La Ficelle Saint-Pourçain 2022 : bon cru pour le vin comme pour le dessin

Plus encore qu’au Beaujolais Nouveau, je suis attachée à la fête de La Ficelle qui a lieu tous les ans à Saint-Pourçain, à l’initiative de la cave de Saint-Pourçain-sur-Sioule dans l’Allier. Notez que je n’ai pas écrit Saint-Pourçain-sur-Saoûle ! Déjà, que Pourçain vient du mot pourceau… Mais ça c’est une autre histoire que je vous raconterai peut-êre un jour.
Toutefois, en décembre, je n’ai pas pu assister à la présentation des vins à Paris, comme de coutume. C’est la raison pour laquelle je ne vous en parle qu’en ce début d’année.
Toujours est-il que, comme vous le savez déjà sûrement puisque nous évoquons cette fête tous les ans depuis quelques années, pour saluer la mise en bouteilles des vins primeurs, la cave demande — depuis 36 ans déjà — à des dessinateurs de presse de créer deux dessins qui sont sérigraphiés sur les bouteilles en guise d’étiquettes : une pour le Saint-Pourçain rouge La Ficelle et l’autre pour le Blanc Premier. Et j’ai l’honneur que trois d’entre eux fassent partie de mes amis : Bridenne (qui m’accompagne de temps à autre dans mes périgrinations gastronomiques), Sabatier et Dubouillon. Sans oublier bien sûr Tignous et Honoré, croisés à l’occasion de ces agapes annuelles, mais pas des intimes, et malheureusement disparus dans l’abominable tuerie de Charlie Hebdo.
Pourquoi ce nom de la Ficelle ?
La légende raconte qu’en l’an 1487, Gaultier, tavernier à Saint-Pourçain, servait le vin dans des pichets en terre et en étain qui ne lui permettaient pas d’évaluer avec précision la consommation de ses clients. Pour mettre un terme aux discussions interminables sur le prix à payer, il eut l’idée de plonger un bout de ficelle dans les pichets, en faisant un nœud correspondant aux mesures de l’époque, la demie et la pinte. Ainsi naquit la légende de la Ficelle, réhabilitée par l’Union des Vignerons de Saint-Pourçain en 1987.
Depuis cette date, à l’heure de la nouvelle récolte, une illustration inédite, réalisée par une bande de joyeux dessinateurs, habille avec humour le dernier millésime. L’occasion d’une fête où les « Compagnons de la Ficelle », confrérie vineuse, célèbrent à Saint-Pourçain, le premier samedi de décembre, cette sortie avec enthousiasme. Chacun a signé un millésime différent où la ficelle est le fil conducteur. Tous sont devenus des amis des vignerons de Saint-Pourçain.
Voici la liste des contributeurs précédents : 1987 : Roche ; 1988 : Piem ; 1989 : Trez ; 1990 : Cursat ; 1991 : Lou ; 1992 : Barberousse ; 1993 : Laville ; 1994 : Avoine ; 1995 : Bridenne ; 1996 : Piem ; 1997 : Dubouillon ; 1998 : Soulas ; 1999 : Mose ; 2000 : Barbe ; 2001 : Blachon ; 2002 : Barrigue ; 2003 : Nicoulaud ; 2004 : Sabatier ; 2005 : Tignous ; 2006 : Honoré ; 2007 : JY ; 2008 : Napo ; 2009 : Faujour ; 2010 : Samson ; 2011 : Faurouge ; 2012 : Willem ; 2013 : Carali ; 2014 : Lasserpe ; 2015 : Mric ; 2016 : Besse ; 2017 : Léocroart ; 2018 : Deligne ; 2019 : Thibaut Soulcié : 2020 : Stéphane Trapier ; 2021 : Pixel Vengeur.
Le dessinateur Berth

Et cette année 2022, c’est donc le dessinateur Christophe Bertin — qui signe Berth — qui est l’élu avec un dessin ma foi fort savoureux, tout à fait dans l’esprit vin de partage à boire entre copains ! Il est né en 1967 à Lons-le-Saulnier et vit toujours dans le Doubs, à Besançon. Il a débuté sa carrière en 1991 en réalisant des illustrations pour des magazines tels que La Grosse Bertha et l’Idiot International, en pleine guerre du golfe. Puis, de Fluide glacial à L’Écho des Savanes en passant par Zoo, Psikopat et l’Humanité, il s’est diversifié. En 2015, il obtient le Prix Charlie Schlingo pour son livre « Ça sent mauvais » remis par Benoît Delépine.
Aujourd’hui, il continue de travailler pour différents magazines avec un style bien à lui, assez décalé, comme par exemple pour Mon Quotidien, l’Est Républicain, Spirou et Siné mensuel. Son dernier ouvrage intitulé « Bien fait » paru aux éditions Rouquemoute en 2022 apporte un regard décalé et absurde sur l’actualité de notre société.

La Ficelle Saint-Pourçain 2022

Rappelons que le vignoble de saint-pourçain pousse sur des coteaux argilo-calcaires et granitiques et que l’âge des vignes est de 20 à 30 ans. Les rendements sont de 46 hl/ha. L’assemblage est de 70% gamay et de 30% pinot noir. La vinification est séparée selon les terroirs et les cépages. La macération est traditionnelle (6 jours pour les gamays et 9 jours pour les pinot noir) avec pigeages et remontages journaliers afin d’optimiser l’extraction et la finesse des arômes. L’élevage se fait 2 mois en cuves inox.
Cette année, la dégustation nous révèle un nez expressif de fruits rouges et de petits fruits noirs. La bouche pleine de finesse offre une belle présence, dévoilant des arômes délicats de mûre et cassis, avec une finale légèrement épicées.
C’est un joli vin de soif, un vin de copains, un vin gouleyant qui appelle l’apéro, la charcuterie, les plats canailles et la cuisine traditionnelle dont la France a le secret, notamment celle de la cuisine régionale d’Auvergne : aligot, chou farci, truffade, et même certains fromages d’Auvergne.
C’est un vin qui ne se prend pas au sérieux et préfère les plats canailles, les bistrots et les brasseries où l’on l’on s’attable entre amis avec le sens de la fête et du partage.
Prix : 7,00 € à la cave, sur le site internet et chez les cavistes participant à l’opération.

Le Blanc Premier 2022
Descendant de La Ficelle depuis le millésime 1999, le « Blanc Premier » l’accompagne dans cette joyeuse sortie hivernale à Saint-Pourçain.
Le vignoble du blanc premier a les mêmes caractéristiques que pour le rouge, sauf bien sûr que l’assemblage est de 65% chardonnay et de 35% tressalier, un cépage peu connu. L’âge des vignes est de 20 à 40 ans et les rendements de 48 hl/ha.
La vinification se fait par cépage et par terroir par pressurage pneumatique à l’abri de l’air et la fermentation alcoolique dure 18 jours en cuve inox à 18°/20° C. L’élevage se fait 2 mois en cuves inox sur lies fines.
En bouche, l’attaque est souple et expressive tandis qu’au nez, des arômes de fleurs blanches expriment la richesse du millésime, tout en rondeur avec une jolie finale tout en fraîcheur.
Nous l’avons goûté à l’apéro mais il serait épatant sur une pompe aux grattons (spécialité bourbonnaise), sur un plateau de fruits de mer, un pâté aux pommes de terre (spécialité locale) ou une andouillette grillée.
Prix : 7,50 € à la cave, sur le site internet et chez les cavistes paricipant à l’opération.
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Union des Vignerons
03500 SAINT-POURÇAIN
Tél. 04 70 45 42 82
Fax : 04 70 45 9934
Courriel : udv @vinsaintpourcain.com
Site : www.vignerons-saintpourcain.com