S’embarquer sans biscuit
Le terme « biscuit » n’a pas toujours désigné des petits gâteaux secs et légers (langues de chat, palets), moelleux (tranches de cake) ou croustillants (tuiles), plus ou moins riches en beurre (petits beurres, sablés, galettes bretonnes), fourrés de confiture (souvaroffs) ou de chocolat (mythiques chocos BN), ou encore garnis de fruits secs (cookies), destinés au goûter des enfants ou au tea time du dimanche chez sa mémé (boudoirs ou biscuits à la cuillère).
À l’origine, le mot qualifiait un pain très dur à la farine de blé, sans levain, appelé pain du navigateur, pain du marin ou pain de mer, peu levé et cuit deux fois — bis-cuit — donc cuit plus longtemps car passé deux fois au four. On retrouve d’ailleurs la même étymologie dans le mot « biscotte ». Quelque fois même, il était cuit et recuit bien plus que deux fois, le but étant d’atteindre une déshydratation certaine pour assurer une plus longue conservation et éviter les moisissures en mer. Ce pain était la providence des marins, au temps où la durée des voyages au long cours pouvait s’éterniser et chacun avait droit à une ration journalière. Très dense et très dur, il pouvait être conservé jusqu’à plusieurs années… mais pouvait néanmoins être parfois infesté de vers !
C’est de là que vient l’expression populaire « s’embarquer sans biscuit », pour parler d’une action imprévoyante.