La cuisine française (French cooking)
J’avais mis de côté deux mails reçus à deux jours d’intervalle : « Save the date » et « Reminder » pour assister à un worshop presse d’une journée, organisé par une agence de communication web print press RP off et on-line, event and marketing, consulting, community management et mediatraining.
Bref, une agence de presse spécialisée — appelons-la la COOK’COOK TEAM — en food, high tech, déco et lifestyle !
Je recevais leur newsletter toutes les semaines qui me livrait leur flux hebdomadaire de fresh news, censée me faire découvrir les nouvelles tendances : the new trends !
Et j’étais plus particulièrement en contact avec leur executive manager. Leur big boss, quoi !
Bon, j’avais déjà participé à des showrooms, mais jamais à un workshop d’une journée entière.
Toutefois, le thème étant « LES DERNIÈRES TENDANCES DE LA CUISINE FRANÇAISE », j’ai voulu tenter l’expérience.
Je vous livre le programme vendu comme « so trendy, so yummy » !
Le matin, nous avons eu un breakfast d’accueil, puis une très sérieuse table ronde pour parler du phénoménal phénomène des food trucks, en train de devenir le must de la street food !
Camions à sandwiches revisités, à hot dogs, à burgers, à bagels, à bocaux.
Je passe sur le débat, assez consensuel, où il ne fut pas tant question de comparer ce nouveau mode de consommation avec d’autres formes de restauration de type fast food — notre coach veillait au grain — mais plutôt de faire part de nos idées pour des food trucks encore plus ludiques : wraps, tortillas, fajitas, pasta, fish and chips ? Pas d’autres suggestions snacking susceptibles de faire le buzz ? Pas de nouveau concept pour améliorer cette « philosophie » du Eat and Go ?
Inutile de vous dire qu’en osant rappeler que le camion à pizza méditerranéen et la plus septentrionale baraque à frites et à fricadelles ch’ti existaient depuis belle lurette, je me suis fait très mal voir…
Après ce premier brainstorming, petit break et petit espresso.
Comme nous avions un road show culinaire récréatif prévu en fin d’après-midi — visite de quelques épiceries tendance dans la capitale —, le deuxième exercice consista à exprimer notre vision d’un shopping corner et à faire la shopping list idéale de ce que nous aimerions y trouver. So crazy !
Comme nous étions un peu speed et que le programme de l’après-midi était chargé, l’heure du lunch fut annoncée ! On passa dans la salle prévue à cet effet. Une lunch box attendait chaque participant. Végétarienne, l’une d’entre nous avait apporté son propre bento.
L’après-midi commençait par un cours de cuisine en live.
Dress code : un tablier siglé d’une grande marque de farine.
Le but : apprendre à faire des pâtisseries home made… à la mode !
Exit les cookies, les brownies et les macarons !
À nous les gâteaux métonymiques : cupcakes, mugcakes, pop cakes et autres king cakes !
Que dire ? Sinon que j’avais l’impression d’être redevenue petite fille et d’être au patronage un mercredi après-midi…
Allez ! Tea time pour déguster nos créations enfantines et petit tour en ville, en monospace.
Sur place, focus sur les produits au sommet des tendances branchées, voire rétro-décalées : bobos has been au profit du vintage et du hipster ! Eh oui ! Même en cuisine, il faut être addict !
Puis retour à l’agence, debriefing oblige !
En vrai geek, notre manager entra directement nos commentaires dans son ordi.
Bon, on ne va tout de même pas se quitter comme après cette journée de business !
Un cocktail dînatoire est prévu : finger food, dips et tapas, rosé de winemaker et smoothies pour ceux qui ne boivent pas d’alcool ! C’est fun !
C’est pas tout ça mais l’heure tourne et j’ai un afterwork !
Faut que je vous quitte !
Bon week-end ! Of course !
On remet ça quand vous voulez !
Asap* !
Bye !
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Bon, vous l’imaginez bien, sur Greta Garbure, cette saynète à peine caricaturale nous désole !
Nous sommes en France et cette profusion d’anglicismes est ridicule. Elle est surtout le signe d’un profond mépris pour la culture culinaire française et son langage, pourtant pratiqué dans toutes les cuisines du monde, tout comme le vocabulaire de la danse classique.
D’un côté, on revendique la reconnaissance de notre patrimoine, et de l’autre, on s’abâtardit en singeant des cultures que nous critiquons par ailleurs.
Ne serait-il pas temps de reprendre nos esprits ? Et de défendre plus intelligemment notre réputation de cuisine française dans le monde ?
Alors certes, nobody is perfect ! Nous non plus !
Mais la seule expression anglaise qui nous séduise sur Greta Garbure, c’est le « french paradox » !
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Blandine Vié
* Asap : As Soon As Possible !
Paule
15 avril 2014 @ 7 h 29 min
Merci pour ce billet, Blandine ! Je râle tout autant que toi de cette mode et quand le premier camion à burger est arrivé, je me suis dit qu’elle avait (j’ai oublié le nom de la fille) le camion à pizza !
Ce qui me désole aussi, c’est que le burger, tout mou et qu’on n’a presque pas besoin de mâcher, a pris le pas sur le sandwich baguette qui fait fonctionner les muscles masticatoires, et ça contribue aussi à l’épidémie d’obésité.
Mag
15 avril 2014 @ 8 h 12 min
J’adore. Non, non, ce n’est malheureusement pas une caricature de ce qu’est devenu la culture culinaire, en tout cas de l’approche qu’on en a, meme dans la presse cuisine. En lisant certains communiqués de presse, en me rendant à certaines présentations, je me sens parfois à côté de la plaque. « Has been » ?
Mamie Aliette
15 avril 2014 @ 14 h 52 min
article rigolo
je recherche un camion de fish & chip au sud de Toulouse !!!!
Pilou
20 avril 2014 @ 2 h 36 min
Vous tapez juste blandine pile dans le fois la ou ça fait mal
Charlotto
28 avril 2014 @ 13 h 46 min
J’apprécie beaucoup ce que vous nous proposez, il y a toujours à boire et à manger et si parfois j’ai l’impression que j’en risque une indigestion, je stocke vos infos, il n’y a jamais de risque de fermentation odorante. Cela donne des en-cas pour les soirées libres imprévues ! Un grand MERCI.
gretagarbure
28 avril 2014 @ 13 h 55 min
Merci pour ce joli compliment !