Le poulet adultère
Drôle de nom, n’est-ce pas ? Eh oui ! En réalité, cette recette est une recette adultère puisqu’elle en panache trois : le poulet aux aubergines, le poulet aux cèpes (ou aux champignons) et le poulet aux quarante gousses d’ail. Un triangle culinaire, en somme ! Chouette idée de bouquin, la cuisine adultère, pas vrai ? Mieux que la cuisine fusion, non ? 😉 Et au moins, les appellations sont respectées !
Pour tout vous dire, il y a longtemps que j’ai envie de manger un bon poulet. Mais, dans mon quartier, c’est pas gagné. Ils ont tous un teint de porcelaine, sont maigriots comme tout et halal. Moi, j’avais envie d’un bon poulet jaune bien dodu, souvenir de ma tranche de vie landaise. Et puis hier, en faisant mes courses — je précise qu’il n’y a ni boucher ni volailler sur mon marché bi-hebdomadaire —, j’en aperçois un chez mon volailler. Peut-être pas un poulet de ferme comme ceux que je mangeais là-bas mais bien né, bien élevé (en plein air), bien nourri, et tout et tout… Allez, dans mon cabas !
Je me mets illico à fantasmer sur des recettes : poulet aux grenailles ? J’adore mais la tronche de celles que je croise ne me plaît guère. En revanche, une belle aubergine dodue me fait de l’œil et, bien qu’on ne soit que la deuxième quinzaine de juin et que je sois la première à me dire in petto qu’attendre fin juillet serait mieux… je craque ! J’ai tout de même vérifié qu’elle était française. Allez, ce sera un poulet aux aubergines ! Cependant, je n’en ai acheté qu’une, la garniture va être un peu chiche. Bon, des champignons de Paris s’offrent à mon regard et je me dis que c’est la solution : moitié aubergines, moitié champignons. Dommage qu’on ne soit pas en automne : des cèpes auraient été épatants ! Hum… un poulet aux cèpes ! D’ailleurs, faute de cèpes, on cuisine parfois les aubergines « à la trompe-couillons »… et certains s’y laissent prendre, qui n’en mangent pas souvent, sans doute.
Bon, trêves de jaspinage et en cuisine !
La recette
Préparation : 30 min
Cuisson du poulet : 1 h 10 à 1 h 20
Cuisson des aubergines : 40 min
Pour 4 personnes :
• 1 poulet jaune fermier des Landes de 1,200 kg
• 1 aubergine de 400 g
• 500 g de gros champignons de Paris
• 1 oignon doux
• 1/2 tête d’ail rose de Lautrec
• huile d’olive
• 1/2 cuillerée à soupe de piment d’Espelette
• fleur de sel, poivre du moulin
Préchauffez le four à 210 °C/thermostat 7. Installez le poulet dans un plat à four légèrement huilé. Arrosez-le d’un filet d’huile d’olive. Salez à la fleur de sel et poivrez. Enfournez à mi-hauteur et laissez cuire 30 à 40 minutes.
Pendant ce temps, lavez l’aubergine, ôtez son pédoncule et coupez-la en rondelles épaisses, puis recoupez chaque tranche en gros dés. Versez 3 cuillerées à soupe d’huile d’olive dans une sauteuse (ou un wok) et faites-les revenir de tous côtés jusqu’à ce qu’elles soient dorées mais sans plus. Procédez sur feu plutôt doux pour que les aubergines dorent doucement et remuez fréquemment pour qu’elles ne brûlent pas. Ça vous évitera d’avoir à rajouter de l’huile.
Simultanément, pelez et dégermez les gousses d’ail et jetez-les au fur et à mesure dans les aubergines. Pelez et émincez les oignons, ajoutez-les d’un seul coup, mélangez. Si nécessaire, rajoutez un filet d’huile. Mélangez souvent. Coupez les champignons en quatre, ajoutez-les et continuez à faire revenir en mélangeant souvent.
Au bout de 30 à 40 minutes de cuisson du poulet, baissez le thermostat à 180 °C/thermostat 6, retournez le poulet et poursuivez la cuisson du poulet : 1 h 10 à 1 h 20 en tout selon la morphologie du poulet.
En fin de cuisson des légumes, salez, poivrez et parsemez d’un voile de piment d’Espelette, puis éteignez, couvrez, réservez.
Pour servir, réchauffez les légumes pendant que vous découpez le poulet.
Un peu de bla-bla
• On peut glisser du thym et du laurier dans le ventre du poulet. • Pour que le poulet fasse de la sauce — celle qu’on met dans la purée après y avoir fait un trou — on le tartine généralement de beurre, ce que j’avais d’abord fait. Mais je me suis dit — trop tard, il avait déjà fondu ! — que ça n’irait pas avec les aubergines. En fin de cuisson, j’ai bien sûr déglacé la sauce (à l’eau bouillante) mais je ne l’ai pas servie, je l’ai gardée pour une préparation ultérieure.
• On peut rajouter du persil plat finement ciselé aux légumes.
• Par tradition, à la maison, c’est moi qui découpe le poulet et mange la carcasse, ce que je considère comme un privilège ! Ce qui m’a permis de constater que mon poulet était un vrai poulet… avec tout ce qu’il faut pour être adultère ! Et me connaissant comme vous me connaissez, bien sûr, je les lui ai mangés !
Michel Poymiro
19 juin 2015 @ 8 h 42 min
On appelle aussi les aubergines : cèpes du pauvre ; quant au jus, je le réserve pour améliorer un plat de coquillettes…
giobeute
19 juin 2015 @ 15 h 08 min
On m’a tjrs dit d’enfourner un poulet « à froid »?
gretagarbure
22 juin 2015 @ 13 h 31 min
C’est une méthode qui est apparue dans le courant des années 90.
Je la pratique souvent mais honnêtement, au final, je ne trouve pas qu’il y ait de différence, en tout cas en cuisine ménagère avec un four à gaz.