Savoirs et saveurs
Savourer ! N’est-ce pas goûter avec attention et plaisir, apprécier par le sens du goût, jouir de ce qu’on déguste avec délectation, en y mettant une espèce de lenteur qui prolonge le plaisir ?
Mais que cherche-t-on à savoir en prenant ainsi le temps de savourer ? À savoir quel mystère se cache derrière le bon ? À décortiquer les saveurs ? À connaître le secret de la sauce ? le savoir-faire du chef ?
Savourer, saveurs, savoir, savoir-faire : des mots si proches quand on y réfléchit.
L’étymologie nous apporte souvent les réponses aux questions que nous nous posons.
Eh tiens, justement, figurez-vous que ces deux mots-là — saveur et savoir —, sont parents. Une filiation en droite ligne. Mais ce qui est paradoxal, c’est que ce n’est pas celui qu’on pense qui a engendré l’autre. Non, ce n’est pas parce qu’on sait qu’on est capable de détecter les saveurs. C’est même exactement le contraire. Parce ce que notre perception est d’abord physique. Et que nous sommes des primaires qui n’existons que par nos sens — nos cinq sens —, nos premiers vrais outils, nos premiers vrais capteurs environnementaux, bien avant l’intelligence.
Alors oui, saveur et savoir viennent tous les deux du verbe latin sapere. Mot qui a d’abord voulu dire « avoir du goût, exhaler une odeur, sentir par le sens du goût », avant de signifier, de manière plus figurée : « avoir de l’intelligence, du jugement, connaître, comprendre, avoir la connaissance » (sapiens).
Car le savoir n’est jamais que la synthèse d’une somme de saveurs.
C’est sans doute la raison pour laquelle, au fil des civilisations, nourritures terrestres et nourritures spirituelles sont devenues indissociables.
Même la légende le dit : le pommier du jardin d’Eden n’était autre que l’arbre de la connaissance. Goûter le fruit défendu, c’était donc avant tout sauver l’humanité de l’ignorance et de l’inculture.
Et vous n’allez peut-être pas me croire, mais légende signifie « qui doit être lu » ! Parce que les Anciens savaient bien que la transmission n’est rien sans l’expérience.
Diou biban ! Regardez bien sûr, mais sachez aussi toucher, écouter, humer, pour mieux goûter, pour mieux savoir.
Cad
2 décembre 2012 @ 12 h 11 min
« Les gourmets mangent avec lenteur et savourent avec énergie » disait Jules Besset
La chronique de Greta Garbure : Saveurs et savoirs | Food & chefs | Scoop.it
3 décembre 2012 @ 9 h 57 min
[…] Savourer ! N’est-ce pas goûter avec attention et plaisir, apprécier par le sens du goût, jouir de ce qu’on déguste avec délectation, en y mettant une espèce de lenteur qui prolon… […]
adeleluria
4 décembre 2012 @ 17 h 16 min
Le schéma des perceptions des saveurs localisées sur la langue n’ est plus d’ actualité… C est d’ ailleurs une prix Nobel qui l’ a démontré. Les papilles gustatives ne sont pas spécialisées. … le corps humains nous réserve bien des mystères…
gretagarbure
4 décembre 2012 @ 17 h 30 min
Ce n’est qu’un schéma d’illustration, pas une théorie que nous développons.
Le propre du savoir étant justement d’évoluer avec le temps, même si ce dessin est désuet, il dit bien que nos papilles sont capteuses de goût… tous les goûts ! Et le goût est une forme de discernement.
Mais sous sommes positivement ravis que des chercheurs affinent nos connaissances.
La chronique de Greta Garbure |
1 mai 2013 @ 7 h 50 min
[…] Rappelons que le mot savoir découle du mot saveur et non l’inverse : http://gretagarbure.com/2012/12/02/la-chronique-de-greta-garbure-4/ […]
Nos marronniers (l’actu qui revient tous les ans) |
14 octobre 2013 @ 6 h 00 min
[…] Or, rappelons-le, c’est par la saveur qu’on accède au savoir (et non l’inverse). Parce que nos perceptions sont d’abord physiques. C’est ce que nous raconte aussi l’étymologie, saveur et savoir découlant tous les deux du verbe latin sapere. Mot qui a d’abord voulu dire « avoir du goût, exhaler une odeur, sentir par le sens du goût », avant de signifier, de manière plus figurée : « avoir de l’intelligence, du jugement, connaître, comprendre, avoir la connaissance » (sapiens). Car le savoir empirique n’est jamais que la synthèse d’une somme de saveurs. (voir le lien complet : http://gretagarbure.com/2012/12/02/la-chronique-de-greta-garbure-4/) […]
Déjeuners de presse |
4 novembre 2014 @ 5 h 03 min
[…] http://gretagarbure.com/2012/12/02/la-chronique-de-greta-garbure-4/ […]
La chronique de Greta Garbure |
1 mai 2016 @ 6 h 01 min
[…] Rappelons que le mot savoir découle du mot saveur et non l’inverse : https://gretagarbure.com/2012/12/02/la-chronique-de-greta-garbure-4/ […]