Un rosé à vous couper le… Souffle !
Souffle 2019 du domaine d’Éole
IGP Alpilles sans sulfites ajoutés

Le rosé a souvent eu mauvaise presse auprès de moi ce qui, vous avouerez, est un comble pour une journaliste. Je galège un peu en disant cela parce qu’évidemment il en est de formidables. Mais c’est tout de même de l’ordre d’une bouteille sur une dizaine… à mon goût, s’entend. Disons que je ne suis pas sensible aux rosés de style « piscine », ce qui tombe d’ailleurs bien car je n’aime pas non plus les piscines et leurs effluves prégnants de chlore et de crème solaire. Je trouve que le nez du vin y est compromis. Et c’est d’ailleurs sans doute pour cela que, dans ces circonstances, le vin peut parfois se permettre de ne pas en avoir. Quant à y mettre des glaçons… Et puis, il n’est pas très raisonnable de boire du vin quand le sol est glissant. Mais je respecte le choix de chacun et reconnais bien volontiers que la gamme des bons voire très bons rosés est chaque année de plus en plus large.
Bref, vous l’aurez compris, dans cette région du Sud qu’est la Provence, j’aime les rosés qui chantent ses spécificités régionales plutôt que les rosés style Riviéra qui la standardisent, l’édulcorent ou la caricaturent.
Au domaine d’Éole, les vins des trois couleurs sont bons. Je vous ai déjà parlé de leur coteaux-d’aix-en-provence rouge cuvée Léa 2015 à Pâques dans mon article intitulé « Le glouglou et l’agneau (pascal) » (le 10 avril) et à mon avis, l’occasion se représentera de vous parler d’autres cuvées.
Mais aujourd’hui, c’est un magnifique rosé que je tiens à mettre en exergue : l’IGP Alpilles Souffle d’Éole 2019, vin biologique sans sulfites ajoutés, cépages 60% grenache, 15% syrah, 10% counoise et 10% cinsault.
Avant de vous le décrire, si vous êtes amateur éclairé, sachez qu’il est vinifié en œuf de béton avec un travail méticuleux sur lies qui se perçoit à la dégustation.
Parlons d’abord de sa robe, très estivale puisque d’un joli rose clair qui vermillonne légèrement — au sens technique de tirer sur l’orangé, pas au sens zoologique de fouiller la terre à la recherche de nourriture, activité principale du blaireau des champs (et un peu aussi celle du blaireau des villes en cette période de confinement) —, ce qui lui apporte une touche de gaieté ensoleillée qui prédispose tout de suite à une dégustation enjouée.
Parlons maintenant de son nez qui évoque immédiatement la fraise des bois quand le soleil l’a caressée. Mais pas du tout de manière racoleuse puisque ses rayons l’ont titillée alors qu’elle était tapie à fleur de terre, passant le bout de son nez entre ses feuilles duvetées (car elles sont duvetées, foi de campagnarde), comme on guigne derrière un éventail, comme on regarde à travers un moucharabieh. Une exhalaison comme une aura. Derrière cette délicatesse puissante — non, non, il ne s’agit pas d’un oxymore mais d’une évidence — du premier nez, s’épanouissent d’autres fragrances plus subtiles qui se dévoilent par à-coups, notamment de pêche et de chèvrefeuille. Pour un peu, on s’en mettrait presque quelques gouttes derrière les oreilles, à l’instar de son Shalimar.
Il est temps de goûter, la bouche étant tout de même le but de l’exercice. La première gorgée rappelle le nez avec un aromatique fraise des bois bien présent, à la fois doux et élégant, épaulé aussi par un peu de groseille rouge qui, par son acidulé, apporte vivacité et tonicité. Du fruit étayé par une jolie minéralité qui contrebalance la douceur. En somme, un vin élégant tout en fraîcheur, jouant sur un équilibre subtil et précis entre vivacité et douceur.
Un vin-poème à boire pour le plaisir, au jardin, sous une tonnelle ou dans une calanque.
Mais aussi pour accompagner une cuisine provençale tout en nuances : légumes et agneau des Alpilles à la plancha, petits farcis et ratatouille, fleurs de courgettes farcies, poupeton d’aubergines.
Ou encore à déguster avec des petits rougets aux anchois, de la brandade de morue, un aïoli traditionnel, du poulpe à la plancha, des seiches farcies, du risotto à l’encre de seiche, de la paëlla, et même des pieds-paquets.
En résumé, un vin méditerranéen qui provoque du plaisir et de l’émotion. Que demander de plus ?
Prix : 18 € chez les cavistes et en direct www.domainedeole.com/nos-vins
Domaine d’Éole – Route de Mouriès – Chemin des Pilons – 13810 Eygalières
Tél : 04 90 95 93 70 – courriel : domaine@domainedeole.com – site : www.domainedeole.com