IL FAUT FAIRE ATTENTION !
Nous ne sommes pas tous égaux ni devant la loi ni dans nos goûts ni dans nos habitudes alimentaires. La corrélation entre ce que nous avons appris à aimer et ce que nous ingurgitons devient porteuse d’inquiétude. Nous ne cuisinons plus, nous n’en prenons plus le temps et, imperceptiblement jusqu’à présent mais très clairement aujourd’hui, nous ne savons plus faire la cuisine de nos parents et surtout, nous n’en avons plus l’ambition. Ce ne serait pas grave si nous respections mieux la nature et la formidable diversité des produits qu’elle nous propose. Mais ne commençons pas à accepter l’inacceptable par une addiction moutonnière.
Il y a ceux qui, légitimement ou pas, estiment avoir la formation, l’antériorité, les compétences ou plus simplement la pratique d’une gastronomie glorieuse (c’est-à-dire nous, les abonnés à www.gretagarbure.com !) et puis il y a les 999 Français représentatifs (eux !) de la population âgée de 18 ans et plus interrogés par la TNS-Sofrès en août 2011 qui dévoilèrent leurs préférences culinaires avec notamment un trio de tête qui peut rendre perplexe : magret de canard, moules-frites, couscous.
Loin de moi, vous me connaissez, l’envie de dire du mal des grandes surfaces qui nous chérissent tant ou des marques exemplaires que sont Mc Cain® et Garbit®. Mais en matière de gastronomie familiale, elles ont surtout le mérite de simplifier la transmission du savoir. Le legs d’ignorance occupera-t-il bientôt à temps complet les clercs de notaires ? Le summum du savoir-faire sera-t-il atteint par le champion de France du panini jambon-fromage ? Savoir beurrer un sandwich rendra-t-il une jeune fille bonne à marier ? Y aura-t-il une épreuve éliminatoire de micro-ondage à l’école Ferrandi ? Extraire un magret de canard sous-vide de sa gangue de plastique pour le déposer dans la poêle vaudra-t-il au maître de maison les hourrahs et les vivats de la famille reconnaissante pour l’étalage dominical de sa science quasi infuse. Déjà, on sait que le 15 août s’annonce quand on fait face à sa quatorzième tomate-mozarelle de la saison. Les œufs durs exigent un temps de cuisson qui excède bien souvent la disponibilité parentale, sans parler de la mayonnaise qui ne peut s’imaginer qu’en tube évidemment ! What else ?
À peine enterre-t-on la cuisine moléculaire dans les restaurants branchouilles que sa petite sœur nous menace à chaque tête de gondole. Oh ce n’est pas de la chimie lourde, juste ce qu’il faut pour avilir nos goûts grâce à ses exhausteurs, ses conservateurs, ses colorants fluos, avec en prime le Monsieur Plus qui nous instille lâchement ses excédents de sel et de sucre qui détruisent les métabolismes les mieux établis. Sans tomber dans le piège d’une « religion naturelle » ou des mythes rousseauistes, il y a sans doute une résistance facilement opposable à tous ces processus appauvrissants.
Il faut commencer par faire attention. Voilà la formule magique : faire attention ! Être l’acteur principal de sa vie, et pas seulement le spectateur hypnotisé devant sa télé qui se fait fourguer du pré-cuit et du pré-mâché. Il faut faire attention à ce qu’on met dans son verre et dans son assiette. Il faut faire attention car on ne peut plus se permettre de se moquer des Américains obèses. Nous n’aurons bientôt rien à leur envier si nous mangeons la même chose.
Au lieu de regarder les p’tits jeunes s’échiner dans « Top Chef » ou « Masterchef » et « Les dîners presque mangeables », il faudrait peut-être commencer à faire quelques courses chez ses commerçants de quartier. À moins que nous n’attendions qu’ils meurent ou ferment définitivement leurs bouclards, ce qui revient parfois au même, à quelques années près.
Alors prenons la peine de choisir nous-mêmes nos bons produits et transformons-les par de simples et bonnes recettes avant que toutes ces saletés nous transforment en vilains vieux.
PdM
Marie-France
10 janvier 2013 @ 13 h 27 min
Question mauvais goût retranscrit par les médias avec force persuasion j’ai été très étonnée de voir hier soir, dans 100 % mag sur M6, une diétécienne venir dans une famille dire que les pâtes à tartiner sont bonnes pour la santé (je fais un raccourci, mais le résultat du test, en gros, c’était ça). On nous a montré d’immondes produits même pas bons pour le chat – je l’aime trop le pauvre, pour lui donner ces saloperies. Et on s’étonne qu’il y a de plus en plus d’obésité en France ! Vous me direz, il faudrait aussi que je change de chaîne télé, car ce n’est pas sur 100 % mag que je vais trouver des infos gastronomiques.
gretagarbure
10 janvier 2013 @ 22 h 46 min
Merci de nous lire, Marie-France.
On aimerait en effet que les chaînes (au moins celles du service public) aient un rôle didactique au lieu de relever des comportements irresponsables pour s’en accommoder aussitôt ou parfois même les encourager !
Mes amitiés à votre chat.
P’tit billet d’humeur |
18 juin 2013 @ 8 h 12 min
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