Vins à gibiers (2) : 3 Saint-Nicolas-de-Bourgueil
Très honnêtement, si on ne me l’avait pas soufflé dans l’oreillette, ce n’est pas vers cette appellation que je me serais spontanément tournée pour accompagner du gibier. Eh bien ! j’aurais eu tort ! Voici trois bouteilles qui m’ont épatée, surtout à ces prix-là.
Rappelons que le cépage unique de l’AOP Saint-Nicolas-de-Bourgueil est le cabernet-franc.
Coquelicot 2017 du domaine de La Chopinière du Roy – 12,5°
C’est le premier que j’ai goûté, issu de vieilles vignes de 90 ans et élevé en fûts de chêne. Le plus vieux des trois millésimes. Cette cuvée est l’expression d’un vignoble conduit en lutte raisonnée qui pousse sur l’un des trois terroirs de l’appellation, un terroir de graviers limoneux surnommé « La Taille », composé de graviers issus des anciennes îles de la Loire. De ce fait, la ressource en eau est constante et la présence d’un sous-sol argileux n’agresse pas la vigne. En plus, les alluvions enrichissent et nourrissent le sol, révélant des vins légers aux arômes de fruits rouges tel la framboise. La structure des vins est équilibrée et soutenue, laissant place à des tanins vifs et frais. En bouche, les vins issus de la Taille révèlent souplesse et saveurs fruitées.
La cuvée Coquelicot correspond tout à fait à cette description. Elle est fraîche et très « gouleyante », osons cet adjectif en période de beaujolais nouveau. Elle dévoile effectivement des arômes de framboise et de cassis, soutenus par des tanins ronds et légèrement vanillés. Néanmoins, je ne l’associe pas d’emblée à du gibier. J’y vois plutôt un vin de mâchon qui appelle la cochonnaille, celle-ci pouvant comporter bien entendu des terrines de garenne ou même de sanglier. Le canard et tout spécialement le magret lui irait très bien. Je ne sais pourquoi, mais ce vin m’évoque Jean Carmet que j’ai eu la chance de croiser il y a de nombreuses années de cela.
Je le regoûte le lendemain et cette fois, il a pris de l’ampleur. Finalement, il ne serait pas si mal sur un civet de garenne, des côtelettes de marcassin ou un rôti de biche. J’aurais dû le carafer. Rond et légèrement boisé aux arômes de fruits rouges, on peut le laisser encore vieillir quelques années avant de lui opposer un civet de sanglier.
Prix : 7,20 € en vente directe
Domaine de La Chopinière du Roy
Christophe et Sophie Ory
30, rue de la Rodaie
37140 Saint-Nicolas-de-Bourgueil
Tél. 02 47 97 77 74
www.lachopiniereduroy.fr
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Guelebée 2018 du domaine La Chevallerie de Gaëtan Bruneau – 13°
C’est le deuxième vin que j’ai goûté et pour ce faire, je l’ai laissé s’aérer un peu. Les vignes de ce domaine sont elles aussi plantées sur le terroir de « La Taille » et comportent donc les mêmes caractéristiques de sous-sol que le précédent, induisant a priori des similitudes de goût.
De fait, ce vin propose un nez puissant dominé par la framboise et le cassis. Quelques arômes grillés peuvent être perçus. L’attaque en bouche laisse apparaître une structure tannique imposante entre rondeur et puissance, pour terminer sur un juste équilibre. À vrai dire, je lui ai trouvé beaucoup de finesse, une élégance soyeuse, un charnu joliment apprivoisé.
Il est à boire sur des civets (on peut oser le sanglier) ayant invité d’aimables partenaires comme les champignons : délicats comme les girolles, très terroir comme les robustes cèpes et même des truffes si le cœur vous en dit.
Prix : 9,80 € en vente directe
Gaëtan Bruneau, vigneron à La Chevallerie
Vins de Saint-Nicolas-de-Bourgueil
Tél. 02 47 97 93 58
Courriel : contact@gaetanbruneau.com
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La Source 2019 de Yannick Amirault – 13°
Ce dernier vin que j’ai goûté était le plus jeune des trois et pourtant le plus puissant (à mon avis).
Différent des deux autres par son terroir (l’un des trois du plateau mais le plus important en surface et en production) dit « sables et graviers », constitué de dépôts marins datant du quaternaire. Le sol est très drainant ; seule la vigne y trouve son équilibre. Ce terroir est le berceau de l’appellation, la plupart des vins de Saint-Nicolas-de-Bourgueil en sont issus. Vin de plaisir et de fête, la bouche souple et harmonieuse livre des arômes de fraise des bois marqués par des tanins subtils et affinés.
Avec sa robe violine, il dévoile des arômes de fruits noirs. La bouche est tonique et gourmande, dévoilant de légères notes fleuries et une touche subliminale pimentée. En digne expression de son terroir, cette cuvée que l’on pourrait croire rustique au premier abord offre très rapidement fraîcheur et souplesse. C’est un vin gaillard en habits du dimanche.
Osez-le sur un velouté ou une poêlée de cèpes, et sur du gibier à poil, sanglier compris.
Prix : 12,20 € en vente directe.
Domaine Yannick Amirault
1, route du Moulin Bleu
37140 Bourgueil
Tél. 02 47 97 78 07
m.yannickamirault.fr