La Cicciolina – Paris
La Cicciolina
Trattoria italienne
Paris 11e
Je ne vais pas au restaurant qu’avec Patrick. J’y vais parfois aussi avec un copain (ou une copine). Ce fut le cas pour cet Italien où, pour tout vous dire, je n’avais que modérément envie de traîner mes guêtres à cause de son nom racoleur : la Cicciolina !
Car les plus jeunes d’entre vous ne s’en souviennent peut-être pas mais la Cicciolina fut une actrice pornographique italienne qui commença à être populaire grâce à l’émission « Voulez-vous coucher avec moi ? » sur Radio Luna, qui montrait ses seins à la moindre occasion et qui, profitant de sa réputation sulfureuse, créa le buzz en tentant une carrière politicienne dans les années 80. Du bon goût à la Berlusconi si vous voyez ce que je veux dire.
Au passage, j’en profite pour vous donner une petite leçon d’italien. Car la légende veut que ce surnom veuille dire quelque chose de mignon comme « Chérie-chérie ». Mais que nenni !
Car en italien, « cicciolina », ça vient de « ciccia » qui veut dire « viande » en langage populaire. Un peu l’équivalent de notre « bidoche ». Et « cicciolo », ça signifie « excroissance de chair », et plus précisément « rillon » en boucherie. La « cicciolina », c’est donc un surnom qu’on pourrait traduire par « la bien en chair », la « dodue ». Tout ça à cause de son opulente poitrine. Bref, que de l’élégance et du raffinement !
Nous n’avons pas rencontré le quatuor masculin (Laurent, Thomas, Mickaël et Maxime) à la barre de cet établissement pour lui demander le pourquoi du choix de cette enseigne, mais c’est en tout cas bien en référence à la pulpeuse italienne puisqu’un cocktail de la carte fait référence au vrai patronyme de la dame : Ilona Staller.
Mais heureusement, je ne suis pas blasée et j’ai donc entraîné mon ami Michel dans ce resto du quartier branché d’Oberkampf, côté Ménilmontant. Et ce fut tant mieux ! Car nous avons passé une excellente soirée.
Nous avons dédaigné la salle, gaie avec son olivier en plein milieu, mais un peu bruyante, pour dîner en terrasse… c’est-à-dire sur le trottoir ! Mais la rue est calme pour Paris.
À l’apéro, tandis que Michel a bu un verre de Vermentino (5 €), je n’ai pas pu résister au spritz (6 €), ce cocktail vénitien qui est l’un des rares apéritifs que j’apprécie, surtout quand il fait chaud. D’ailleurs, la soif a fait que je n’ai pas pris la photo…
En antipasti, nous nous sommes partagé une assiette de jambon San Daniele et de mozzarella fumée (14 €) et une salade de poulpe, pommes de terre et tomates (13 €). Je revenais de Sète mais je ne suis jamais rassasiée de poulpe et de céphalopodes en tout genre. Rafraîchissant et très bon. Du coup, j’ai même pas eu envie de râler pour les pommes de terre vitelottes et les fleurs, un rien snobinardes.
Comme il s’agit d’une trattoria, pour le plat, nous avons le choix entre Pasta ou Pizze ! Ce sera un de chaque…
Pâtes « Souvenir de la mer » : tagliolini à l’encre de seiche, crème citron, basilic, noix et salicorne (16 €) ; et « Pizza Valentina » : mozzarella, thon mariné, pignons, oignons rouges, tomates cerises et basilic (16 €). Petite remarque quant à l’intitulé : la salicorne n’est pas une algue mais une petite plante au goût anisé qui pousse sur le littoral, sur les dunes généralement. Les pâtes étaient très bonnes même si, personnellement, je ne les aurais pas associées au basilic et la pizza vraiment délicieuse, aussi bien la pâte que la garniture. Il y avait très longtemps que je n’en avais pas mangé une aussi bonne, c’est vous dire. Mon acolyte approuve.
Impossible de ne pas goûter le gorgonzola — un autre de mes péchés mignons — avant le dessert !
Et pour finir, tarte au citron meringuée (8 €) pour moi et « panna cotta kiwi et menthe » (8 €) pour mon partenaire. Tiens comment se fait-il que j’ai aussi une photo de tiramisù (8 €) ? L’animal serait-il encore plus gourmand que Patrick au niveau des desserts et se serait-il fait apporter un peu de rab ? Il faudra qu’un jour, je tente d’élucider ce mystère : pourquoi les hommes sont-ils si souvent des becs sucrés ?
Bon, j’ai trouvé la meringue de ma tarte un peu trop blonde et trop sèche (je l’aime plus blanche et plus souple) mais la tarte elle-même très honorable. Je n’ai pas goûté les desserts de Michel mais il les a fini tous les deux jusqu’au bout, ce qui est bon signe.
Ne nous quittons pas sans parler des vins auxquels nous avons fait plus qu’honneur ! D’abord à un « Nero d’Avola 2013 de « Terre di Ginestra », un domaine sicilien (31 €) : un rouge au nez de fruits mûrs et de baies rouges, intense, long en bouche, très cerise, avec des tanins très fins, très fondus, tout en souplesse.
Puis avec un « Puglia » cuvée « Primitivo » 2013 des fiefs de San Marzano (34 €), tout aussi fruité et plaisant.
Une carte des vins dans laquelle il fait bon piocher.
Bref, petite adresse très conviviale, moins « bobo » qu’on pourrait le penser au premier abord même si la clientèle est plutôt jeune et le quartier « branchouille ».
Surtout, tout y est fait maison et plutôt bien. Aussi, saluons la jeune chef Rosalia Puglia — et le pizzaiolo — pour cet aimable dîner qui nous a fait passer un très bon moment en Italie.
Dans l’assiette : pas de mauvais goût, que du bon malgré quelques tics décoratifs dont nous espérons que Rosalia saura se débarrasser rapidement !
Saluons également la gentillesse, l’efficacité et le charmant accent (elle est vénitienne) d’Ida qui s’est occupée de notre table avec attention et humour. Et le service, ça compte aussi pour une part dans l’appréciation d’une maison.
Voilà ! Jolie soirée amicale, donc ! On se quitte comme ça ? Non, allez un dernier verre !
Une grappa Poli (5 €) qu’on sirote avec gourmandise en devisant gaiement.
Arrivés tôt, nous avons fait durer le plaisir jusqu’au dernier métro (euh, j’ai quand même raté la correspondance !).
Mais bon, c’est pas tous les jours la Sainte Blandine !
Invitation d’une attachée de presse
Blandine Vié
La Cicciolina
11 Rue Crespin du Gast
75011 Paris
Tél : 01 43 55 70 57
Michel Smith
15 juin 2015 @ 7 h 42 min
Ça m’a l’air bien bon, tout cela. Mais si tu pouvais suggérer à Rosalia (j’adore ce prénom !) qu’elle laisse tomber les virgules et autres points d’exclamation qui composent le décor de ses assiettes, je pense que ça l’aiderait à progresser. Le produit avant tout !
gretagarbure
15 juin 2015 @ 8 h 25 min
Tu as parfaitement raison, Michel. D’ailleurs, j’ai rajouté une phrase à mon papier.
Mais la tentation est grande pour les jeunes chefs de copier les tics qu’on leur apprend à l’école — parce qu’on leur apprend — et dont même des grands chefs ne réussissent pas à se départir.
Gourmandise SF (@nadasto)
15 juin 2015 @ 8 h 29 min
ça m’a l’air bien bon mais je suis toujours effarée par les prix « parisiens » tels que je les lis sur vos photos 😉
Manuel Mariani
5 avril 2016 @ 3 h 38 min
Chère Blandine.
Comme tu t’en doutes peut-être (ou pas ?), je suis un lecteur régulier de ton blog, mais je n’avais jamais prêté attention à ton article sur La Cicciolina. En l’espèce, je n’ai d’ailleurs aucun commentaire à faire sur cette trattoria, car je n’y ai jamais mangé.
J’intervenais juste pour te dire (avec un soupçon de nostalgie) que juste avant ce revival transalpin, cet établissement fut ma propriété pendant quelques années, à l’époque nommée « Histoire de… » : une jolie table fusion, qui revisitait les standards de la cuisine traditionnelle avec quelques pincées d’épices du monde entier, et qui proposait quelques très grandes bouteilles à prix d’ami (genre un Listrac-Medoc, Chateau Lestage 2001 à 20€ la boutanche) dans une extension de la carte des vins intitulée « Carré V.I.P. » (pour Very Important Pinards).
Dès que je commets à nouveau la folie de racheter une auberge, c’est promis : je t’invite avec Patrick !