5 très belles cuvées de champagne Colin pour les fêtes… ou pour se faire plaisir !
L’histoire et le credo de la maison de champagne Colin
Maison familiale sise depuis sept générations à Vertus, village Premier Cru de la Côte des Blancs — soit plus de deux siècles d’histoire vigneronne et paysanne — la maison de champagne Colin puise essentiellement son inspiration dans la mosaïque de terroirs qui compose son domaine pour élaborer des cuvées. Une inspiration épaulée par un savoir-faire qui se transmet et s’affine de génération en génération puisque la famille Colin possède des vignes depuis 1829. Toutefois, il y a une vingtaine d’années (en 1997 précisément), la fratrie héritière, Richard et Romain (septième génération de la famille), a décidé de ne plus être simplement viticulteurs mais de devenir vignerons à part entière en élaborant leurs propres cuvées de A à Z. Un engagement mû par le constat que leur terre n’est pas figée : d’un village à l’autre, d’une parcelle à une autre, elle change de couleur, de texture, de parfum et se révèle être un creuset fantastique pour trouver de nouvelles sensations en démultipliant les facettes de cette terre si riche d’émotions et d’envies. Ils ont débuté avec un vieux pressoir en bois Coquard qui sert encore à l’élaboration de certaines cuvées. Jusqu’à cette date Romain Colin explique que son père et ses aïeux confiaient leurs raisins aux coopératives de Bergères-les-Vertus et Vertus, dont ils ont d’ailleurs contribué à la création. Richard et Romain ont alors décidé de monter leur propre structure afin de maîtriser tout le processus d’élaboration de leur champagne. Leur père les a soutenus et accompagnés dans cette démarche de devenir vignerons indépendants. « Nous sommes libres de tester et d’inventer » raconte Romain Colin, évoquant les cuvées parcellaires ou un coteau champenois blanc issu de vignes d’un clos dit de « La Fosse le loup », unique en Champagne.
Propriétaires-récoltants, les frères Colin élaborent des vins exclusivement à partir de leur vignoble de 14 hectares en propre (famille Colin) + 2 ha 1/2 loués en fermage. En Extra Brut, Brut, Millésimés ou sans année. La majeure partie du vignoble est plantée en chardonnay (75%) dans la prestigieuse Côte des Blancs à Vertus, Bergères-les-Vertus et Cuis, classés Premier Cru de Champagne, ainsi qu’à Cramant et Oiry, classés Grand Cru. Une partie est également plantée en pinot noir (15%) et en pinot meunier (10%) dans le village de Sézanne.
La vendange est coupée manuellement à maturité. Un passage en foudre permet une lente oxygénation des vins qui sont ensuite vieillis sur lies jusqu’au printemps et plus de six mois après dégorgement. Chaque cru est vinifié séparément afin de laisser s’exprimer le caractère de chacun des terroirs.
Les ventes se font à l’export (50% : USA, Australie, Japon, Corée du sud, Norvège, Europe). chez les cavistes (35%), en restauration (5 à 10%) et le reste directement aux particuliers.
La dégustation
Elle s’est faite au restaurant Nakatani à Paris, restaurant du chef japonais Sinshuke Nakatani qui revisite la cuisine française avec beaucoup d’inspiration et de talent. Le restaurant est petit — raison pour laquelle il vaut mieux réserver — avec un cadre élégant et apaisant, très épuré mais quand même chaud (on s’y sent bien). Quant à la table, elle est très inventive, sublimant les produits par une profusion d’ingrédients adventices souvent insolites. Tous les plats sont des tableaux pour l’œil et des symphonies au palais. Mais chaque ingrédient étant censé apporter sa touche dans la partition, mieux vaut être mélomane pour en reconnaître la diversité. Une cuisine légère qui s’affirme par le goût, très respectueuse des saisons et tout en finesse. Bonus : la carte des vins est très belle.
Nous avons pris l’apéritif avec la cuvée Castille Brut 1er cru Blanc de blancs 100% chardonnay, 60% vendange de l’année, 40% réserve perpétuelle depuis 2004, certifiée HVE (Haute Valeur Environnementale) niveau 3 ; vinification en cuve inox et foudre de chêne ; vieillissement sur lies de 18 à 30 mois ; dosage 7g/l. Verre accompagné de trois Amuse-bouche (présentés en coffret) n’altérant en rien la perception du vin grâce à la douceur des saveurs : Tapioca soufflé, confiture d’algue ; Tuile de pain soufflé, olives noires et thym ; Sablé de sésame, purée de potiron, origan.
Le nez s’ouvre sur de belles notes de maturité évoquant une balade à la saison des blés mûrs, quand les épis fraîchement coupés dégagent une odeur de paille fraîche. On y retrouve aussi des senteurs de fruits jaunes, poire et bergamote et des soupçons d’épices douces. Il évolue ensuite vers l’ananas et la mangue, une pointe d’exotisme qui le vivifie mais qui s’arrondit par la finale sirop d’orgeat et amande douce.
En bouche, l’attaque est souple et crémeuse, une onctuosité sous-tendue par un léger amer apporté par la salinité typique du terroir crayeux mais totalement enrobé par les autres aromatiques, ce qui lui donne une vivacité tonique qui se termine sur des épices suggérées (réglisse et gingembre).
Outre l’apéritif, il conviendrait parfaitement sur un risotto classique ou aux asperges, des langoustines ou des grenadins de veau.
Prix : 33,50 €
Sur les deux entrées, d’abord un « Consommé de légumes (carottes, navets, oignons, céleri-branche et céleri-rave, tomate et poire) agrémenté de pousses de mélisse et d’une noisette torréfiée, puis sur des huîtres (huîtres de l’Ancelin, sabayon de ciboulette, purée de chou-rave, gelée de thym et de fenouil), nous avons dégusté la cuvée Parallèle 1er cru Blanc de blancs, issue de l’assemblage des meilleurs chardonnays du vignoble 1er cru 100% Vertus (60% vendange de l’année 2019 et 40% réserve perpétuelle) ; vinification en cuve intox et foudre de chêne ; vieillissement sur lies de 18 à 30 mois ; dosage : 3 g/l.
Au nez, on est toujours sur les blés mûrs suivi d’un registre plus floral (pas les coquelicots et les bleuets qui ont presque disparu des champs de blé mais des fleurs blanches) nez qui évolue sur des notes anisées, de bergamote et de thé vert, un peu de poire et de fines notes d’agrumes et s’épanouit en notes beurrées, riches et gourmandes, très pâte d’amande et agrumes confits.
En bouche, c’est onctueux, toujours avec des petits amers conducteurs mais d’une belle vivacité qui s’exprime sur des agrumes qui relaient les amers (orange amère, écorce d’orange), avec une sensation légèrement boisée.
Plaisant sur la première recette, il s’harmonisait encore mieux avec la seconde, où l’iode de l’huître était complémentaire de sa salinité. C’est pourquoi cette cuvée peut affronter dignement les huîtres, les coquilles saint-jacques, les carpaccios de la mer mais aussi un risotto ou des ris de veau aux girolles, un vieux comté et même de l’époisses.
Prix : 36,50 €
Sur le premier plat, une « Seiche menthe bergamote, concombre mariné au vinaigre, fleur d’ail, champignons séchés, haricots plats », nous avons poursuivi avec la cuvée La Croix Saint-Ladre 1er cru extra-brut blanc de blancs au terroir limoneux-crayeux en sous-sol et argileux en surface, avec des veines de craie en profondeur. 100% chardonnay (vignes de 40 ans, la vinification s’est faite en cuve inox avec une fermentation malo-lactique (pas les autres) et vieillissement sur lies pendant 4 ans. Dosage : 4g/l.
Au nez, la fraîcheur craueuse est de suite perceptible avec des notes d’agrumes (orange) et d’albédo (ziste d’écorce d’orange).
En bouche, il est également souple et frais. Le profil fait ressortir les notes d’agrumes (pulpe d’orange) et de réglisse avec de beaux amers d’agrumes et une touche iodée.
Beau champagne d’apéritif, il est épatant avec du foie gras, un curry de lotte ou de dinde — et pourquoi pas pour les fêtes ? — et un dessert au pain d’épices et aux oranges confites, ou des œufs à la neige avec une crème anglaise aux languettes d’orange confites.
Prix : 56,70 €
Le second plat venu de la mer lui aussi, un Saint-Pierre avec de l’arroche rouge, du maïs, du chou-fleur et un fumet au basilic rouge nous a été présenté avec la cuvée 1er cru Les Prôles et Chétivins extra brut 2008. 100% chardonnay, il est élaboré à partir de deux vieilles vignes (moyenne 60 ans d’âge) en viticulture HVE (Haute Valeur Environnementale), uniquement les années d’exception, 3 ans après dégorgement, il subit 13 ans de vieillissement sur lies. Dosage 3 g/l.
Au nez, on retrouve des arômes de fruits rouges et de framboise écraséess, de pain frais, de noisette, de tabac qui évoluent sur les fruits confits, les figues séchées, le caramel et la pâte de coing, avec une touche florale subtile.
En bouche, l’attaque est vive, exprimant une tension franche. La suite de la dégustation révèle une belle salinité et s’éoanouit sur des notes de chocolat et de moka.
Les huîtres ou des poissons nobles à chair blanche comme la lotte ou le Saint-Pierre l’escortent assez bien mais il ne dépare pas sur un foie gras et en fin de repas sur des financiers aux amandes.
Prix : 65,50 €
Nous voici arrivés au dessert avec la cuvée Les Grandes Terres, Grand cru Brut Blanc de blancs 2014, 100% chardonnay, des terroirs Cramant et Oiry situés à la pointe nord du vignoble Colin (terroirs classés Grand Cru,, vignes exposées Sud-Est, sol et sous-sol argile, craie blanche et craie limoneuse en profondeur), et parfaitement révélateurs du caractère Grand Cru. Viticulture certifiée HVE (Haute Valeur Environnementale) niveau 3. Dosage : 7g/l. La vinification se fait en cuve inox sans fermentation malt-lactique mais avec vieillissement sur lies pendant 7 ans.
Au nez, on s’envole vers des ruches avec des notes de cire, de miel et de coing, de jasmin et de fleur d’oranger également, puis d’épices douces et enfin de bergamote et d’agrumes.
La bouche s’accorde parfaitement avec le nez, soutenue par une tension gourmande et saline. La fraîcheur accompagne toute la dégustation jusqu’à la finale.
Foie gras truffé, poularde aux morilles, foie gras en brioche, risotto, parmesan, tarte meringuée, sabayon escorteront à merveille cette cuvée qui réclame un certain classicisme dans la facture des plats.
Prix : 59,90 €
D’excellents champagnes donc, testés sur une cuisine très sophistiquée — trop peut-être car impossible à reproduire à la maison et d’une telle complexité de saveurs qu’elles en deviennent inenditifiablesrs (même avec un palais subtil) — mais cependant dignes d’épousailles avec des plats de fêtes tout aussi raffinés mais moins complexes — notamment pour l’appréciation des vins — comme des fruits de mer et des crustacés (langoustines, homard) dans des versions plus naturelles, des ris de veau aux morilles ou aux girolles, une belle volaille (chapon, poularde, oie ou pintade) accompagnée de purées de châtaignes, de céleri-rave et de potimarron suivies d’une salade de mâche, d’un fromage unique (plutôt que d’un plateau) : brie, chaource, brillat-savarin,parmesan, vieux comté, époisses comme déjà évoqué et sur un dessert type pavlova plutôt qu’une bûche aussi massive que sa sœur forestière. À boire dès l’apéritif et tout au long du repas, voire même en after plutôt qu’un digestif-coup de grâce.
À votre santé !
Champagne Colin
101, avenue de Général de Gaulle
51130 Vertus
Tél. 03 26 58 86 32
www.champagne-colin.com
www.champagne-colin.com/boutique
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Restaurant Nakatani
27, rue Pierre Leroux
75007 Paris
Tél. 01 47 34 94 14
Blandine Vié