Deux immenses vignerons !

Il y a des routes qui se croisent dans des circonstances improbables, des êtres qu’on frôle sans les apercevoir et puis, au contraire, des chemins à peine balisés qui mènent à des évidences. Cette photo en est l’illustration : deux vignerons, deux familles de vins qui auraient pu ne jamais se rencontrer et moi ne pas les voir.
Pourquoi, comment suis-je un jour tombé sur Élian Da Ros et ses vins ? Aucune idée ! J’ai seulement le souvenir d’avoir retenu un début de parcours réussi et le goût affirmé de sortir des vins différents grâce à des méthodes et moyens qui se pratiquaient peu à l’époque. Le choix de la biodynamie démontre une exigence et celui de la remise à l’honneur du cépage abouriou une volonté de faire des vins de l’endroit où ils naissent. J’ai suivi les avancées d’un vigneron et de ses enfants. Année après année et jusqu’à aujourd’hui, leurs mérites se font de plus en plus éclatants.
Dans une autre vie, une belle rencontre de plus se fit quand je dégustai pour la première fois les vins de Christian Chabirand dans le cadre du salon d’Angers il y a déjà plus de 10 ans. Ce jour-là, il m’a fait goûter des vins que je ne connaissais pas. Cette région du bas Poitou n’était pas réputée pour en produire d’aussi denses, construits, charnus mais aussi ciselés, complexes et fins. Alors, je lui ai acheté des flacons de sa jolie cuvée « Bellae Domini » 2003 et quelques années plus tard, je suis allé chez lui à Vix et j’ai retrouvé un homme plus que jamais assuré d’aller dans la bonne direction, ayant franchi les étapes nécessaires à son épanouissement personnel, toujours aussi amoureux de la femme, de l’opéra, de la littérature, de ses vignes nourries aux cailloux, de ses raisins volés aux oiseaux, de ses vins nés dans la rage et le ravissement de bien faire. Une belle personne comme disent les ados. Mais surtout un homme rare dont on devine qu’il fait partie d’une élite, de ceux qui font des « vins d’auteur », des vins qui ne ressemblent pas aux autres, des vins sensibles qui parlent de lui.
Lire ici : http://gretagarbure.com/2015/02/18/jeux-de-quilles-10/
Aussi, rencontrer à nouveau ces deux lascars m’a chaviré. Pouvoir figer cet instant de complicité dans un environnement aussi ingrat qu’un salon surpeuplé fut une chance et croiser nos regards un privilège.