Un peu d’humilité Messieurs les chefs…
Tout finit dans le trou des cabinets !
Euh… c’est pas moi qui le dis ! C’est San-Antonio !
Entrée en matière
… pas encore fécale, mais ça va viendre !
« La faim me taraude. J’évoque avec nostalgie les plateaux d’amuse-gueules que proposait la valetaille de Martin Maldone, hier soir. J’ai souvenance d’un toast aux œufs de caille-mayonnaise qui me fait saliver. Il paraissait grillé à point, juteux, ce toast !
Oh ! merde, la bouffe ! La bouffe ! Sempiternelle. Claper, déféquer, claper ! La fête biquotidienne. La consolation. Un de mes potes boulimiques, un jour, en détresse, me fait soudain : « Heureusement que je mange ! » Le chéri. Fallait le voir tortorer de dos. Cette puissance dans les deltoïdes ! Ce lent mouvement de marée. La manière qu’il engloutissait de tout son corps. Mobilisation générale des organes : estomac, foie, reins. La passivité admirable de ses boyaux, ce gros con ! « Heureusement que je mange. » Moi, ça m’est resté comme doctrine. Quand je vois quelqu’un atteint de plein fouet (autre facilité de langage) par le chagrin, je me dis, à travers ma compassion : « Heureusement qu’il va manger. » Le poulet chasseur, les rognons au madère, le gratin de fruits de mer restent un dernier secours. Le gus (ou la nana) en désespoir, lentement sera happé par ce qu’il happe. C’est la superbe connivence du bide et de l’âme. L’esprit prend sa source dans une bouteille de pommard.
Mangez, le temps fera le reste ! Bande de dégueulasses que nous sommes ! Tripes pleines ! Chieurs ! Cachons-nous, saligauds ! Faisons l’autruche devant le malheur, la tête dans la cuvette de nos chiottes ! »
Princesse patte-en-l’air, 1990
Diarrhée verbale…
« On vit une sacrée époque, mon fils : ou les cuisiniers sont décorés de la Légion d’honneur (pour les remercier de la qualité de nos excréments), … »
Al capote, 1992
Tirez la chasse d’eau !
« Je souffre des reins, m’étant démis je ne sais quoi en exécutant cette cabriole arrière dans « ma » tombe. N’en outre je porte un gros pansement à la main droite car la blessure par balle s’est infectée et j’ai des lancées jusqu’à l’épaule. Pauvre viande, si bravache et si faible ! Pauvre homme, rouleur de mécaniques et si avide d’honneurs qui transforme pourtant en merde les nourritures les plus raffinées. »
La matrone des sleepinges, 1993
Ah ! La poésie désenchantée de San-Antonio !
Morceaux choisis par Blandine Vié