Notre calendrier de l’Avent – Jour 24
Fenêtre du 24 décembre :
Le symbolisme de la place du pauvre
n’a pas le sens que l’on croit !
Dès que s’ouvre la première petite fenêtre du calendrier de l’Avent, quatre dimanches avant Noël, nous voici plongés dans une rêverie magique, dans un rituel de traditions qui ont souvent perdu leur genèse religieuse pour n’être plus que gestuelle païenne.
Et Dieu sait (et c’est plus que jamais le cas de le dire) si cette fête-là a perdu de son « mystère » primitif (au sens médiéval du terme, lorsqu’il se tenait sur le parvis des églises) et si son symbolisme est surtout devenu commercial.
Mais l’histoire n’étant qu’un perpétuel retournement des valeurs, ce n’est peut-être que justice puisque les coutumes chrétiennes se sont elles-mêmes calquées sur des rites païens.
Toujours est-il que la coutume de « la place du pauvre » s’est perdue. Car quel riche met encore un couvert supplémentaire pour le mendiant de passage, même s’il se préoccupe tout le reste de l’année du Tiers-monde et des causes perdues (il est vrai que c’est déductible des impôts) ?
Il en est ainsi de presque toutes les coutumes : il arrive qu’au fil des ans, elles perdent leur sens originel.
Ainsi pense-t-on communément que « la place du pauvre » — c’est-à-dire un couvert supplémentaire dressé et une chaise laissée vide pour l’éventuel pauvre de passage — est un acte spontané et généreux qui relève de la charité chrétienne.
C’est en fait une acception tardive d’une tradition héritée des civilisations méditerranéennes et qui consistait à rendre hommage aux ancêtres défunts, aux proches décédés, à honorer le souvenir des parents disparus.
Coutume qui pouvait aller jusqu’à porter des bougies et de la nourriture sur les tombes (chez les orthodoxes).
Autrement dit, d’avoir une pensée pour tous les absents en ce jour de fête.
Cela dit, c’est un joli symbole que de vouloir accueillir un pauvre à sa table le soir de Noël. Mais toutefois, plus un beau geste virtuel qu’une réalité car le plus souvent, la chaise et l’assiette restent vides.
Ne condamnons pas pour autant cette débauche alimentaire au moment des fêtes. Car malgré tout, dans notre société de consommation, voire de surconsommation, où nombre d’entre nous ne manquent pourtant plus de rien, surtout dans le domaine alimentaire — bien que la crise balaie ces certitudes — nous avons calqué nos propres fantasmes de luxe et d’abondance sur ces offrandes païennes et ces symboles religieux.
Bien sûr, foie gras, dinde aux marrons, bûche de Noël, chocolats, marrons glacés, champagne et vins fins ne symbolisent plus guère notre foi religieuse.
Ils sont bien plutôt le symbole de notre foi en la réussite sociale qui nous permet de nous payer toutes ces bonnes choses et, en ces fêtes de Noël (24 et 25 décembre), d’exorciser cette peur ancestrale de manquer — la peur de la disette — toujours ancrée quelque part au fond de nous, en nous permettant de déifier sans scrupule, une fois l’an, la bonne chère !
mascoris
24 décembre 2013 @ 8 h 37 min
Un vrai bonheur ces petites leçons d’histoires et de traditions Blandine, et Patrick n’est pas en reste pour animer ce joli blog, il fait partie de ceux qui me manquerait vraiment si vous ne l’aviez pas créé ! merci à vous deux et joyeuses fêtes !
Véro