Le minervois rosé Pech Majou 2024 du domaine Château Tour Boisée : le coup de cœur de Greta Garbure !

En ce printemps chaud et ensoleillé, la saison des rosés peut commencer avant Pâques, c’est cadeau ! Surtout avec ce rosé qui m’a enchantée par son équilibre, sa joliesse, sa fraîcheur et sa personnalité indéniable qui tranche sur tous les rosés lambdas (voire lambadas quand ils sont un peu trop offensifs) qu’on nous propose à la belle saison. Loin de ces rosés ironiquement baptisés « piscine » que l’on boit dans un environnement sentant la Javel et l’huile solaire qui ne favorise guère leur dégustation. Mais ne jasons pas, prenons plutôt le temps de savourer celui-ci.
Quelques mots sur le domaine
Domaine familial depuis 1826, le domaine Château Tour Boisée se situe à 25 km à l’est de Carcassonne, dans l’Aude, sur le terroir de Laure-Minervois, commune du nord du département. Il se compose d’environ 80 hectares de vignes (18 cépages différents) ainsi que d’oliviers, culture relancée en 1990. Depuis 1982, Marie-Claude, fille du domaine, a repris avec Jean-Louis Poudou, lui-même descendant d’une longue lignée de vignerons la destinée du vignoble. Et, tout en ayant pris soin de conserver les vieux vignobles dans les plus beaux terroirs, ils n’ont eu de cesse, comme objectif, d’améliorer leur plan d’encépagement qui, quarante ans plus tard offre une gamme complète tracée depuis le parcellaire. Et déjà, la génération suivante est partie prenante. C’est à la Tour, rescapée de la fortification du village (XIIe siècle), à présent située dans le jardin, que le domaine doit son nom.
Qui connaît Jean-Louis Poudou sait qu’il a son franc-parler, ce que j’appellerais plutôt son parler franc. Jean-Louis Poudou est un homme de bon sens, un homme de la terre et non un homme de laboratoire. Homme de discernement, de jugeote et de lucidité, il produit des vins de vigneron avec toute la créativité et le sens de la terre qu’il faut pour un vin de sève autant que d’originalité. Des vins francs, profonds, bons vivants, « les pieds dans la terre et la tête dans les étoiles ! ». Car une certaine forme de rusticité ne nuit pas, bien au contraire, avec cette philosophie d’élaboration des vins : « observation, intuition et expérience » et cette ligne de conduite directrice : « accent sur les cépages traditionnels, travail essentiel sur les sols et, enfin, ne pas perdre de vue que d’un beau raisin, on peut se projeter sur un beau vin. » Ajoutons encore qu’après 25 ans d’agriculture raisonnée, le domaine est certifié en culture biologique depuis le millésime 2013.
Le minervois rosé Pech Majou 2024
Tout d’abord, sachez que Pech Majou (et non « pêcheur major » comme me corrige cet inculte correcteur électronique) signifie « colline majeure », ce qui dit bien son terroir. C’est un assemblage de syrah et de grenache noir, les vignes étant plantées sur des coteaux argilo-calcaires et grès et les raisins étant cueillis en même temps (récolte manuelle) pour qu’ils s’embrassent sans attendre. Aussitôt arrivés en cave, les raisins sont égrappés puis pressurés. La vinification puis l’élevage se déroulent en cave inox à basse température pendant six mois. Il titre 12,5°.
Ma dégustation
Sa robe est d’une jolie couleur « pétale de rose », un rose légèrement poudré (ce que ne rend pas ma photo), comme après une rosée qui vient à peine de s’évaporer. Tendre mais lumineux, comme gorgé de soleil.
Son nez est intense, complexe, alliant des senteurs florales prononcées (pivoine, iris sauvage) et fruitées comme les petits fruits rouges des jardins oscillant entre l’acidulé comme des groseilles et le velouté (grenadine).
En bouche, on reste sur le rose tirant sur le rouge : petits fruits rouges (fraise, framboise, fraise des bois, groseille rouge, notes discrètes de cassis). Finale émoustillée par une très légère touche de pamplemousse rose (pomélo). Une jolie tension sur l’acidulé n’empêche nullement ce vin d’avoir de la suavité. Au contraire, elle la met en valeur, l’exacerbe comme un point d’orgue augmente la sensation en musique.
À table, c’est un vin d’apéritif épatant qui gagne à accompagner le reste du repas, surtout s’il a des accents champêtres. Parfait avec les planches de charcuterie mais aussi certaines viandes grillées. Sa suavité va presque mieux aux viandes blanches grillées ou en sauce (grenadins, scaloppine ou piccata de veau, côtes ou travers de porc, longe de porc) plutôt qu’aux trop puissantes viandes rouges sauf si elles sont traitées en marinades (tartare) ou carpaccios. Le saumon et les crevettes créeront avec lui un camaïeu de couleurs et de saveurs. Sa délicatesse épousera merveilleusement un risotto aux champignons de printemps ou d’été (girolles ou mousserons) ou même des ris de veau. Enfin son côté joyeux escortera tout aussi bien une andouillette grillée. Et ce n’est pas tout, il accompagnera même votre repas jusqu’au bout du bout, avec un plateau de chèvres frais, une tarte aux fraises ou un clafoutis aux cerises.
C’est un vin pimpant qui est à la fois caresse et bonhomie, un vin qui apporte une part de féminité aux barbecues, n’en déplaise à Sandrine Rouseau. Ce que j’ai envie d’appeler un « vin de jardin » avec un petit côté libertin qui aurait tout à fait sa place dans un tableau comme les « Femmes au jardin » d’un Claude Monet ou d’un Frédéric Bazille.
Prix : 9,50 € en direct au domaine ou sur la boutique du site www.domainelatourboisée.com
Château Tour Boisée
1, rue du Château d’Eau
11800 Laure-Minervois
Tél. 04 68 78 10 04