Ode aux épices
« Dieu a créé les épices, le diable l’assaisonnement ! »
James Joyce, Dédalus
Sagement alignés comme des petits soldats de plomb sur des étagères de maison de poupée, les flacons à épices font rêver. De voyages, de sortilèges, de parfums interdits et de pouvoirs magiques !
Harpagon avait sa cassette… où il ne cachait que des pièces d’or ! Mais les boîtes à épices recèlent bien d’autres trésors aux tons chatoyants, aux senteurs enivrantes, aux saveurs subtiles ou flamboyantes, aux vertus insoupçonnées… et aux effets insoupçonnables !
Oui, les flacons à épices sont à la fois des écrins à bijoux, des boîtes à pharmacie, des pots à onguents, des tiroirs où dorment des secrets jalousement gardés, des chaudrons de sorcière où se concoctent des philtres d’amour, des breuvages balsamiques, et d’envoûtantes potions !
Il n’est qu’à lire les noms des étiquettes pour s’en convaincre : noix muscade, anis étoilé, piment d’Espelette, poudre à colombo, paprika doux, clous de girofle, quatre-épices, cinq-parfums, safran des Indes, vanille Bourbon, poudre de perlimpinpin, etc. Comment ne pas rêver ?
Comment ne pas rêver devant ces couleurs qui ressemblent aux pigments de la palette d’un Rembrandt, d’un Vermeer ou d’un Véronèse : ocres blonds, ors safranés, rousseurs cuivrées, verts à reflets de bronze, tons chauds de pain d’épices, terres de Sienne, corails patinés, pollens écarlates ?
Comment ne pas succomber à la tentation surtout… quand on débouche le flacon et que l’ivresse est tout de suite là ? Car chaque fiole est comme une lampe d’Aladin : il suffit d’ôter le bouchon pour qu’un génie en sorte ! Un petit génie qui transcende les plats qu’il assaisonne et qui métamorphose les citrouilles en carrosses !
Alors, n’hésitons plus : saupoudrons — mot qui signifie textuellement « poudrer de sel » — notre pitance quotidienne d’une pincée subliminale et transcendentale (comme aurait dit Dali)… et partons en voyage ! Un voyage initiatique bien sûr…
Agoutin
27 mai 2013 @ 8 h 13 min
Bravo pour cette superbe ode aux épices Blandine, connaissant ma profession vous ne pouviez pas me faire autant plaisir et bravo à tout les deux pour Greta Garbure
Reconnaissance du ventre |
23 mars 2015 @ 7 h 02 min
[…] http://gretagarbure.com/2013/05/27/reconnaissance-du-ventre-16/ […]