Ça sent le sapin !
Eh oui, ça sent le sapin !
D’abord parce qu’il paraît que demain, 21 décembre, jour du solstice d’hiver, c’est la fin du monde !
Une apocalypse de plus parmi toutes celles précédemment annoncées.
Nostradamus ? Élizabeth Teissier ? Anne, ma sœur Anne ? Ne vois-tu rien venir.
Mais l’ignoriez-vous ?
De tout temps, le 21 décembre a été un jour exceptionnel. Le jour de l’année dont la nuit est la plus longue, une nuit où, selon la croyance populaire, les animaux parlent. Une nuit où l’on veillait autrefois dans les campagnes pour lire des contes (cf Le cheval d’orgueil, le beau livre de Pierre-Jakez Hélias).
Sans compter toutes les choses — bonnes ou mauvaises — qui se sont déjà passées un 21 décembre :
– terribles inondations de Saint-Thomas en Hollande en 1163,
– condamnation de Nicolas Fouquet à la confiscation de ses biens et au bannissement hors du royaume en 1664,
– plébiscite accordant à Louis-Napoléon Bonaparte le pouvoir constituant et la présidence pour 10 ans en 1851,
– adoption, sous l’impulsion de Camille Sée, de la loi sur l’enseignement des jeunes filles en France en 1880,
– premier match de l’histoire du basket-ball au collège de Springfield (Massachusetts) en 1891,
– découverte du radium par Pierre et Marie Curie en 1898,
– élection de Charles de Gaulle à la présidence de la République française en 1958,
– lancement d’Apollo 8, première mission spatiale habitée au-delà de l’orbite terrestre.
J’en passe — des meilleures et peut-être des pires — comme la naissance de Paul Meurisse (1912), Jane Fonda (1937), Frank Zappa (1940), C. Jérôme (1946), Thierry Mugler (1948), Corinne Touzet (1959), Matthieu Chedid dit M (1971), et accessoirement… de ma Maman !
Ou encore, le décès de Boccace (1375), de Marguerite de Navarre (1549), de Guy des Cars (1993).
C’est aussi la Fête du Dong Zhi en Asie de l’Est (fête chinoise du solstice d’hiver) et la Journée de π approximatif (sic), la Saint Pierre, la Saint Thomas et la Saint Procope.
Et cette année — comme presque toutes les autres — le jour où nous entrons dans l’hiver.
Allez, fichons-nous de cette prophétie comme de l’An Quarante… auquel le monde a — déjà — survécu !
Pourtant, oui, ça sent le sapin !
Respirez ! Ça ne chatouille pas vos narines ?
Enfin… le sapin ! Autant dire la térébenthine…
Vous savez cette odeur entêtante dont on « aromatise » les produits ménagers pour laver le sol, les gels WC, les litières pour rongeurs (sic) et autres bombes désodorisantes à laquelle Monsieur Propre se shoote ! Une odeur qu’on renifle aussi dans certains taxis parisiens, diffusée par un petit sapin qui se balance, accroché au rétroviseur. Bref, une odeur puissante faite pour couvrir celles de miasmes plus violents encore.
Fragrance et sapidité qui se retrouvent aussi dans les bonbons… au sapin que l’on prend aux fins de se dégager les bronches ou, pour certains, pour masquer une haleine vineuse et faire front à l’éthylotest. Pratique que nous n’encourageons évidemment pas sur www.gretagarbure.com
Bon sang ! Mais c’est bien sûr !
Ça ne sent pas le sapin parce qu’on est la veille du 21 décembre mais parce qu’on… approche du 24 ! Tout simplement…
Et sans vouloir faire aucunement de morale à quiconque, j’aimerais pourtant faire passer un message !
À l’origine, Noël était une fête religieuse qui, comme la plupart d’entre elles, s’est superposée à des rites païens. Une fête qui ne reste symbolique aujourd’hui que pour très peu de personnes et qui, d’une certaine manière, est redevenue profane tant elle est commerciale.
Une ode à la société de consommation dans ce qu’elle a de plus pathétique. Cette orgie tous azimuts (hécatombe de sapins, bouffe, décorum, cadeaux) est-elle vraiment nécessaire ? Se gaver pendant quelques jours jusqu’à en avoir le foie aussi gras que celui qui préside à ces fêtes, escorté de bien d’autres victuailles, délicieusement légitimes lorsqu’elles sont mises à l’honneur individuellement, mais un peu écœurantes et gâchées lorsqu’elles défilent dans une litanie gargantuesque.
Et si, au lieu de se goinfrer du 24 décembre au 1er de l’An, on essayait plutôt de manger mieux tous les autres jours de l’année. De bons produits bien cuisinés. En respectant les saisons et en privilégiant le goût authentique de préférence au goût industriel.
Qu’ois-je ?
Pour vos menus festifs, vous avez prévu des huîtres ? Avez-vous pensé que pour la circonstance, il faut quasiment un pont aérien — routier en tout cas — pour les faire arriver en temps et en heure chez tous les poissonniers de France et de Navarre ? Et que chaque année, en les ouvrant 500 personnes (130 rien qu’à Paris) confondent précipitation et Urgences ?
Et le homard ? Alors qu’il est si goûteux en juin quand il remplit bien sa carapace ?
Et le foie gras ? C’est si délicieux de ne le savourer que pour lui-même avec un verre de vin approprié. Mais l’intercaler entre le plateau de fruits de mer et la dinde aux marrons, en rajoutant ainsi gras sur gras et un vin moelleux entre un blanc sec et un rouge, est-ce bien raisonnable ?
Et la truffe ? Ne me dites pas que vous l’aimez fin décembre, quand elle n’est pas encore mûre. Elle serait tellement meilleure si vous attendiez fin janvier.
Et noooon ! Vous n’avez quand même pas, sous prétexte d’un peu légèreté après cette « hartère » comme on dit chez moi, ou si vous préférez cette ventrée proche de l’indigestion, noooon, vous n’avez quand même pas opté pour une bûche dont les fruits rouges arrivent d’Amérique du Sud ? En décembre ? Avec le bilan carbone que ça implique ?
Faites-vous aussi venir vos chocolats de Belgique ou de Suisse ?
Sans même parler des accords mets et vins que cette accumulation de saveurs riches et contrastées rend impossible.
Allons, allons, si au lieu de mettre les petits plats dans les grands pendant « les fêtes » de fin d’année, on faisait plutôt de la nourriture une fête au quotidien en cuisinant bon tous les jours ?
Diou Biban, c’est Noël !
NORMAL QUE JE VOUS « ENGUIRLANDE » UN PEU…
Cad
20 décembre 2012 @ 10 h 58 min
hahahaha! j’avais un peu la même approche ce matin sur d’autres lignes : « Ce matin encore sur BFM tv, on voudrait me vendre une mousseline de St Jacques truffée tartinée sur deux demi homards. Bon déjà la St Jacques toute délicate humiliée comme ça, perso ça me fait peine, et on se demande surtout ce que vient foutre une truffe pas mûre la-dedans.
Alors, si vous arrêtiez de nous faire chier avec vos recettes pour « la Nouelle » gavées de mélanos pas mûres? Revenez à la mi – voire fin janvier, on commencera peut-être à vous prendre pour des chefs sérieux.