Le père Noël n’est pas d’un or pur !
Bon, d’accord, je veux bien passer rapidement sur les traces de traîneau laissées sur le parquet XVIIIème en chêne naturel à point de Hongrie.
Admettons que, le temps de déposer ses bricoles au pied des sapins, il reste en double file à chacun de ses arrêts, à la fin de la nuit, il aurait facilement accumulé pour 10 à 20 milliards de dollars de PV. Je me mets à sa place, c’est vrai que c’est des sous. Mais de là à ravager les murs du couloir en essayant de faire demi-tour…
Et alors, les crottes de rennes sur le tapis shaggy à poils longs blanc cassé, c’était pas obligatoire.
Surtout qu’un de ces caribous de malheur avait dû brouter des lichens pas frais, du jambon polyphosphaté ou quelque chose comme ça !
En plus, je connais un plaid en cachemire et soie qui se souviendra longtemps que la houppelande rouge pétard du livreur en chef n’était pas grand teint. Quand tu es Père Noël, tu as le droit d’acheter de la qualité, merde !
Là où je deviens assez critique, c’est quand je m’aperçois que ce sans-gêne a déglingué mon magnum de Bollinger RD 96, sérieusement entamé la Gardine 89 qui était prévue sur la volaille et sévèrement secoué le muscat de Rivesaltes 89 (année de naissance de Chloé, la fille de Patrick) envisagée sur le foie gras, servi comme il se doit juste avant la bûche !
Mon impatience enfantine m’avait conduit à faire toutes ces pénibles découvertes en chemise de nuit-robe de chambre, hirsute et mal réveillée.
Mais ce n’est qu’après avoir vainement cherché mes cadeaux que je croyais naïvement cachés comme des œufs de Pâques par le comique barbu, que j’ai réellement commencé à respirer le parfum entêtant de l’arnaque majeure.
Car je venais aussi de me rendre compte que la pintade ne serait pas demi-deuil cette année, les truffes ayant accompagné dans le vide-ordures le crottin de l’attelage, par solidarité peut-être, plus sûrement pour leur ressemblance fâcheuse.
Moi qui comptais régaler Blandine et Patrick en ce déjeuner de Noël ! Et il ne reste presque plus rien à boire ni à manger de festif. Heureusement la garbure est toujours dans le chaudron !
Mais Diou Biban… Que vois-je ? Est-ce possible ?
Ah fainéant ! Ça ne t’a donc pas suffi de vider mes flacons ? Il faut qu’en plus tu me nargues en les cuvant sur le canapé de mon salon ?
Attends, puisque tu aimes les facéties, je m’en vais te raser la barbe avant de te réveiller. La barbe à Papa Noël : ça peut le faire sur e-bay ! On verra si tu fais encore le malin après ça !
Et puis je vais te réexpédier dans ton pôle Nord à coups de pied dans les hottes et crois-moi, même en charentaises, tu vas y arriver plus vite qu’avec ta luge et tes bestioles ! Allez ouste ! Du vent, du balai, de l’air ! Espèce de malotru !
Et ne t’avise surtout pas de repasser l’année prochaine.
Même par la cheminée !
Parce que je te préviens, le feu sera prêt et c’est toi que je ferai rôtir !
Allez ! Dégage, imposteur !
Non mais.
LE PÈRE NOËL N’EST PAS D’UN OR PUR !
GG