Aaah ! mes agneaux !
Pour que l’agneau soit bon dans notre assiette,
il faut que son enfance ait été chouette !
Une enfance à la campagne.
Peu importe la région,
si c’est un pays de Cocagne
avec de la bonne herbe verte
à brouter à foison,
en gambadant, alerte.
Avant cela, il faut être bien né.
Un papa bélier bien monté
qui soit bon reproducteur,
Une maman choisie
par ses éleveurs
pour ses qualités suivies
de procréatrice
et de bonne nourrice.
Pas de races laitières donc,
Qui font les brebis à fromage,
Ni de races à laine, oncques,
Qui craignent le lavage.
Si possible, que des brebis allaitantes
d’une bonne race à viande.
Ce sont elles qui font les agneaux
qui donnent de bons morceaux
à la chair tendre et fondante…
pourvu que la recette soit gourmande.
Si l’agneau ne fait que téter sa mère,
il devient agneau de lait à l’étal.
C’est l’agneau éphémère
de nos tables pascales.
Si, en plus du lait de sa maman,
on lui donne du lait de complément
il est alors agneau laiton ou blanc :
c’est l’agneau délicat de printemps.
Mais s’il court dans l’herbe à perdre haleine
— et non à perdre sa laine ! —
il est bien nommé agneau d’herbes
et sa chair est un régal superbe.
Pour arriver à ce résultat
il faut un berger attentionné
Qui fasse grand cas
de ses petits protégés.
Qui les bichonne
du temps qu’ils biberonnent,
qui les fasse s’ébattre au grand air
et les laisse se gaver d’herbages,
mais qui les protège de la galère
et leur donne du fourrage
par temps de misère
ou d’orage.
Bref, un berger qui les aime
Et qui veille à tous problèmes.
Quand vient le jour où notre agneau
est prêt à rencontrer le boucher,
tout se fait comme il faut
avec les égards mérités :
abattage et découpage de la carcasse,
certification et paperasse,
transformation à proximité
des lieux de production
pour une fraîcheur et une qualité
garanties sans déception,
transport en camion frigorifique,
respect des règles hygiéniques,
distribution sur les points de vente
pour une consommation confiante.
Ce qu’il est important de savoir aussi,
c’est que l’élevage d’ovins
permet le maintien
d’une activité utile
— voire d’une économie —
dans des zones difficiles.
En outre, les agneaux bien élevés
— c’est-à-dire à l’herbe —
participent à la biodiversité
qu’ils exacerbent.
Ainsi, en entretenant les haies,
nos agneaux
font que la flore, les baies,
la faune et les oiseaux,
se réapproprient la nature,
ce qui augure
une société avenante,
et des lendemains qui chantent.