San-Antonio se met à table
« Charité bien ordonnée commence par soi-même ! »
Forte du bon sens de ce vieux proverbe français, c’est donc avec un grand plaisir que j’ai envie de vous parler de mon dernier livre : « San-Antonio se met à table ».
Et mieux qu’une recette, qu’une analyse ou qu’un pastiche (il y a tout ça dans le livre) pour vous donner envie de le lire, je vais vous proposer la lecture de mon avant-propos qui vous explique le pourquoi de ce livre, et tout bêtement, la table des matières qui est plus éloquente que n’importe quel discours.
San-Antonio et moi, émoi, émoi (Avant-propos)
Il y a ceusses qui ont rencontré San-Antonio pendant leur adolescence et ne l’ont plus jamais lâché. Je les envie.D’autres aminches l’ont découvert tôt à l’âge adulte, dans une librairie de gare peut-être, ou prêté par un poteau. Quelle chance !Oui, j’envie les ceusses qui jouissent de cet accompagnement depuis si longtemps. Car ça a dû être un précieux réconfort que d’avoir toujours un San-A. sous la main en cas de vague à l’âme. Mieux qu’un médicament : une béquille, un ami, un frangin, un qu’on aime à la vie à l’amor, à la vie à la mort. Un formidable parcours initiatique, en tout cas. Enfin, il y a ceux qui, par-delà San-Antonio, ont découvert Frédéric Dard. Là, mon envie se fait carrément envie de meurtre ! Contre moi-même, s’entend. Tout ce temps passé à lire des niaiseries quand j’aurais pu — quand j’aurais dû ! — choisir le bon livre sur la bonne étagère. Même si je ne nie pas avoir aimé des auteurs plus académiques, et parfois même — allez, je l’avoue ! — plus cacadémiques.
Mais hélas, moi, je ne lis San-Antonio que depuis sept ou huit ans. Ça m’est venu à l’époque où j’écrivais « Testicules » (paru aux Éditions de l’Épure fin 2005). Cherchant à collecter le maximum de termes pour évoquer ces virils attributs, je m’étais dit que, forcément, j’allais en trouver dans les San-Antonio. Comme quoi, les clichés ont la vie dure. Pourquoi avais-je alors cette image réductrice des San-A. ? Du genre : auteur de polars grivois parlant surtout de cul. À cause de ce que les médias en disaient ? Certes, des mots pour surnommer les couilles, roustons et autres roubignoles, « fectivement », j’en ai trouvé pléthore dans la saga, tous plus savoureux les uns que les autres, d’ailleurs. Mais j’ai trouvé tant tellement plus. Un regard si affûté et si juste sur le monde, sur cette société qui nous baise avec notre propre assentiment, sur cette vie que nous laissons filer sans la vivre, sur la connerie ambiante (même la mienne, l’auteur ne cessant de prendre son lecteur à partie), et surtout sur cette désespérance qui ne peut que nous habiter (et bités, nous le sommes profond), que nous inciter à l’autodérision et à la tolérance. La quintessence de la vie et de ses pouilleries. Un vrai précis de philosophie désabusée. Mais tout ça torché en nous faisant marrer de la première à la dernière ligne. Avec une langue éblouissante d’invention et de vigueur. Qui plus est, truffée de références culturelles et de messages subliminaux qui ont la pudeur d’être en filigrane, histoire de ne pas faire tartrer le lecteur. Que même, on pourrait en laisser passer. Que même, on en laisse passer. Et que c’est tant mieux car, du coup, tu t’en reprends plein les badigoinces à chaque relecture.
Donc, coup de foudre entre Sana et moi. Mais sans exaltation. Seulement le sentiment de marcher enfin à l’amble avec un compagnon tant attendu.
Et puis, bien sûr, moi qui écris des livres de cuisine un peu décalés — en ce sens que ce ne sont pas seulement des livres de recettes —, je n’ai pu rester insensible au fait que la bouffe soit omniprésente dans la série. Et que San-A ne se contente pas, lui non plus, d’inventorier des recettes. Il joue avec la nourriture pour faire de la chère la chair de ses mots. Ainsi, il fait une utilisation pléthorique de mots, de termes ou d’expressions appartenant au registre culinaire — la prolixité des métaphores culinaires est particulièrement époustouflante —, mais qu’il détourne en vue de reformulations sémantiques, de développements inattendus, de digressions et de transgressions dont lui seul a le secret, mais qui ont l’heur de tomber toujours à propos. Il n’est pas non plus anodin que chaque personnage offre un profil culinaire particulier. Tout cela revêt une symbolique profonde et profondément passionnante. Enfin, San-A jette aussi un œil perçant sur l’évolution des mœurs culinaires dans notre société, notamment dans la restauration. Un regard qui fait de lui un témoin unique, souvent visionnaire.
Depuis quelques années donc, depuis cette rencontre san-antonienne, choc frontal qui s’est rapidement mué en promenade d’agrément, à l’instar de Bérurier, je suis devenue boulimique. Non que mes repas soient devenus pantagruéliques — quoique j’aie naturellement un faible pour les ripailles rabelaisiennes — mais parce qu’il me reste tant à lire ! Et, comment dire ? tout ce que je n’ai pas encore lu, j’ai le sentiment que ce sont des lettres qui me sont adressées. À moi, personnellement. Et je vous le demande ? Peut-on laisser en plan les lettres d’un ami sans les lire ? Non, n’est-ce pas ? Alors, je dévore.
Quant à ce livre que j’ai eu envie de faire, eh bien, il s’est imposé de lui-même. Comme un clin d’œil, comme un écho, comme un jeu de miroirs complice. Comme un hommage sûrement.
Version co-édition Fleuve Noir/L’Épure
Tout ce que tu dois savoir sur ce book de A jusqu’à Zob !
Préalavement (les amuse-gueule)
• Tout ce que tu dois savoir sur ce book de A jusqu’à Zob (Sommaire)
• Signé Bertaga (Préface de Berthe Bérurier)
• San-Antonio et moi, émoi, émoi (Avant-propos)
• Profilage (Profil alimentaire de San-Antonio)
La tortore
• Les bons petits plats de Félicie
• La bectance et la cuistance des Bérurier
• San-Antonio casse la croûte avec son équipe
• Quand San-Antonio croque en solitaire
• Quand un poulet sort une poulette (Sana et ses nanas)
• Quand San-Antonio clape chez des tiers
• La jaffe des enquêtes à l’étranger
La picole
• Du comptoir à la cave
N’encore un peu de rab (de lapin)
• Délices cul…inaires, façon San-Antonio
• Pastiche (51) d’un menu, façon Bérurier
Table des matières
… pas encore fécales, mais ça va viendre !
• Par le menu
Table des recettes par chapitres
• On remet le couvert
Index général des recettes
• Thank you very muche
(Remerciements)
• Fin finale
PRESS BOOK
Et cerise sur le gâteau, voici la critique de Gilles Pudlowski dans le Le Point de cette semaine (n° 2117, 11 avril 2013) :
Merci Gilles !
BV
San-Antonio se met à table
Blandine Vié
Éditions Fleuve Noir/L’Épure
21 €