Belles épousailles d’un coq au vin avec deux cuvées de Moulin-à-vent du Château du Moulin-à-vent

On est en hiver et les plats mijotés en sauce sont de saison. Aussi, le Château du Moulin-à-Vent (Édouard Parinet) a eu l’idée de faire une expérience insolite avec deux de ses cuvées, conjointement à la Ferme de la Ruchotte (Frédéric Ménager) dont la réputation n’est plus à faire. Et c’est une réussite !
L’idée, c’était d’harmoniser deux cuvées avec un plat de terroir : le coq au vin. On le sait, le coq au vin peut se faire avec des vins différents et il y a eu moultes querelles (que je n’évoquerai pas ici) quant à son origine. Une recette réputée se fait même avec du vin jaune. Quant à la déclinaison avec un cru du vignoble du Beaujolais, elle est parfaitement légitime. Édouard Parinet et Frédéric Ménager sont même allés plus loin qu’un simple accord mets/vins puisque les coqs ont été cuisinés avec des moûts de 2019. J’ai eu la chance de pouvoir goûter la recette cuisinée par Fred Ménager accompagnée par deux cuvées de moulin-à-vent du Château du Moulin-à-vent, vrai privilège que je savoure à son juste prix car il ne s’agit pas d’une offre commerciale, ce qui est d’ailleurs fort dommage !
Mais passons à la dégustation




J’ai réchauffé le contenu du bocal et j’ai servi le coq avec des tagliatelles à l’épeautre et aux châtaignes.
Appétissant, non ?
Et le lendemain, j’ai fait cuire des penne que j’ai versées dans la cocotte pour réchauffer le tout.

Et c’était tout aussi gourmand !
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Les vins

En préambule, je dirais que 2018 fut une très belle année dans cette partie du Beaujolais, avec une belle maturité des raisins, ce qui a par conséquent donné des vins puissants et équilibrés. Ce sont deux cuvées 100% gamay qui tirent toutes deux 13°. Ce sont des vins de garde qui peuvent attendre jusqu’en 2030.
Château du Moulin-à-Vent, sélection parcellaire « Les Vérillats » 2018

Cuvée issue exclusivement du climat « Les Vérillats » (4,41 ha), à 300 m d’altitude, aux sols granitiques spécifiques : gohrre (qu’on appelle aussi arène ou gore), soit 60 cm de sables granitiques grossiers, poreux et meubles ; et sous-sols (roche mère) riches en manganèse et en oxydes métalliques.
Les vignes — 65 ans d’âge, 10 000 pieds à l’ha — sont exposées plein est, dans le couloir des vents puissants qui soufflent sur la parcelle et qui ont un impact déterminant sur l’état sanitaire du vignoble, la maturation et la concentration des raisins.
Le rendement est de 30 hl à l’ha. Les vendanges sont manuelles et ont été faites en bacs de 30l avec une table de tri avant l’égrappage (73% de grappes entières). La pré-fermentation a eu lieu à froid, l’extraction a duré 3 semaines.
Le vin a été élevé partie 70% en cuve et 30% en fûts (pas de fûts neufs), l’élevage a duré 12 mois pour les fûts et six mois en cuve.
Sa robe est couleur rubis tirant sur le grenat et son nez évoque majoritairement les fruits rouges et noirs bien mûrs avec une très légère fragrance de poivre.
En bouche, il a un fruité très agréable. Il est ample et juteux avec de l’énergie, de la tension, de la présence mais aussi de la subtilité.
Il répond sans agression à la virilité du coq comme il le ferait avec du gibier, du perdreau, des tournedos Rossini (la truffe ne lui fait pas peur) et même un plus rustique chou farci.
Prix : 28 €
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Château du Moulin-à-Vent, sélection parcellaire « Champ de Cour » 2018

Cuvée issue du climat « Champ de Cour » (3,285 ha), à 220 m d’altitude, terroir en très légère pente au pied du massif granitique sur lequel se trouve le moulin, sur des sols granitiques et profonds, riches en argile. Les vignes (35 ans d’âge, 10 000 pieds à l’ha) sont exposées plein est mais à l’abri des vents.
Le rendement est de 34 hl à l’ha. Les vendanges sont manuelles et ont été faites en bacs de 30l avec deux tables de tri avant l’égrappage (70%). La pré-fermentation a eu lieu à froid, l’extraction a duré 3 semaines.
Le vin a été élevé partie 80% en cuve et 20% en fûts. L’élevage a duré 12 mois pour les fûts et six mois en cuve inox.
Sa robe est rubis sombre, opaque. Son nez exhale des arômes prononcés de fruits rouges bien mûrs (cerises noires) qui se conjuguent avec le poivre, des épices douces et un soupçon de fumée. Il a plus d’opulence que son rival, avec un peu plus de matière (mais sans lourdeur), un léger boisé non agressif et des tanins plus présents mais qui s’adoucissent en finale (surtout après un peu d’aération), comme poudrés. C’est un vin mâle civilisé qui ne refuse pas le combat de coq dans l’assiette. Il pourrait tout aussi bien accompagner des plats à fort tempérament : belles pièces de bœuf, lièvre à la royale et même venaison.
Prix : 30 €
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Alors ? me direz-vous. Quel fut mon choix préféré ?
Eh bien, entre les deux, mon cœur balance car il n’y a eu faute nulle part.
Disons tout d’abord que ce sont deux vins qui ont de l’entrejambe et que les deux absolument, ont escorté le coq au vin avec panache.
Avec la cuvée « Champ de Cour », à la matière un peu plus charnue, j’ai trouvé qu’il y avait dans l’accord un petit supplément d’âme.
Non pas parce qu’il allait mieux avec le coq au vin proprement dit — la première cuvée s’harmonisait tout aussi bien — mais mais parce qu’il y a eu un jeu avec les châtaignes de la garniture, leur douceur apportant un contraste dynamisant — comme dans un couple avec deux caractères bien trempés — à l’ensemble. Ce n’est évidemment qu’une appréciation personnelle. Et cela eut pu être le contraire avec une autre garniture.
En tout cas, je vous conseille de les carafer tous les deux à l’avance pour qu’ils s’expriment pleinement.
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Château du Moulin-à-Vent
4, rue des Thorins
71570 Romanche-Thorins
Tél : 03 85 35 50 68
Site : chateaudumoulinavent.com
Frédéric Ménager
La Ferme de la Ruchotte
21360 Bligny-sur-Ouche
Tél. 03 80 20 04 79
Site : auberge@la ruchotte.com