Notre calendrier de l’Avent – Jour 22
FENÊTRE DU 22 DÉCEMBRE :
La bûche de Noël :
une tradition païenne devenue
laïque et pâtissière !
La traditionnelle « bûche de Noël » n’a pas toujours été une pâtisserie.
Ce fut d’abord un rite païen en l’honneur du solstice d’hiver.
Puis, comme pour bien d’autres fêtes païennes, aux premiers temps de son existence, l’Église chrétienne entreprit la récupération pas du tout innocente de cette symbolique aux fins de rassurer les nouveaux convertis et de ne pas les priver de leurs repères et de leurs superstitions.
C’est ainsi que la tradition de la bûche au feu devint une sorte de rituel chrétien dans les campagnes, chacun devant en apporter une (d’arbre fruitier de préférence) pour entretenir le feu durant la longue veillée, lors de la vigile de Noël.
Car la vraie bûche d’arbre a longtemps été l’authentique héroïne de Noël :
la bûche au feu, symbole traditionnel du feu sacré.
Selon les régions, la bûche portait des noms différents :
– « souque » en Normandie,
– « kef an nedelec » en Bretagne,
– « mouchon » en Charente,
– « tisoum de Nau » en Vendée,
– « tréfoué » en Picardie,
– « tréfoir » dans l’Orléanais,
– « cule » ou « culée » en Seine-et-Marne,
– « couque » en Champagne,
– « suche » en Côte d’Or,
– « chache » en Moselle,
– « galeuche de Nué » dans les Vosges,
– « tronche » en Franche-Comté,
– « catoche » ou « grogne » en Forez,
– « charendon » dans les Basses-Alpes,
– « cacho-fio » en Provence,
– « souco » en Auvergne,
– « nodolenco » en Aveyron,
– « tio » en Roussillon,
– « nodaille » dans les Cévennes,
– « souc » en Languedoc,
– « cosso » en Périgord,
– « catsaou » en Béarn,
– « tronco » au Pays Basque.
Mais c’est en Provence que la tradition a été le plus magnifiée. La bûche y était constituée d’un tronc d’olivier encore vert, béni, symbolisant le corps du Christ consacré, puis brûlé dans l’âtre.
Au Moyen-Âge, il y avait aussi un « droit de bûche », redevance féodale qui imposait aux paysans d’apporter à leur seigneur, juste avant Noël, une énorme bûche de chêne susceptible de brûler pendant trois jours, et les deux coutumes se sont peut-être phagocytées.
Mais ce n’est finalement qu’à la fin du XIXe siècle qu’un pâtissier parisien eut l’idée d’urbaniser la tradition en créant pour les pauvres citadins n’ayant pas toujours une cheminée dans leur chambrette une bûche en forme de gâteau. Ça s’est passé en 1879 et c’est Antoine Charabot, chef à la pâtisserie Samson (14 rue de Buci) qui aurait eu cette idée universellement copiée depuis !
C’était pourtant un pari audacieux que de créer un dessert à ce point écœurant pour clore un repas déjà si copieux par nature !!!
Les Tasters
22 décembre 2013 @ 7 h 57 min
Merci pour cette explication historique et géographique. On peut imaginer un symbole de renouveau et de réunion. Aujourd’hui la gourmandise a pris le dessus et là bûche permet aux pâtissiers de se faire pas mal de beurre.