spiritueux et plus particulièrement aux gins. Aussi en avons-nous dégusté quelques-uns en immersion dans un bar — le bar Maria Loca boulevard Henri IV à Paris — avant d’aller visiter la distillerie à Fresnes-sur-Marne. Mais que je vous raconte d’abord l’aventure de trois copains.
Il y a d’abord Olivier Flé dans la famille duquel on est agriculteur de père en fils depuis quatre générations. En 1928, son arrière-grand-père achète le corps de ferme aux descendants de la Comtesse de Ségur. Olivier cultive les céréales depuis une quinzaine d’années. Puis, les temps étant durs et particulièrement l’année 2016, il a l’idée de distiller ses céréales (orge, maïs, seigle mais aussi betterave) pour en faire son propre whisky, projet qu’il aboutit en 2019, en co-fondant la 1ère distillerie de Seine-et-Marne avec un objectif simple : concevoir un produit à l’identité unique, au circuit court, tout en privilégiant l’agriculture de conservation et le développement local !
Le deuxième compère est Michael Landart, de père cambodgien et de mère basque qui, après avoir bourlingué aux quatre coins du monde en quête de saveurs distillées, a décidé de poser ses shakers à Paris au bar Maria Loca dont il est propriétaire, bar spécialisé depuis 2012 en cocktails et alcools de canne à sucre (rhum et cachaça). En 2014, il fonde sa propre marque de rhum « Maca Original Spiced Rum » et remporte la médaille d’or de sa catégorie au Rum Fest de Paris. C’est l’expert aromatique du groupe.
Mais ces deux-là ne se seraient jamais connus sans un troisième larron, Antonin, qui fut leur trait d’union. Antonin et Olivier sont amis d’enfance. Et lorsqu’ Olivier se rend au mariage d’Antonin en Italie, il lui fait part de son projet de distillerie. Et Bingo ! Il souhaite tout de suite impliquer son mentor Michaël dans l’aventure qui, par le fait, va commencer plus tôt que prévu. Le rôle d’Antonin est d’accompagner la marque dans le développement et la mise en place de sa stratégie marketing et opérationnelle.

La distillerie d’Isle de France


La ferme est désormais pensée en fonction de la distillerie, l’objectif étant de maîtriser le maximum de la production et donc la qualité des ingrédients des spiritueux en devenant un acteur local de la valorisation des produits locaux. Ils ont à cœur de planter des variétés anciennes afin de diversifier les cultures. De plus, un verger et un jardin botanique ont été plantés sur l’exploitation pour cultiver les fruits et les plantes agrémentant leurs créations. Olivier a déjà planté 11 hectares en agroforesterie (pratique associant arbres et cultures de céréales sur une même parcelle), afin d’offrir une vraie continuité de champ à la bouteille.
La dégustation

Ce qui est certain, c’est que nous avons goûté à des alcools soyeux, aromatiques, ne brûlant pas, et que les gins sont doux. La méthode utilisée est unique, créée par la Distillerie d’Isle de France, une fermentation de fruits frais et une macération de plantes et d’aromates, associées à une innfusion pour restituer le meilleur des matières premières et donner une saveur identitaire à la marque. Et bien sûr, il va sans dire qu’aucun arôme de synthèse ni sucre ne sont ajoutés à aucun des produits de la distillerie d’Isle de France, ce qui bonfie évidemment ces distillats.
• Le gin de Printemps (2021)
Il est effectivement très printanier avec ses effluves très aromatiques, subtils, fleuris, fruités : fraises, rhubarbe, chinus molle (baies roses), fleurs de sureau. Il titre 42,5°
Le flacon de 50 cl : 45 €
• Le gin d’Automne (2021)
C’est le résultat d’une fermentation de carottes de la région mariées aux agrumes, aux noisettes, à la fève de tonka et à un soupçon de gingembre. L’aromatique est plus puissant mais reste doux, sans irriter les muqueuses, ni celles du nez ni celles de la bouche. Il titre 40°.
Le flacon de 50 cl : 45 €
• Le gin 3 ananas et gingembre
Il est issu d’une double technique de fabrication qui conjugue macération et fermentation. Son nez est acidulé, épicé et floral avec des notes de cédrat, de citronnelle, de verveine et de fleurs d’hibiscus mais aussi de mucilage de cacao, de mangue, de banane, de clémentine, de noix de coco, de fruit de la passion.. Il est plus tropical que les précédents, ce qui lui vaut un grand succès. Il titre 43°.
Le flacon de 70 cl : 45 €
Bonus : Le falernum
Savez-vous ce que c’est ? Historiquement, c’est une liqueur à base de rhum, de citron vert, d’amandes et d’épices. Il a été créé au XVIIIe siècle pour agrémenter les cocktails. Peu connu en France, c’est une version de rhum blanc non sucrée que nous propose la Distillerie d’Isle de France. L’amande, le gingembre, le citron vert et les épices sont macérés puis distillés en alambic. On a une sensation épicée sur la langue et le clou de girofle se révèle en finale. Il est très gourmand et peut sublimer de nombreux cocktails. Il titre 41°.
Le flacon de 70 cl : 39 €
https://www.distillerie-isle-de-france.fr