L’apanage : rien qu’un bout de pain ?

On emploie souvent — toutes proportions gardées — l’expression « c’est l’apanage de… » pour signifier qu’il s’agit d’un privilège.
Même si, depuis la nuit du 4 août 1789, tous les droits et privilèges féodaux ainsi que tous les privilèges des classes, des provinces, des villes et des corporations sont censés avoir été abolis.
Ah bon ?
Historiquement, l’apanage — car le mot remonte à avant la Révolution — c’était une portion du domaine royal que le roi assignait à ses fils puînés ou à ses frères, donc à des princes ou à des pairs, et qui faisait retour au domaine si son détenteur mourait sans héritier direct mâle. Autrement dit, le bénéficiaire avait la jouissance du domaine foncier de son vivant mais pas la propriété s’il n’avait pas de fils.
Par extension, l’apanage désigne un bien exclusif, un attribut, un privilège concernant une catégorie de personnes. Par exemple : la vente des biens immobiliers est l’apanage des notaires.
Ou encore : « Le cocuage est naturellement l’un des apanages du mariage » comme nous le rappelait (déjà) Rabelais !
Mais l’amusant dans l’histoire, c’est la formation du mot apanage. Car il vient de l’ancien français « apaner », dérivant lui-même du latin médiéval « apanare » signifiant « donner du pain », d’où doter !
Car tous ces mots ont pour origine le mot latin « panis »… ni plus ni moins que du pain !