Chez Taillevent (*)
À la découverte du
Saint-Estèphe Château La Haye
Encore un déjeuner dans un restaurant étoilé pour la présentation du Saint-Estèphe Château La Haye, un des plus vieux châteaux de Saint-Estèphe puisque la construction du vignoble remonte à 1557, date à laquelle le Sire Janot Bernard, seigneur du Fief de Leyssac acquiert la propriété et y plante les premiers plants de vigne. De ce fait, la demeure a toujours été attachée à un vignoble et s’est transmise au sein de cette famille pendant 370 ans. C’est aujourd’hui Chris Cardon qui en est le propriétaire. Pour l’anecdote, c’est en premier lieu pour le Marathon du Médoc que ce flamand a fait le déplacement en 2006. Sportif et amateur de bons vins, il saisit l’opportunité de mêler ses deux passions. Mais tombé sous le charme de la région, il retourne au château et finit par l’acquérir en 2012. Il a maintenu l’équipe en place et a recours aux conseils de l’œnologue Éric Boissenot. Chris Cardon est également propriétaire du château Bellevue à Pauillac et du laboratoire Ecuphar et vient de racheter le château Vieux Coutelin classé en cru bourgeois sur l’appellation Saint-Espèphe.
Mais si nous passions à table ?
Nous sommes reçus dans le cadre prestigieux du restaurant Le Taillevent, dans un salon au premier étage.
Nous commençons par de sympathiques croustillants de langoustines sauce aigre-douce en guise d’amuse-bouche, histoire de faire la transition après le blanc de l’apéritif :
Puis nous entrons dans le vif du sujet avec un très beau plat, somptueux à l’œil comme en bouche : un magnifique pressé de pigeon au foie gras de canard (photo sous le titre). Le Château La Haye 2013 (27 €) l’accompagne joliment avec son nez de petits fruits rouges et son côté charnu. Précis et fin, il ne manque pas d’ampleur mais son boisé est un peu trop présent à mon goût. Laissons-le plutôt encore dormir en cave.
Nous poursuivons par une seconde entrée tout aussi réussie que la première : de l’Épeautre du Pays de Sault en risotto aux girolles, plat très goûteux et très soyeux. C’est cette fois le millésime 2012 du château La Haye (27 €) qui nous est servi. Au nez et en bouche, le vin est dominé par des notes de fruits noirs. Il a une jolie trame, élégante et expressive mais un boisé que j’aimerais plus fondu.
En plat de résistance — comme on dit — un canard de Challans aux dragées et à l’hydromel fait front au Majesté 2012 (60 €). Le canard est cuit rosé comme j’aime, néanmoins je trouve (et mes voisins aussi) que l’ensemble est un peu fade. On eut aimé un soupçon d’impertinence. Le vin nous est servi carafé et révèle un nez fruité, vanillé, épicé et une bouche dense et charnue avec une belle matière. Il a une certaine noblesse et beaucoup de persistance mais la charge tannique très présente domine le plat.
Place au dessert avec un « 70 de chocolat, noisettes et grué de cacao » escorté par le Majesté 2009 (65 €), non carafé. L’accord semble aller de soi. On est toujours sur les fruits noirs et les épices. De l’ampleur et de l’élégance, de la complexité, des tanins souples mais bien présents, de l’équilibre. Mais je ne peux me défaire de ce sentiment que ces bouteilles ont été ouvertes trop tôt.
Allez, un café et des pâtes de fruits dorées à la feuille d’or pour conclure !
Un joli déjeuner dans un endroit de charme donc, qui ne m’a laissée ni sur ma faim ni sur ma soif mais que j’aurai bien envie de recommencer dans dix ans avec les mêmes bouteilles ! Et si on laissait le temps au temps ?
Stéphane
7 août 2015 @ 8 h 51 min
Bonjour Blandine,
L’œnologue conseil ne serait pas plutôt Eric Boissenot?
Michel Smith (@PourleVin)
7 août 2015 @ 10 h 24 min
Eh oui, l’emprise tannique sur la tendresse du pigeon, c’est pas toujours ce qui marche le mieux. Un peu de soyeux et de suavité dans ce monde de brutes ne ferait pas de mal !
gretagarbure
7 août 2015 @ 13 h 15 min
Absolument Stéphane !
Saisie trop vite faite…
Merci pour votre vigilance.