Les Deux Magots, l’indémodable café-restaurant littéraire de Saint-Germain-des-Prés
Un peu d’histoire
Cet établissement mythique qui a joué un rôle important — et joue toujours — dans la vie culturelle de Paris existe depuis 1884 mais le nom du Café Les Deux Magots a pour origine l’enseigne d’un magasin qui occupait jadis le même lieu. C’était un magasin de textiles et on appelait alors « magots » des figurines trapues de l’Extrême-Orient, souvent en jade, appelées ainsi parce que le faciès de ces hommes ressemblait vaguement à celui des singes du genre macaque.
Cependant, ce nom n’est finalement pas si incongru qu’il y paraît. Car lorsqu’on prononce « Saint-Germain », on entend bien « singe ». Qui plus est, Antoine Blondin qui habitait le quartier et en fréquentait assidûment les bistrots est l’auteur du livre « Un singe en hiver », magnifiquement adapté au cinéma avec dans les rôles-titres Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo. Raison pour laquelle, à la mémoire de l’auteur a été créé le « Festival Singe-Germain » par Jean Cormier, son ami journaliste (sportif et politique), lui aussi auteur de plusieurs ouvrages, et qui a eu l’honneur et le privilège de couvrir le « Tour de France cycliste » 37 années de suite dont bon nombre avec Blondin pendant plus d’une vingtaine d’années pour le journal Le Parisien. Lors de ce festival, eut lieu jusqu’à la disparition de Jean Cormier en 2018 le « Marathon des Leveurs de coudes » auquel j’ai eu le bonheur de participer à plusieurs reprises. Mais bien sûr, c’est aussi Aux Deux Magots que se tient tous les ans le premier prix littéraire de l’année. Voilà pour ma tartine culturelle.
Petite précision : je publie ce texte un peu tard suite à un gros bug informatique de quelques semaines doublé de quelques petits soucis de santé ayant nécessité une parenthèse indépendante de ma volonté. Bon, tout est rentré dans l’ordre. Mais pas d’étonnement donc si quelques plats sont un peu en décalage de saison, d’autant que nous sommes passés presque sans transition du très chaud au très froid.
Nous avons pu déjeuner sur la terrasse-jardin, même s’il faisait déjà un peu frais et qu’il bruinait.
Et pendant que nous choisissions nos plats, nous avons bu un très agréable « Spritz Saint-Germain », spritz à la liqueur de sureau. Belle découverte.
En entrée, mon camarade et moi avons choisi la même : des « Asperges vertes mimosa, sauce citronnée » (22 €). Entrée classique, encore de saison donc, très correctement réalisée (bonne cuisson des asperges), et une sauce de sauce citronnée qui ne se parait pas du nom de mayonnaise car elle était en effet plus légère.
En plat, mon acolyte a eu envie d’un poisson, un « Cabillaud façon aïoli, légumes croquants » (32 €) tandis que j’ai préféré une volaille, un « Suprême de volaille fermière (d’origine française) à la citronnelle, riz pilaf » (34 € ), deux plats d’apparence classique mais joliment endimanchés, goûteux, réalisés avec des très bons produits par un chef qui maîtrise décidément bien les cuissons. Qui plus est, la nomenclature des morceaux est respectée — j’avais un vrai suprême dans mon assiette, morceau que l’on sert trop souvent comme un filet sans son bout d’os —, les portions sont généreuses, les garnitures copieuses et les sauces légères. Que du bonheur, donc !
Sur ce repas, nous souhaitions plutôt boire du rouge, aussi avons-nous opté, d’abord pour un sancerre rouge « Domaine des Terres Blanches » 2020 (13 € le verre de 15 cl) sur les entrées, puis pour un hautes côtes de Beaune « domaine Berger-Rive » 2021 (12,5 cl le verre de 15 cl) sur les plats dits de résistance. Accords judicieux sur une carte des vins courte proposée au déjeuner (lunch) mais il existe bien sûr une carte des vins plus étoffée pour les amateurs.
Le temps des desserts étant arrivé, nous avons beaucoup regretté de ne plus avoir assez faim pour piocher dans le somptueuse « boîte » à desserts, présentée par une serveuse avenante, un peu comme autrefois le panier des ouvreuses au cinéma. Si j’ai bien compris, certaines de ces pâtisseries étaient signées de La Grande Épicerie de Paris (15 €) et d’autres d’Arnaud Lahrer (16 €).
Toutefois, mon partenaire s’en est tenu à un Café gourmand (16 €), tandis qu’après avoir longuement hésité entre un baba au rhum et un mille-feuille, j’ai finalement choisi la pâtisserie maison, une « Tarte Tatin chaude façon Deux Magots (15 €) avec crème fraîche (il y a aussi l’option glace vanille). Ponctuation finale très agréable bien que nous étions déjà bien calés (surtout moi qui me suis contentée d’une tisane le soir).
Bien sûr, s’il avait fait plus beau, nous aurions peut-être encore plus profité de ce cadre privilégié, d’autant que l’église Saint-Germain-des-Prés qui donne sur la même place que la terrasse est actuellement en travaux. Mais ne boudons pas notre plaisir, ce fut un très joli moment où non seulement nous nous sommes régalés mais où nous avons aussi apprécié un accueil et un service à la fois diligent, attentionné et souriant. Et ça compte aussi. Une brasserie parisienne mythique qui vaut donc largement le déplacement, que ce soit pour les Parisiens ou pour les touristes.
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Les Deux Magots
6, place Saint-Germain
75006 Paris
M* Saint-Germain-des-Prés
Horaires : 7 h 30 – 1 h
Tél. réservations : 01 48 55 25
Site : www.lesdeuxmagots.fr