La salle à manger
« C’est l’époque moderne qui a créé l’atmosphère de la table française ; la preuve en est établie par la salle à manger. Celle-ci n’a été conçue qu’à la fin du XVIIIe siècle. On constate que, jusqu’alors, il n’y avait pas de pièce spécialement affectée aux repas. Dans les châteaux historiques, nous ne trouvons aucune salle réservée aux cérémonies gustatives. On dressait la table dans une galerie ou une salle quelconque, où l’ambiance n’était pas créée. Encore le nouvel usage ne fut-il pas adopté sans résistance. Réserver une salle pour les repas, n’était-ce pas sacrfier à une matérialité visée dans les sept péchés capitaux ? Mais nous établirons en son temps que la gourmandise ne figurait dans les péchés qui entraînent la damnation éternelle que grâce à une traduction erronée — TRADUTTORE TRADITTORE — la « gula » de Salluste et de Cicéron, visée par la Sainte Église, se rapportant à la goinfrerie et non pas à la gastronomie, que le Dictionnaire de l’Académie et celui de Littré assimilent à la gourmandise. »
Lu dans « L’Amphitryon d’aujourd’hui », de Maurice des Ombiaux, 1936
Morceau choisi par Blandine Vié