Semaine du goût (5)
Comme un goût d’injustice…!
Comme le disait ici même (http://gretagarbure.com/2013/10/11/ptit-billet-dhumeur-36/), le célèbre philosophe très proche-oriental Kcirtap Iramed : « tous les vins se ressemblent, y a qu’la couleur qui change ! ». Simple provocation ou participait-il lui aussi à la campagne hygiéniste et pour tout dire prohibitionniste, tantôt insidieuse, tantôt fracassante, à cette campagne de dénonciation à laquelle nous assistons, impuissants ? Enfin pas tout à fait désarmés quand même. Si les 500 000 personnes de l’ensemble de la filière française du vin voulaient bien se donner la main et le reste, la situation pourrait peut-être changer, et vite.
Tous ces Français insultés, qu’est-ce que ça donne ? Eh bien ça donne, dans le désordre (pour l’instant !) :
— des vignerons à côté desquels le cartel de Medellin passerait pour une aimable Amicale de boulistes ;
— des cavistes assimilés à des dealers de drogues plus ou moins douces ;
— des journalistes spécialisés amorphes, d’autres sur le qui-vive, tous concernés (en un ou deux mots !) ;
— des blogueurs qui continuent à se regarder le nombril, d’autres qui font le boulot de journalistes d’investigation (absents sans mot d’excuse) ;
— des agences de presse qui retransmettent n’importe quelle sentence farfelue émise par un irresponsable ;
— et une presse qui répète en chœur des inepties, des tartufferies, des contre-vérités, des illogismes, tout pourvu qu’il y ait un début de polémique, un incident diplomatique ou, au minimum, un buzz sur internet.
Dissidents chinois, nazillons puants, pédophiles abjects et buveurs de vin sont tous ensemble alignés au bout du fusil médiatique! Quand ces savants fonctionnarisés par la manne publique entendent le mot culture accolé au vin, ils sortent leur revolver comme aimait à le dire le facétieux Goebbels. Lassés de ne pas être suffisamment écoutés en France, ils s’en vont même répandre leurs imprécations dans la presse américaine, de façon à ce que le vin français soit plus sûrement dénigré et que l’exportation ne soutienne plus notre racaille vigneronne, ces meurtriers patentés qui prétendent que les vins peuvent être bons à boire, à vivre et à penser ! Ces diatribes haineuses trouvent toujours les oreilles bienveillantes d’incultes nigauds.
Cependant, il leur restera encore à dégoûter la grande masse des amateurs de jus fermenté et à leur éviter de force les méfaits supposés de leur boisson préférée. Mais ça, ce n’est pas gagné car une forme de résistance s’organise. Elle se manifeste d’abord sur les réseaux sociaux qui jouent de plus en plus un rôle prépondérant dans la lutte contre la connerie (sans en être exemptés eux-mêmes !), les abus et les forfaitures d’une poignée de savants autoproclamés. Nos chevaliers blancs et relais d’informations d’aujourd’hui s’y expriment avec une détermination relative à leur influence, lentement mais sûrement méritée, acquise auprès de leurs « followers » ou « amis ». Leur bénévolat représente sinon une garantie, du moins une présomption d’indépendance, donc de liberté. En maintes occasions et sur des sujets touchant déjà le monde du vin, ils ont fait la preuve de leur efficacité désintéressée.
Ce délicat tressage de couronnes à l’égard de blogueurs confrères (là, en un seul mot !) n’a pour seul objet que de souligner leur légitimité à soulever de réels problèmes ainsi qu’une opinion qui se reconnaîtra dans ces luttes méritoires contre l’obscénité, officielle ou assimilée.
Faisons passer le goût du pain à ceux qui veulent nous faire passer celui du vin !
Le Nobel ou le Pulitzer ne seront pas forcément au bout mais ils trouveront certainement la reconnaissance des millions de buveurs de vin, professionnels et anonymes, qui grâce à eux, aimeront encore plus le pays dans lequel ils vivent.