HELP (I need somebody help !) ou le mythe de Faust interprété (en musique) par Jean-Michel Weil

C’est aujourd’hui le 15 février, date symbolique puisque dans l’Antiquité, étaient fêtées ce jour-là les Lupercales, grandes fêtes païennes de débauche dont je vous conterai un jour l’origine. Mais c’est aussi le jour qu’a choisi l’Église pour fêter les Faust, Faustin et Faustine. Enfin, accessoirement — mais cerise sur le gâteau tout de même —, c’est aussi mon anniversaire et, comme vous le savez, étant éprise de symbolisme, le mythe légendaire de Faust m’est cher. Vendre son âme au diable, quelle tentation !
Je me suis donc dit que c’était l’occasion où jamais de me faire un cadeau — et à vous aussi par la même occasion — en vous parlant d’un roman qui, non seulement revisite le mythe de Faust mais qui plus est, a été écrit par un ami dont je ne vous ai parlé qu’une seule fois sur Greta Garbure, et encore, discrètement et à son insu pour vous révéler ses talents de cuisinier. Ceux que ça amuse pourront relire l’article plus bas.
Entre autres choses — car c’est un homme-orchestre ! — Jean-Michel Weil est auteur de bandes dessinées, de scénarios et, depuis une quarantaine d’années, il a produit des court-métrages, documentaires et plus de 400 films publicitaires.
Mais parallèllement à ces activités, il est le leader, chanteur et guitariste du groupe de rock’n’roll Rodéo Drive qu’il a créé voici 30 ans — et qui vient d’ailleurs de fêter ce trentième anniversaire le 6 février dernier — et dont ma grande copine Brigitte Chamarande — elle, vous la connaissez, elle m’accompagne de temps en temps dans mes escapades gourmandes — est la chanteuse (tout en étant également comédienne). Eh oui, mes copains sont bourrés de talents !

Tout ça pour vous dire que Jean-Michel Weil, la musique… il la connaît !
Il était donc tout naturel que son roman se passe dans cet univers. D’autant que, il faut bien le dire, Jean-Michel a la nostalgie des années 60. Mais attention, pas une nostalgie larmoyante du genre « c’était mieux avant ! », non ! Une belle nostalgie qui ressemble à un devoir de mémoire car les belles choses, les belles musiques, les belles rencontres, les belles lectures, tout ce qui a contribué à enrichir et à enluminer notre vie, il ne faut pas le laisser derrière soi mais au contraire, en faire un chemin de vie.
Ce court roman (99 pages) m’a beaucoup plu, vous l’aurez déjà compris. Et ce n’est pas parce qu’il a été écrit par un copain.
D’abord, le pacte avec Faust — jamais nommé dans le texte — est très subtilement amené. Aucune redondance avec ce qui s’est déjà fait mille fois, dans la littérature, au cinéma, au théâtre et même dans la chanson. David, le héros de cette histoire ne comprend pas tout de suite la proposition qui lui est faite, sans contrat autre que moral, même si un papier est signé, dans des circonstances troubles. En quelque sorte, il la subit, mû par sa passion de cette musique qu’est l’arrivée du rock’n’roll dans le Paris des années 50 et derrière laquelle se cache un nouveau style de vie, une société nouvelle. Car ne nous y trompons pas, ce roman, c’est aussi l’histoire d’une décennie où le monde a radicalement changé.
Le fil conducteur, c’est en quelque sorte un pari. Peut-on refaire sa vie en réussissant là où l’on a échoué la première fois, mais au détriment de la morale et des gens que l’on aime ? Ce n’est pas seulement un récit linéaire car le dédoublement de la personnalité de David — celui qu’il est en réalité et celui qu’il est devenu presque malgré lui — est une chouette trouvaille, la confrontation entre ses deux « moi » étant quant à elle un tantinet immorale, mais savoureuse.
Je n’en dirai pas plus et resterai à dessein sybilline car l’intérêt, c’est quand même que vous lisiez le roman par vous-même.
Si vous aimez la musique, les variétés et le rock’n’roll de ces années-là, vous passerez de toute façon un bon moment.
Mais cela pourrait aussi vous chatouiller les méninges et vous dire, comme moi : « Que voilà un beau roman initiatique ! »
Quant au beau dessin de la couverture, il est également de Jean-Michel. Je vous disais bien que c’était un homme-orchestre !

Help
(I need somebody help !)
roman
Jean-Michel Weil
Éditeur Les impliqués, diffusion L’Harmattan
Prix : 12,50 €
Édition papier et édition numérique.
Blandine Vié
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