Le Negroni Matador de la distillerie Bigourdan : puissance et gourmandise

Je vous ai déjà présenté le très aromatique gin de la distillerie Bigourdan et par la même occasion, je vous ai raconté le parcours de Thomas Bigourdan et la naissance de sa distillerie arlésienne. Je ne vais pas vous refaire le topo, je vous incite bien plutôt à relire l’article que vous trouverez en bas de page sans avoir besoin de chercher. En revanche je vais me concentrer sur la nouvelle création de la distillerie, ce « Negroni Matador » qui m’a séduite inconditionnellement.
Mais d’abord, qu’appelle-t-on un cocktail Negroni ?
Le negroni est un cocktail un peu désuet que l’on boit surtout dans les bars cossus à l’ancienne, tout de velours tendus et de bois ciré, façon clubs. D’origine italienne comme son nom l’indique, plus précisément florentine, il fut inventé par le comte Camillo Negroni qui avait coutume de se rendre au Café Casoni, café renommé de cette ville pour boire un Americano le soir avant de dîner. Mais, lassé de toujours boire le même breuvage, un soir de 1919, il pria le barman, un certain Fosco Scarelli, d’insuffler de la vigueur dans le cocktail en gardant les mêmes ingrédients mais sans l’eau de Seltz et en ajoutant du gin, alcool qu’il avait découvert lors de ses voyages à Londres. Cet americano revisité connut aussitôt un grand succès et fut illico baptisé du nom de son inventeur. Le Negroni devint même l’un des cocktails internationaux les plus prisés, servi sur glace dans un verre à whisky old fashionned et garni d’une demo-tranche d’orange vec son zeste.
Et pourquoi le « Negroni Matador » ?
Tout comme le fit le comte Negroni en son temps, Thomas Bigourdan eut à son tour envie de dynamiser — sinon de dynamiter — cette recette devenue un peu plan-plan. Il faut dire qu’aux manettes de sa distillerie et entouré de la large gamme foisonnante d’herbes aromatiques des garrigues et de celles qu’il cultive d’une manière si attentionnée, on comprend qu’il ait envie de jouer à l’apprenti sorcier et de tester des accords insolites.

En l’occurrence, Thomas Bigourdan de la distillerie de Camargue s’est associé aux liqueurs de créateur H. Theoria et à la maison Dolin pour la création de ce cocktail.
Ainsi, la liqueur « Amour matador » de H. Theoria, le vermouth rouge de Dolin et le gin Bigourdan sont descendus à trois dans l’arène pour la création de ce Negroni matador. À noter que la distillerie Bigourdan avait précédemment déjà créé deux cocktails : le Negroni et le Soho Negroni, la mixologie ayant le vent en poupe mais tout le monde n’ayant pas les talents ou les audaces d’un bartender. Avec la distillerie Bigourdan, les cocktails sont prêts à boire. Et la période de fêtes se prête particulièrement bien à les déguster ou à les offrir.
Ma dégustation
Si les Anglais appellent la première gorgée de gin un « kick » – sous-entendu un choc —, le Negroni Matador Bigourdan n’est pas en reste !
Ce qui m’a plu d’emblée, c’est sa fougue. Pas d’erreur, on est en Camargue !
Sa robe de braise lance des flammèches étincelantes, comme lorsqu’on tisonne un feu de cheminée. Elle rappelle aussi le feu qui couve, le feu du cuivre de l’alambic.
Son nez séduit par son bouquet d’effluves comme lorsqu’on se balade dans la garrigue aux abords des étangs camarguais : senteurs sauvages et iode.
En bouche, il surprend par sa puissance qui n’a rien d’agressive mais qui ne cache pas son tempérament. Il conjugue à la fois le velours de la liqueur Amour Matador, la palette des saveurs du gin London dry camarguais et la rondeur du vermouth qui vient tempérer l’ardeur et le mordant presque exubérants de ce trio. Avec en point d’orgue une subtile touche d’amer qui calme la fièvre et la pétulance de ce très beau Negroni, lui apportant volupté et charme. Long en bouche comme le baiser d’un amant qui n’aurait pas peur, lui non plus, de descendre dans l’arène.
À boire pur — un enchantement — avec ou sans glaçon selon le goût… mais pas sur glace pilée qui diluerait le breuvage.
Et par pitié, pas de cochonneries apéritives pour l’accompagner : seules les olives noires et les amandes ne le dénatureront pas.


Prix : 37 € la bouteille de 50 cl, en vente notamment sur le site où l’on peut trouver aussi des offres de coffrets.
BIGOURDAN
12, rue Frédéric Mistral
13200 ARLES
Tél. 09 81 42 00 42
Courriel : info@bigourdan.com
Site : www.bigourdan.com

Blandine Vié