Jumelage de Bouzy et de la République de Montmartre : de la fraternité, du champagne et du bouzy !
C’est dans la bonne humeur et par une belle journée ensoleillée qu’a eu lieu ce samedi 25 juin 2022, le jumelage entre le pimpant village de Bouzy et la République de Montmartre.
Comme vous le savez certainement, située dans le département de la Marne, dans la région viticole de la montagne de Reims — dont 100% des vignes sont classées grands crus depuis 1895 —, Bouzy est une commune réputée pour ses vignes de pinot noir, raisins avec lesquels on fait le bouzy, vin rouge en appellation coteaux champenois dont la réputation est historique puisqu’il était déjà servi à la table de Louis XIV. Vin rouge le plus septentrional de France, c’est un vin rare qui perpétue la tradition ancestrale des vins tranquilles de Champagne. Mais pour autant, à Bouzy, on produit aussi — et surtout — bien évidemment, du champagne. Le village se trouve très précisément au cœur de la « Côte des Noirs ».
Mais comme vous le savez peut-être moins, la République de Montmartre — où poussent également des vignes — fut créée « pour rire » le 7 mai 1921 par un groupe d’artistes peintres, dessinateurs, sculpteurs, musiciens et poètes montmartrois : Francisque Poulbot, Willette, Forain, Neumont, Guérin, Joë Bridge et quelques autres, afin de créer entre eux un lien de solidarité et « Faire le bien dans la joie », devise de cette nouvelle République. Toute République se devant d’avoir un hymne, le chansonnier Lucien Boyer en composa un sur une musique de Borel-Clerc. Le refrain « Mont’là-dessus, mont’là-dessus ! et tu verras Montmartre… » est universellement connu et encore partout fredonné. Mais, au sein de cette République, le rire et la fête s’accompagnent de philanthropie, notamment d’actions en faveur d’enfants déshérités et ce dès le départ, sous l’impulsion de Francisque Poulbot, célèbre affichiste. C’est ainsi qu’en 1923, pour venir en aide aux enfants nécessiteux de Montmartre, il ouvre rue Lepic Les P’tits Poulbots, un dispensaire si cher à son cœur qu’il lui donne son patronyme. Il sera malheureusement fermé en 1936, mais en 1939 l’œuvre sera tout de même reconnue et déclarée association loi de 1901. Elle perdure toujours. Rappelons encore que c’est toujours à l’initiative de Poulbot et de la République de Montmartre que, s’opposant à un projet immobilier qui aurait dénaturé le quartier, a été créé un espace vert destiné aux enfants de la Butte dénommé « square de la Liberté ». Le projet ne retenant pas l’attention des autorités municipales, on y plantera des vignes en 1933 et les premières vendanges auront lieu en 1934, en présence du Président de la République française Albert Lebrun, et sous le parrainage de Fernandel et de Mistinguett.
Aujourd’hui, la République de Montmartre s’attache à pérenniser les valeurs des membres fondateurs et développent de nombreux projets fédérateurs. Alain Coquard en est depuis 2012 le onzième Président. L’association compte aussi nombre d’Ambassadeurs et de Députés ayant pour mission, comme dans une république institutionnelle, de donner — tant que faire se peut — de la visibilité à Montmartre, à sa vie et à ses actions, comme par exemple de faire reconnaître la candidature de la Butte Montmartre (lancée en 2021) au classement mondial du Patrimoine de l’Unesco, ainsi que (sous la houlette d’Alain Fontaine, patron du bistrot Le Mesturet à Paris et par ailleurs Président des Maitres Restaurateurs) la reconnaissance des Bistrots de France. À cet égard, tiré à 25 000 exemplaires, le magazine « Montmartre en revue », dont le Président Alain Coquard et son épouse Marie-France Coquard ont la lourde gestion, est un lien extrêmement fédérateur entre tous les habitants, tous les commerçants et tous les amoureux de Montmartre. Sans oublier Patrick, Luc et Anne Fracheboud qui accueillent dans leur bistrot montmartrois La Bonne Franquette, avec une gentillesse et une générosité jamais démenties, toutes les agapes et joyeuses festivités de la République de Montmartre dont, rappelons-le, la devise est « Faire le bien dans la joie… »
Mais passons aux festivités !
Entre autres activités, la République de Montmartre aime à tisser des liens qui ont du sens avec d’autres communes viticoles dont la philosophie est proche. C’est ainsi qu’un rapprochement s’est fait avec Bouzy dont le maire Jean-François Sainz a été intronisé Ambassadeur de Montmartre l’an dernier, en prévision du jumelage de cette année.
Embouteillages à la sortie de Paris obligent, c’est avec un peu de retard que le Président de la République de Montmartre et sa délégation sont arrivés à Bouzy, mais Jean-François Sainz a su faire patienter ses administrés aux jolis gentilés de Bouzillons et Bouzillonnes, regroupés devant la mairie, avec quelques verres de champagne. Quand nous arrivâmes enfin — car j’en étais — la fête put commencer et ce fut une belle fête. Chaperonnés par Joëlle Leclercq, Les P’tits Poulbots étaient du voyage et, sous la direction de Sacha His, les roulements ont commencé avec un bel ensemble, cette salve induisant aussitôt une bonne humeur générale.
Comme dans toute cérémonie officielle, on a commencé par des discours. À la différence que, loin d’être ennuyeux, ceux-ci furent enjoués et débordants d’humour. Jean-François Sainz a commencé par ce joli trait : « Votre venue confirme que la bouture peut prendre entre nos deux villages. » Le Président Alain Coquard a alors été intronisé « Grand vigneron » de la confrérie des échevins de Bouzy, tout de bleu vêtus. Leur président Jean-René Brice lui a remis l’écharpe de la confrérie, et Alain Coquard, grand amateur de champagne et toujours féru de culture, a remercié en lui disant « Vous perpétuez une tradition et un savoir-faire qui remontent à l’époque carolingienne. Vous accueillez les visiteurs du monde entier, vous les initiez et faites aimer vos vins d’exception et le charme de votre village. »
Très délicate attention, la commune de Bouzy n’ayant pas d’harmonie municipale, elle avait demandé à Quentin et à Valentin Raimond, deux jeunes musiciens du cru — terme ici particulièrement approprié, vous en conviendrez — de composer un hymne communal qui fut joué par la fanfare éphémère de Bouzy. La bonne humeur continuait, surtout quand monsieur le maire a avoué s’être approprié la devise de la République de Montmartre, mais en y rajoutant quatre mots : « Faire le bien dans la joie… et avec du champagne ! »
S’ensuivit alors le discours du Président Alain Coquard, pétri de truculence et d’anecdotes. Après avoir remercié monsieur le maire et Pierre Martin, ancien maire de Bouzy devenu caviste rue Lamarck à Montmartre, Ambassadeur de la République qui fut la cheville ouvrière de ce jumelage, puis monsieur Jean-Philippe Daviaud, représentant Éric Lejoindre, maire du 18 ème arrondissement de Paris, et enfin Jean-René Brice, président de la la confrérie des Échevins, il nous apprit qu’il y avait une légitimité certaine entre Montmartre et le champagne puisque, en considérant la consommation de champagne à l’hectare, c’est Montmartre qui remporte la palme avec la première place mondiale. Malicieux, Alain Coquard ajoute que ce n’est pas le célèbre Michou qui aurait pu le contredire, lui qui fut à la fois « parrain et marraine » de ce breuvage en son cabaret, ni non plus Jean-Victor Clérico, patron du Moulin Rouge et Ministre des cabarets de Montmartre. Une information à noter sur vos calepins et à ressortir pour briller en société ! Mais, toujours avec humour, il invite ses hôtes à rester prudents et sur leurs gardes car le vin du Clos Montmartre qui progresse d’année en année serait bien capable de concurrencer et champagne et bouzy. La liesse est alors à son comble. Bernard Beaufrère, garde champêtre au sein de la République de Montmartre et poète reconnu se produisant dans de nombreux spectacles, en profite alors pour nous réciter un poème de ce Montmartrois célèbre et iconique que fut Bernard Dimey.
Les cadeaux
Lors d’un jumelage, il est de tradition d’offrir à ceux qu’on accueille les clés de la ville. Mais que nenni ! À Bouzy, on sait bousculer la tradition. C’est ainsi qu’Alain Coquard s’est vu offrir… un sécateur ! Cadeau tellement plus emblématique au pays des bulles et du bon vin. Comme monsieur le maire a dit : « À Bouzy, on n’a pas besoin d’autre chose ! » Applaudissements pour ce cadeau tellement bien ciblé.
Mais ce n’est pas tout. Jean-François Sainz avait aussi demandé à une jeune et talentueuse artiste native de Bouzy, de créer une œuvre pour symboliser ce jumelage. Et c’est ainsi que Laura Charmel réalisa une très jolie aquarelle qui fut lithographiée en double exemplaire, jumelage oblige. Œuvre très réussie (que vous pouvez admirer en tête d’article) qui, si vous la regardez avec acuité, est d’une très grande sensibilité et pleine de subtilités.
Les agapes
Bon, ce n’est pas tout ça mais l’heure tourne et il fait soif ! Et bien sûr, à Bouzy, l’apéro ne peut-être que du champagne. Et les enfants du village ayant été conviés comme les grands à participer à cet événement festif — notamment les enfants de l’école primaire Camille Claudel —, ceints d’un tablier et fiers comme Artaban, ils passèrent avec beaucoup d’application dans les rangs avec des corbeilles de délicieuses petites gougères pour accompagner nos bulles.
Allez, on passe à table ! Le repas qui a été préparé par le traiteur local Marc Morel se révèle très gourmand : Gaspacho aux écrevisses, Suprêmes de volaille accompagnés de gnocchis aux herbes, sauce au champagne, Assiette de fromages, Symphonie, dessert à la fraise.
Et bien sûr qu’est-ce qu’on boit avec ça ? Du champagne — des champagnes, devrais-je dire — et du bouzy. Selon nos affinités, nous avions le choix entre champagne brut, champagne rosé et bouzy, ce vin rouge fringant choisi pour la circonstance dans le vieux millésime 2013 pour nous honorer. Autant le dire tout de suite, nous avons tous goûté les trois propositions mises à notre disposition, revenant sur l’une ou l’autre bouteille afin d’affiner notre choix et de disserter sur leurs caractéristiques respectives. Il ne faut jamais bouder son plaisir.
Nous voilà donc repus et, la jovialité aidant, chacun fait ses tours de table en fonction de ses affinités. Monsieur le maire vient discuter un moment à notre table.
Patrick Fracheboud qui, il y a quelques années déjà, a fêté la naissance de ses deux fils avec du champagne Clouet, s’en fait le chantre.
À notre table, Marie-France Coquard et Francis Lefevre, ancien Secrétaire Général du MIN de Rungis et membre de la République de Montmartre, devisent joyeusement. Au passage, je remercie d’ailleurs Francis — qui était également mon voisin — de m’avoir confié quelques-uns de ses clichés.
Et, quand il ne discute pas, Monsieur le maire ravitaille ses invités en champagne.
Un p’tit tour à la cave
Bon, on ne va tout de même pas se quitter comme ça. Une petite balade digestive est la bienvenue. Pas trop fatigante puiqu’il s’agit d’aller visiter le Clos et la cave du champagne Clouet, à deux pas dans le village. Presque un vignoble miniature, tout à fait charmant.
Eh bien voilà ! Après cette belle journée d’amitié, de fraternité, de joie et d’échanges conviviaux, il est temps de prendre le chemin du retour. Cela ne vous étonnera pas si je vous dis — mais alors tout à fait en confidence — que nous étions presque tous un peu somnolents dans le car. Mais quelle bonne journée !
Blandine Vié
Contacts :
Mairie
51150 Bouzy
courriel : mairie@bouzyenchampagne.com
La République de Montmartre
site : www.montmartre-en-revue.fr
courriel : contact@montmartre-en-revue.fr
Le lettre de la République de Montmartre
Siège Social : La Bonne Franquette, 18, rue Saint-Rustique à Montmartre, 75018 Paris