Parisiens, restez vivants !
Allez au restaurant ! Vite !
Il y va de VOTRE avenir !
Les événements du funèbre vendredi 13 nous ont tous bouleversés. En France et jusqu’au bout du monde. Mais ce sont évidemment les Parisiens qui ont été le plus touchés, dans leur quotidien. Moi-même, depuis presque un an, j’étais en contact professionnel avec l’une des victimes du Bataclan, chargée de réceptionner mes articles dans l’un des magazines pour lesquels j’écris. Elle avait 24 ans.
Au lendemain, de ces attaque sauvages, tout le monde a parlé de RÉSISTANCE ! Les réseaux sociaux ont fleuri de messages offensifs : « La France est le pays de la gastronomie, on aime sortir dîner entre amis, boire un verre en terrasse, écouter de la musique, baiser ! On est libre ! Et on va le rester ! Tous aux terrasses ! »
Mais la réalité est tout autre.
Et je vous le dis, ce jour-là, il n’y a pas eu que 130 victimes. Même si celles-là — et leur entourage — ont souffert dans leur chair. Plus que de raison. Mais il y a eu aussi beaucoup de dommages collatéraux. BEAUCOUP !
Car au-delà des vœux pieux et des mots vertueux, quinze jours après les attentats, la réalité est patente : les gens ne sortent plus et les restaurants sont vides ! Particulièrement dans les 10e et 11e arrondissements qui ont été la cible des terroristes.
La restauratrice Flora Mikula que je connais depuis des lustres et que j’ai récemment interviewée pour le magazine dont je vous parlais plus haut voit son auberge du boulevard Richard Lenoir désertée. Ce même boulevard — pas si loin de chez moi — où je fais mon marché de temps à autre parce qu’il est épatant. J’ai même incité un restaurateur du quartier à fréquenter son poissonnier. N’est-ce pas, Pierre ? C’est pareil pour de nombreux autres établissements, notamment dans ce quartier de Paris.
Pire, j’étais conviée ce vendredi 27 novembre à un déjeuner de presse chez Viande & Chef (Benjamin Darnaud), rue de Lancy dans le 10e. À deux pas de la tragédie ! Mais ce déjeuner a été annulé. Ou plus exactement reporté à une date ultérieure. Le prescripteur — une maison de vins bordelaise (5 propriétés) — cherche un autre lieu où l’on mange de la bonne viande car il ne veut pas que la promotion de ses vins ait lieu dans « un quartier tragique ». No comment !
Alors oui, moi qui, avec Patrick, vous parle de restaurants à longueur d’année, mon rôle — notre rôle — est aussi de défendre les tables en difficulté quand ce n’est pas parce que la cuisine y est médiocre. Car comment ces enseignes vont-elles survivre si nous ne les aidons pas en allant nous asseoir à leurs tables ? Je vous parle là d’une réalité économique ! Dans un pays où elle n’est déjà pas très brillante.