« Le loup et la gnôle » : fable des temps modernes
Vous avez tous appris « Le loup et l’agneau » à l’école, l’une des plus célèbres fables de La Fontaine.
Parce que j’aime bien jouer avec les mots, je l’ai « revisitée » à ma façon !
J’espère que cela vous amusera.
Pour ceux qui voudraient se remémorer la version originale, la voici :
Et voici la mienne :
LE LOUP ET LA GNÔLE
La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l’allons montrer tout à l’heure.
Un Agneau se désaltérait
En léchant, d’un fût trouvé dans un hangar,
Une étroite et longue ébréchure
Par où suintait une eau bizarre,
Bien meilleure que celle de l’abreuvoir,
Et lui donnant, de plus en plus, l’envie de boire.
Un Loup survint à jeun qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi pour faire ce chapardage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité
Si jamais te surprend le fermier !
Et puis quel intérêt à boire de l’eau
Stagnant dans un tonneau
Alors que la rivière coule à proximité ?
— Sire, répond l’Agneau, que votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu’elle considère
Qu’ici, en me désaltérant,
Je ne la prive pas du courant
Qui, plus de vingt pas au-dessous d’Elle,
Coule pur et frais, tel une jouvencelle.
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne la prive de boisson.
— Tu me troubles, reprit cette bête cruelle.
N’aurais-tu point quelque chose à me cacher ?
Si tu ne me dis pas le secret que tu recèles,
Tu sais que je ne ferai de toi qu’une bouchée !
— Sire ! Mangez plutôt mon frère !
C’est un agneau de lait, il tette encore ma mère !
Mais Loup, je vous en supplie,
Si je vous donne le secret du bonheur,
Me promettez-vous d’épargner ma vie ?
— Parle toujours, espèce d’effronté !
Mais si tu n’es qu’un fieffé menteur,
J’aurai vite fait de te croquer !
N’oublie pas que je suis le Loup
Et qu’il faut que je me venge
Quand on essaye de me berner.
— Loup, je ne me moque pas du tout !
Cette eau que tu me vois lécher,
C’est une eau qui fait faire des rêves étranges !
Les hommes d’ici l’appellent gnôle
Et ceux de la ville eau-de-vie !
En boire, ça rend la vie plus drôle
Et ce qui ne va pas, on l’oublie !
Là-dessus, ils partagent un godet
Et de fait, deviennent copains comme gorets.
C’est depuis lors que le loup et l’agneau
Sont devenus deux petits loups-bars
Sans autre forme de procès.
Ils ont ouvert ensemble « Le loup et la gnôle » !
On y mange, on y boit et qu’est-ce qu’on y rigole !
Moralité :
De La Fontaine coulait de l’encre… et de l’eau,
S’il avait bu plutôt du marc,
Parions qu’il aurait eu encore plus de succès !