L’auto et le vin
Il nous arrive de souhaiter aller d’un point à un autre. De Beaune à Bordeaux, de la vallée de la Loire au Roussillon, de l’Alsace à Montpellier. Je prends ces exemples évidemment au hasard ! Bien que… » Si « Le bonheur, c’est le chemin », autant y parvenir dans les meilleures conditions, sur la route comme à table.
Une Formule 1 dans les « embouteillages » d’une de nos métropoles saturées comme un vin de garage pour escorter un pique-nique estival seraient « déplacés ».
Les grosses berlines de luxe peuvent nous emmener loin, seulement accompagnées par des sifflements respectueux. Un château Latour, un Hermitage, un Montrachet ne se sifflent pas, ils se mirent et s’admirent en silence. On mesure le poids de son importance d’être là en si bel équipage. Le moment est serein si l’autoroute est belle et le millésime heureux.
Les collectionneurs eux, jouissent de leurs trouvailles et nous font parfois vivre leurs émotions, tant leur amour des belles choses les poussent au partage. Un tour en jaguar MK II de 1963 vaut bien une gorgée d’un Cros-Parantoux 1990 d’Henri Jayer : nous serons à chaque fois transportés puis très vite enivrés ! La rareté n’a ni prix ni mesure.
Le tourisme (voir « le grand tourisme ») se fait en confiance et en sécurité. Il est agréable de vérifier une fois encore que l’on a décidément fait le bon choix, comme d’habitude, en ne cédant pas aux sirènes de la nouveauté pour la nouveauté. Fidèles à une marque depuis toujours, ni la nécessité ni l’intérêt d’en changer ne sautent à l’esprit. Et pourtant, on s’y connaît. « J’ai eu des DS 19 et 21, une SM aussi, des CX, même la C6 était une très bonne voiture, bien qu’elle m’ait lâché un peu trop tôt à mon goût… » « Moi je suis très Bourgogne, j’adore les chambertins ! Alors que les bordeaux, ils s’arrêtent un peu trop tôt en bouche… » Irréconciliables avec la concurrence puisqu’ils sont contents comme cela. On ne change pas une équipe qui gagne et quand elle peine un peu à les satisfaire, il suffit d’un peu de conviction dans la mauvaise foi et le tour est joué : la température, dans le radiateur ou dans le verre, était excessive ou bien c’est la faute des « bouchons » !
En ville, la citadine et le métrosexuel, la cosmétologie industrielle et le politiquement correct font cause commune, l’usage et les usages aussi. Nos jouets nous sont utiles mais pas utilitaires car la praticité n’empêche pas l’élégance. La dernière Lancia Ypsilon bicolore garée en double file collera bien avec le renouveau du château Lamothe-Bergeron que l’on commandera dans le dernier restaurant ouvert par les frères Costes.
Costes, je n’ai pas dit low cost. On sait bien que cher ne veut pas forcément dire bon et que petit prix ne signifie pas médiocre plaisir. Ne pas confondre affligeante banalité et modestie méritoire. Le ratio qualité/prix représente non seulement la base immuable de l’économie ménagère mais aussi, et aujourd’hui surtout, une certaine vision de l’avenir. Par nature, le low cost est une réponse honorable à une demande de légitimité : « Je possède une automobile qui ressemble pour l’essentiel à celles de mes voisins et en plus le vendeur m’a offert quelques options. » « Sans jamais dépasser 7 ou 8 €, des amis me conseillent des petits vins de l’Ardèche, de Savoie, de Vendée, de Gascogne. Mais j’achète aussi des vins du dimanche dans les foires ou chez mon caviste. »
On le voit, on le sait, on le sent : tout le monde peut rouler bien et boire bon ! Il suffit de ne pas se forcer, de ne pas exagérer ses besoins.
Ah j’oubliais…
Il y a aussi les Autolib’ et certains vins en bib. Mais tous les deux, il arrive un moment où l’on a envie de les rendre !!! Oups !
Patrick de Mari
Déjeuners de presse |
6 mai 2014 @ 6 h 01 min
[…] Sur les plats qui n’étaient pas accompagnés de cognac, nous avons bu un haut-médoc Château Lamothe-Bergeron 2009 (http://gretagarbure.com/2013/02/19/ptit-billet-dhumeur-13/). […]