Quand les moniales de l’Abbaye Royale de Fontevraud buvaient plus de vin que les hommes !

Il fut une époque — au Moyen-Âge — où le vin n’était pas diabolisé !
Surtout pas par l’Église au sein de laquelle il a toujours fait partie de la symbolique et de la liturgie religieuses.
Du reste, vous remarquerez que, contrairement à la gourmandise, l’ivresse ne fait nullement partie des péchés capitaux…
Mieux, ses vertus thérapeutiques étaient recommandées à bien des titres car il était considéré comme un fortifiant.
Ainsi en donnait-on aux malades dans les hôpitaux, usage qui perdurera d’ailleurs jusque dans les années 1950-1960. Mais si, mais si !
Les médecins allaient même jusqu’à conseiller de s’enivrer de temps en temps de manière préventive et on en donnait aussi aux femmes qui venaient d’accoucher pour qu’elles récupèrent vite leurs forces et le sang perdu lors de leur délivrance.
L’abbaye de Fontevraud — qui fut la plus grande abbaye d’Europe, avec quatre prieurés distincts, dont trois féminins, mixité unique en son genre puisque l’ordre fontevriste présentait l’originalité d’être un ordre double composé de moniales et de frères — fut fondée par Robert d’Arbrissel (un religieux original dont j’aurais l’occasion de vous reparler bientôt) mais toujours dirigée par des femmes : 36 abbesses élues à vie s’y succédèrent pendant 7 siècles.
Le vin y était de rigueur comme dans toute les abbayes, la règle de Saint-Benoît — dont l’ordre fontevriste s’inspirait — autorisant 1/2 litre de vin par jour au XIe siècle… et jusqu’à 3 litres au XIVe siècle ! Il n’est pas inutile d’ajouter que le vin de l’époque titrait environ 8°.
Mais la particularité de Fontevraud, c’est que les moniales (75% des effectifs environ) avaient le droit à une double ration de vin par rapport aux hommes, compte tenu des bienfaits du vin et du fait même de leur statut de… (faibles) femmes !