Moi aussi, je vais ramener ma fraise !
Mais pas importée d’Espagne !
Brillat-Savarin — qui je crois, a emprunté la formule à Érasme, tout comme La Fontaine avait puisé son inspiration chez Ésope — a eu bien raison de nous faire cadeau de cet aphorisme : « Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es ! »
J’ajouterais : les dealers de malbouffe ont bien raison aussi de continuer à vendre leurs produits hors saison et toutes leurs saloperies assimilées ! Car, croyez-moi, vu le nombre de « clients » potentiels, ils n’ont pas fini de s’engraisser !
Parce que lorsqu’on voit le nombre impressionnant de gâteaux à la fraise — fraisiers en tête — qui déferlent sur Facebook depuis une semaine — en moyenne deux ou trois par heure —, postés par des gens censés être des passionnés de cuisine et de bons produits, y a vraiment de quoi s’interroger !
Et si jamais on le fait remarquer, on se fait quasiment agresser !
Comme je l’ai été il y a quelques jours, avec une mauvaise foi patente et des arguments d’une pauvreté intellectuelle rare.
Je vais finir par croire que la vraie bonne cuisine et les produits authentiques, c’est réservé à une élite !
Non pas à une élite de riches…
Ni même à une élite d’initiés…
Non ! Tout simplement à une élite de gens censés !
Parce que je vous le dis, le bon sens est en train de se perdre !
Quant à vous, amateurs à la noix, continuez à manger — et même à vous empoisonner car elles sont bourrées de pesticides — des fraises importées d’Espagne ou du Maroc, ou forcées en serre, encore vertes près de la queue, cotonneuses ou aqueuses, souvent creuses, en tout cas insipides en mars !
Des vertes et des pas mûres… forcément !
La saison des fraises en France, c’est à partir de mai (à la rigueur fin avril pour les précoces ou si la météo a été plus chaude que la normale) et jusqu’en automne pour les variétés remontantes !
Mais si vous êtes totalement indifférent au bilan carbone et à la communauté et que vous croyez pouvoir continuer longtemps à faire venir en avion vos haricots verts du Kenya et vos asperges du Pérou tout en pensant que ces pratiques peuvent être durables, vous vous trompez ! Mais chacun fait ce qu’il veut, n’est-ce pas ?
Crévelier
24 mars 2014 @ 7 h 40 min
BRAVO !!!
Nicole Durand
24 mars 2014 @ 7 h 41 min
Je suis entièrement d’accord ..j’attends pour manger des fraises et tous les fruits et légumes de saison …Mais je veux vous dire que les pommes du Limousin sont traitées+de 60 fois avant d’être cueillies. J’habitais au milieu de pommerais .!!!!
Magali Kunstmann
24 mars 2014 @ 9 h 05 min
Complètement d’accord avec toi. Mais la fraise de mars-avril ne vient pas uniquement du Maroc et d’Espagne. En France aussi, les premières fraises du Lot-et-Garonne ont pointé leur nez, les « Fraises Label rouge » (http://fraiselabelrouge.fr). J’en ai mangé la semaine dernière. Pas aussi gouteuses que celles de mai dont on se délecte directement au potager mais pas non plus immangeables. Et après la discussion que j’ai eu avec le représentant de l’Association Interprofessionnelle de la Fraise du Lot-et-Garonne, je dois dire que mes grandes théories sur la fraise à cette saison ont bien vite été démontées et que je ne savais plus quoi penser de tout ça. Ce Monsieur m’a d’abord confirmé que les fraises de cette région étaient produites en tunnel ou sous serre (mais non chauffées donc à terre, ma théorie sur le gâchis d’énergie lié aux serres) et en terre pour les protéger des gelées matinales et retenir la chaleur du soleil ou hors sol, ce qui (contrairement à mes convictions) permet de ne pas traiter, ou quasiment pas, car les fraises ne sont pas attaquées par des nuisibles et d’arroser moins car l’eau ne s’éparpille pas dans la terre, là où il n’y a pas de fraisier.
Alors même si je reste convaincue que la fraise de pleine terre murie au soleil est bien meilleur de goût, que penser de ces productions françaises et labellisées ????
by acb 4 you
24 mars 2014 @ 10 h 29 min
Moi aussi je me suis étonnée de tous ces gâteaux à la fraise dès début mars. Que penser des fraises Gariguettes d’Aiguillon? Elles sont françaises certes sous serre mais ont les pieds en terre en jardins suspendus. Je me suis laissée séduire mais ai-je été abusée et mangé des pesticides?
Bonne journée, j’aime toujours autant vous lire dès le matin!
Annie cb
Danièle Maitreau
24 mars 2014 @ 11 h 59 min
EXCELLENT !!!!!!! Entièrement d’accord et vraiment déçue par une bonne majorité de personnes qui ne respectent pas les saisons et ne veulent pas entendre raison … En tout cas merci pour ce coup de sang !!!!!!!
Anna (La cuisine d'Anna et Olivia)
24 mars 2014 @ 12 h 10 min
Merci pour ce chouette billet plein de bon sens…
Benjamin
24 mars 2014 @ 13 h 48 min
Cela fait plus d’une semaine que les gariguettes sont de retour sur les étals et elles sont bien françaises, juste cultivées sous serre ce qui n’en change pas pour autant la qualité.
En outre, beaucoup d’arguments ad hominem pour attaquer des gens qui aiment en effet la pâtisserie et la cuisine, ce qui n’implique pas de facto de choisir automatiquement des produits cultivés à côté de chez soi. Les fraises espagnoles peuvent être de très bonne qualité comme les fraises belges qui sont également excellentes.
Il y a des limites dans l’argumentaire du tout local et je gage que si vous suivez scrupuleusement ce que vous dites, vous ne devez alors pas consommer beaucoup de jus de fruit en bouteille, exit tous les produits exotiques au bilan carbone désastreux et évidemment proscrire la consommation de toute viande dont la production, quand bien même elle serait élevée à proximité de chez vous, est extrêmement lourde en matière d’émission de CO2.
Deux poids, deux mesures donc dans vos propos pamphlétaires un peu hâtifs et excessifs il me semble. Votre combat est sans doute fort respectable et vous avez raison de chercher à sensibiliser les pâtissiers à une consommation raisonnée. Néanmoins, je ne pense que ce soit dans l’attaque personnelle et injurieuse, emprunte d’une part d’exagérations et d’omissions fautives non assumées, que vous trouverez votre salut et convaincrez les foules.
Quoiqu’il en soit, à trop agiter le mouchoir rouge devant le nez de passionnés, on risque facilement un retour de corne de leur part. On ne récolte donc que ce que l’on sème et, même si je ne cautionne en aucune façon l’agressivité gratuite, il est assez aisé d’en comprendre la source.
Elo
24 mars 2014 @ 14 h 56 min
Merci, je vous aime, c’est PARFAIT. 🙂
Berthelot claire
24 mars 2014 @ 18 h 42 min
Tellement vrai!
RIEDI
25 mars 2014 @ 10 h 22 min
MERCI!!! je répète ça trop souvent à mon goût. Au monsieur qui nous parle de serres. Il y a serre et serre, les serres classiques, qui n’ont nul besoin d’être chauffées et respectent les saisons, et les serres surchauffées qui permettent aussi la culture hors-sol. Ces fraises viennent donc d’exploitations où on les booste d’engrais et où on leur injecte du glucose. Ce n’est pas une rumeur, mais bien une vérité qu’un ami ouvrier agricole a confirmée. Ensuite, non je ne bois pas de jus de fruits. Je me contente des fruits de saison que me ramène mon mari maraicher bio.
P'tit billet d'humeur | The fisheye of gourmet ...
26 mars 2014 @ 18 h 08 min
[…] Moi aussi, je vais ramener ma fraise ! Mais pas importée d'Espagne ! Brillat-Savarin — qui je crois, a emprunté la formule à Érasme, tout comme La Fontaine avait puisé son inspiration chez Ésope — … […]