Suppression de la DLUO
Faut-il vraiment des lois
là où le bon sens suffirait ?

« Jacques a dit » qu’il ne fallait plus boire l’eau de cette bouteille après janvier 2017 à 22 h 42 !
Euh… si je la bois à 23 h 59, c’est grave, docteur ?
Sérieusement, qu’il y ait une législation sur les produits de consommation alimentaire… c’est bien !
Mieux… c’est indispensable sous peine de voir fleurir des abus en tout genre !
C’est particulièrement vrai en ce qui concerne les produits frais dont on comprend bien que leur DLC (Date Limite de Consommation) est IMPÉRATIVE pour des raisons sanitaires.
En revanche, avoir imposé une DLUO (Date Limite d’Utilisation Optimale) sur les produits d’épicerie, le café, les conserves, les biscuits secs et les boissons, n’était-ce pas infantiliser le consommateur en le prenant pour un couillon ?
Comment ? Y en a qui le sont ?
Rappelons-le, cette loi a été promulguée parce qu’au bout d’un certain temps, les qualités organoleptiques et nutritionnelles de ces denrées ne sont plus garanties : « elles risquent d’avoir moins de goût, moins de vitamines, une consistance différente, sans pour autant constituer un danger pour la santé ».
Pour plus de précision encore, la DLUO se décline en 3 versions :
– avec la mention « À consommer de préférence avant le… » suivie du jour et du mois pour les produits d’une durabilité inférieure à 3 mois ;
– avec la mention « À consommer de préférence avant fin… » suivie du mois et de l’année pour les produits d’une durabilité comprise entre 3 et 18 mois ;
– avec la mention « À consommer de préférence avant fin… » suivie de l’année x pour les produits d’une durabilité supérieure à 18 mois.
(Article R 112-9 alinéa 5 du Code de la Consommation).
Subtilités de langage dont on se demande bien à quoi elles servent puisque le « de préférence » les rend de toute façon aléatoires et que d‘ailleurs, leur vente au-delà de la limite d’utilisation optimale n’est pas interdite.
Il est à noter que le vin — ENCORE HEUREUX ! — en a été exempté car il est admis que « vieillir » fait partie du processus naturel de l’évolution de son goût.

Mais ça, c’était avant !
En effet — crise oblige ! — tout le monde se mobilise, à juste titre, conte le gaspillage alimentaire. Aussi, le Sénat vient d’annoncer ce mardi 17 février 2015 l’adoption d’un projet de loi visant à supprimer la DLUO sur les produits alimentaires non périssables. Il fera l’objet d’un vote le 3 mars 2015.
Franchement, nos grands-mères et arrière-grands-mères étaient plus malignes que nos sénateurs ! Elles qui savaient d’instinct que ranger les bocaux de confitures de fraises ou d’abricots sur une étagère en plein soleil, c’était fusiller la vitamine C qu’elles contenaient en quelques jours, qui savaient faire « tourner » les conserves maison pour qu’elles soient consommées dans le bon ordre chronologique, qui savaient improviser un diplomate ou une charlotte avec des biscuits trop secs et qui, surtout, savaient judicieusement utiliser les restes, contribution non négligeable au non gaspillage alimentaire. Ça s’appelait tout simplement une bonne économie domestique !
Si j’osais, je dirais même que parfois, dans certaines régions, il y avait aussi des grands-pères assez facétieux et zélés pour faire de la « pétafine » dans un coin de cave, sans trop d’ostentation, avec des restes de fromages un peu « avancés » — au point même d’avancer parfois tout seuls ! — et une bonne rasade de gnôle !
Il est vrai qu’en ce temps-là, on ne bourrait pas toutes les semaines un caddy à ras bord de saloperies industrielles !

Bon, pourrions-nous savoir raison garder ?
Il va sans dire qu’une tablette de chocolat « oubliée » dans un placard ne fera mourir personne si elle finit ses jours dans un gâteau, que des pâtes alimentaires à la semoule de blé dur ont une durée de vie bien supérieure à ce qu’on voudrait nous faire croire, qu’en revanche des légumes secs peuvent devenir trop secs (et donc trop durs) ou attirer des hôtes indésirables si on ne les consomme pas d’une année sur l’autre, qu’il est évident que les épices risquent de s’éventer si elles ne sont pas conservées dans de bonnes conditions… et l’on pourrait ainsi multiplier les exemples à l’envi !
Personnellement, ce qui me fait toujours rire, c’est le sel rose de l’Himalaya qu’on affuble d’une date de DLUO à 18 mois alors qu’il a une existence de quelques… 200 millions d’années !

20 février 2015 @ 8 h 18 min
Bonjour,
Ce qui est le plus étonnant, dans cette décision du sénat, c’est qu’il semble ignorer que la DLUO n’existe plus depuis décembre 2014, remplacée par la DDM et que, de toute manière, cette partie du code de la consommation n’est plus du ressort des États qui se contentent de transposer en droit local les décisions européennes.
http://www.lsa-conso.fr/dluo-la-surprenante-decision-du-senat,201877
D’autre part, les confitures, une fois cuites, ne contiennent plus de vitamine C qui est quelque peu thermosensible.
Belle journée,
Bernard.