Le Reminet, restaurant gourmand du Paris secret (5e)
Très jolie surprise que la découverte de ce petit restaurant au cœur du Quartier Latin, niché dans une ruelle tortueuse entre la place Maubert et la Seine, avec même une vue sur Notre-Dame si on est sur la (minuscule) terrasse. Les gens du quartier ne s’y trompent pas, pour qui c’est une adresse fétiche, les amoureux du Paris secret sont ravis de l’avoir dans leur carnet— d’autant que le restaurant est ouvert le dimanche — et les touristes se promenant là par hasard peuvent y goûter autre chose que de la « cuisine à touristes », une cuisine semi-gastronomique pleine d’inventivité faite avec d’excellents produits par le chef Fabio Andriani. Cuisine qu’il est possible d’accompagner de vins triés sur le volet et le tout pour un prix très accessible eu égard à l’excellence de la table.
L’histoire
Institution du quartier depuis 30 ans, après des travaux, le Reminet est depuis le début de l’année sous la conduite d’une nouvelle direction et d’un nouveau chef.
Raoul Dehé en est le nouveau propriétaire à l’origine de ces changements. Il se définit lui-même comme un « couteau suisse » de la restauration car depuis ses 16 ans, il a expérimenté toutes les facettes de cette profession. Formé à l’école hôtelière puis à l’institut Vatel spécialisé dans la gestion hôtelière, apprenti chez Guy Martin au Grand Véfour, il a aussi été le plus jeune directeur (à 23 ans) de la restauration d’un fast food au Prince de Galles, avec 50 personnes sous ses ordres. Mais désireux de voler de ses propres ailes, il a ouvert sa première affaire en 2009, une sandwicherie de luxe près de la Madeleine. « J’ai quitté l’hôtellerie pour être plus près de mes équipes » confie-t-il. Raoul Dehé est aujourd’hui propriétaire du bistrot gourmand le Bel Ami au Vésinet, ainsi que du Reminet qu’il veut mener au plus haut.
Pour ce faire, Raoul Dehé a confié à Fabio Adriani, jeune chef italien de 35 ans qui était second de cuisine au restaurant italien étoilé du Royal Monceau, les commandes de la cuisine. Après des études de pharmacie pour faire plaisir à ses parents, Fabio est revenu à sa passion de toujours, la cuisine. Formé daans des restaurants étoilés italiens, il a voulu travailler en France, berceau de la gastronomie. Avec sa compagne d’origine grecque et seconde de cuisine, ils réinventent la cuisine française en la mixant avec leurs racines. Et c’est une réussite, une véritable cuisine d’auteur faite de créativité et d’idées qui dépoussièrent complètement une cuisine française revigorée par ses trouvailles sans être jamais trahie.
La table
En entrées, ma camarade et moi avons respectivement choisi un « Tartare de betteraves, mayonnaise à l’amande, coing et grenade » (14 €) et moi un « Poulpe à la catalane,olives de Kalamata, tarama maison et thon séché » (18 €). Deux jolies assiettes pleines de fraîcheur à la présentation soignée et des goûts qui s’associent parfaitement, les uns émoustillant les autres. Très agréable.
En plats principaux, je suis restée sur les produits de la mer avec une somptueuse assiette de « Noix de Saint-Jacques rôties, purée de potimarron, châtaignes et champignons » (32 €), et mon amie a préféré des « Côtes d’agneau à la plancha, mousseline de pommes de terre, beurre à l’ail noir et topinambours braisés » (30 €). Les assiettes étaient généreuses et les goûts magnifiques, avec un vrai talent pour marier les saveurs. Deux plats qui nous ont réjouies, autant par leur beauté que par la précision des cuissons et l’harmonie des sapidités. Sans oublier la générosité des portions.
Pour clore ce joli repas, ma commensale a privilégié l’originalité en choisissant la « Patate douce brûlée, granola maison, glace au yaourt et thym » (12 €), un incroyable dessert très créatif où, une fois de plus, le relais entre les ingrédients était un concert harmonieux entre les saveurs et les textures. Quant à moi, j’ai préféré le traditionnel « Mont-Blanc du Reminet » (14 €), entremets que je chéris depuis l’enfance. Revisité pour lui apporter finesse et élégance ainsi qu’une touche de modernité dans sa présentation généralement assez rustique, nous fûmes toutes les deux enchantées par ces délicieux points d’orgue à notre repas.
Sur ce repas absolument régalant, nous avons bu une bouteille de bourgueil « Nuits d’ivresse » 2020 (48 €) de Catherine et Pierre Breton, vignerons bien connus des amateurs de vins de Loire, qui s’est révélé tel qu’on l’attendait : fruité, gouleyant, tout en finesse et en déliés.
À propos de la carte des vins, je tiens à dire que sans être exhaustive, elle cible dans chaque appellation des domaines reconnus, en France comme en Italie.
Le restaurant est sur deux niveaux : une salle redorée avec un certain cachée et une belle cave voûtée avec tout un pan de mur qui fait office de cave à vins.
Très jolie découverte donc que ce restaurant d’un très bon niveau de gastronomie et dont les formules Entrée + plat + dessert (55 €), Entrée + plat ou Plat + dessert (40 €) sont très honnêtes si l’on considère la qualité des produits, la créativité du chef qui a une personnalité forte quant à ses trouvailles gustatives. Il existe aussi un menu-dégustation en 7 services (65 €).
Sans oublier un service attentif et gentil.
Le chef brigue une étoile et sincèrement, il la mérite.
En tout cas, c’est incontestablement une adresse à suivre !
Le Reminet
3, rue des Grands degrés
75005 Paris
Tél. 01 44 07 04 24
45 couverts sur 2 niveaux
Invitation d’une attachée de presse