Se gaufrer si près du but…
Évidemment il est tentant de faire semblant de s’étonner d’un panneau aussi peu avertisseur.
Mais ce n’est quand même pas la première fois qu’une perspective enchantée est gâchée par des impondérables, des coups du sort. Certains paranoïaques très atteints voient parfois dans des péripéties de leur quotidien sans surprise la marque hideuse de l’Organisation, vous savez, celle avec un O majuscule, supranationale, limite paranormale, pour tout dire celle qui nous évite d’admettre notre propre responsabilité…
Parce qu’évidemment, ce qui nous étonne nous dérange ! On a une tendance naturelle à tordre le nez quand nos pronostics de quiétude sont déjoués ou que nos certitudes se trouvent contrariées.
Alors, on peut imaginer la frustration ressentie par des politiciens arrivés en bout de ligne droite, ayant dépassé la flamme rouge du dernier kilomètre, et auxquels des mal-intentionnés mettent des bâtons dans les roues (si, si, si, ça existe !). Trébucher voire se gaufrer si près du but, c’est cruel ! Au moins autant que dans les secteurs d’activité qui nous intéressent ici. Tu as bien mis tout ce qu’il fallait dans ton vin : douelles, dominos, staves, copeaux ou même sciure et puis des scribouillards, nuisibles par définition, lui trouvent un boisé légèrement excessif… Non mais oh, de quoi j’me mêle ? Des chefs trustant la première place d’un classement mondial (créé et pas très subtilement sponsorisé par l’industrie agro-alimentaire) qui tous envoient, un jour ou l’autre, leurs clients à l’hôpital, quel dommage ! Si près de la consécration (merci la cuisine moléculaire et ses apprentis sorciers toujours en liberté…).
Un autre cuisinier méritant et honnête espère une étoile supplémentaire qui récompenserait le travail et l’intelligence de toute une brigade. Aussi quand, avant tout le monde, un blogueur-caméraman irresponsable lui affirme que, de source sûre, c’est dans la poche mais qu’en fait il n’en sera rien, l’archange Gabriel de la haute gastronomie française n’étant qu’un muezzin de pacotille, un canard déchaîné qui cancane sans savoir, quitte à provoquer d’atroces désillusions.
Vignerons, vous avez prodigué tous les soins possibles à votre vigne : après la taille, vous l’avez vue débourrer, les fleurs éclore, les grappes se former, les grains mûrir, la somme de tous vos efforts se concrétiser grâce à un cycle végétatif parfait dans un environnement idéal. C’est le millésime qui va pérenniser votre exploitation et vous permettre de dormir enfin plus sereinement. Et puis, juste avant les vendanges, un orage dévastateur, un couloir de grêle…
Coupables ou innocents, plus dure est la chute quand on croit atteindre le sommet, quand on pense tenir en main le Graal tant recherché, gagner une élection imperdable.
Aujourd’hui, je préfère quand même avoir une pensée pour les innocents.
Patrick de Mari
michel hasbrouck
4 février 2017 @ 10 h 21 min
ce rappel au bon sens devait être relayé par tous les réseaux sociaux