Le Ciel de Paris
Le Ciel de Paris
Tour Montparnasse
Paris 15ème
Ne vous le cachons pas, c’est un restaurant à touristes.
C’est même pour ça que nous appréhendions d’y aller.
Et les restos à touristes — vous savez, le genre d’établissements où la cuisine est de grande cavalerie, le service stakhanoviste, et l’addition passée au gros sel —, nous, on n’aime pas.
C’est donc avec quelques réticences que nous nous y sommes rendus. Comme on fait une corvée. Pour voir. Persuadés de passer une soirée pas terrible.
Eh bien, pas du tout !
Ça a même été une bonne surprise !
Le cadre d’abord. Évidemment, la vue « imprenable » sur Paris est magnifique et se suffit à elle-même. Mais l’écrin du restaurant la met admirablement en valeur par la sobriété de son décor au design élégant, sans fioritures. Dans des tonalités de gris et de blond champagne. Des baies vitrées aux grands miroirs, tout est fait pour capter et jouer avec la lumière, les lumières. Même les lustres qui se reflètent dans les vitres comme autant d’étoiles supplémentaires quand le jour tombe, sont raccord.
Certes, il y a deux services : 19 h et 21 h 30. Une vue comme celle-la, ça se rentabilise. Mais jamais on ne vous bouscule — sans doute pressés d’expédier notre dîner, nous avions choisi le premier service — ou on ne vous fait sentir que l’heure tourne et qu’il faut laisser la place aux suivants. Le personnel est souriant, agréable, avenant, prévenant même. Bref, on se sent bien.
Bon, c’est vrai, le touriste est là, omniprésent. La clientèle est à dominante asiatique (80 %). Japonaise, surtout. Mais l’ambiance est très agréable. Juste un peu bruyante parfois quand 14 japonais se mettent à rire en même temps.
Parce que la bonne surprise est là : dans l’assiette !
Le chef Christophe Marchais travaille essentiellement des produits nobles de saison : foie gras, crustacés (homard, langoustine, tourteau), beaux poissons (turbot, bar, daurade royale, rougets-barbets, aile de raie), belles viandes (cœur de filet, filet et quasi de veau, selle d’agneau, ris de veau), belles volailles (poitrine de volaille fermière, pintade). Et c’est drôlement bien fait, avec précision et inventivité. Du classicisme quant à la réalisation, avec juste ce qu’il faut de personnalité pour mettre le produit en valeur sans le défigurer.
Mention spéciale pour les garnitures de légumes bien réalisées et les salades bien triées. Ça peut paraître dérisoire de le préciser, mais la salade dans les restos, surtout ceux qui débitent autant, c’est un test infaillible !
En revanche, très conventionnels, les desserts de Baptiste Methivier nous ont moins convaincus. Ce qui nous laisse sceptiques quant au Bar à Mille-Feuille, l’innovation 2012 de la maison. Mais nous n’avions peut-être plus assez faim. Aussi, reviendrons-nous les goûter une autre fois !
J’aimerais encore ajouter une chose : moi qui suis si tatillonne sur les appellations, on joue ici beaucoup avec le mot risotto. Mais de manière très respectueuse, avec des termes comme « façon risotto » ou « vrai-faux risotto ». Et là, je dis chapeau ! Parce que cette honnêteté est rarissime.
Robe jaune pâle et nez sur les agrumes. L’attaque a la nervosité d’un jeune vin, atténuée par le gras et le fumé d’un élevage en barrique pas encore digéré. En bouche, on croque dans la pomme et les fruits jaunes, et c’est bon. La finale est discrète, c’est de son âge !
Alors bien sûr, les prix sont élevés. Mais, somme toute, nombre de tables parisiennes visant la même cible de clients les pratiquent, à commencer par des brasseries à grandes enseignes où les produits ne sont pas toujours au top, ni le service, ni la convivialité. Et aussi des restaurants « dans la mouvance » où les « cuissons basse température » ne justifient pas toujours les additions mirobolantes.
Au final, nous trouvons donc que cette table est d’une grande cohérence et donne une belle image de la cuisine française.
Menus :
Au déjeuner, très honorables menu 2 plats à 29 € et menu 3 plats à 38 €.
Menu balcon à 65 € (2 plats + fromage ou dessert).
Menu grand écran à 114 € (dîner au champagne à discrétion —Canard Duchêne « Grande cuvée des Lys, Charles VII — avec 2 plats + fromage ou dessert).
Carte : de 65 à 100 € hors boissons.
Invitation d’une attachée de presse.
LE CIEL DE PARIS
Tour Montparnasse
56ème étage
33, avenue du Maine
75015 Paris
Ouvert 7 jours sur 7
145 couverts + 1 petit salon attenant de 36 couverts
Réservation conseillée
M° Montparnasse-Bienvenüe
Tél : 01 40 64 77 64
Blandine & Patrick