La traçabilité sur quelques mots du vin… qui fâchent ?
« À quoi servent les mots ? Parfois, je me le demande. À dire les choses d’une autre façon. C’est toujours ça. À nous aider à croire obstinément que la richesse des mots est signe indiscutable d’une richesse de l’esprit, et peut-être même du cœur.
Naturellement, chemin faisant, tout ce que l’on recueille est un sentiment d’insatisfaction. Impossible d’aller au bout de quelque recherche : c’est la loi, ici comme ailleurs. »
Les mots et la chose
Le grand livre des petits mots inconvenants
Jean-Claude Carrière
Plon, 2002
Mon propos à moi n’est pas de tourner certains mots du vin en dérision, encore moins certaines professions liées à l’univers du vin. Seulement de mettre en exergue la « traçabilité » de ces mots viniques par le biais de l’étymologie.
Aujourd’hui : le mot négoce.
Le négoce est une activité de commerce (ou d’échange) dont on ne sait pas toujours bien ce qu’elle recouvre exactement. Et pour tout dire, à l’inverse du mot « négociateur » qui inspire confiance par les bonnes intentions qu’on lui suppose, les mots “négoce“, voire “négociant“ ont presque quelque chose de louche.
Y aurait-il une « bonne » raison à cela ?
Fut-elle subliminale ?
L’étymologie apporte souvent les réponses aux questions qu’on ne se pose pas. Et c’est bien pour ça qu’elle est passionnante. À cause de tous les secrets qu’elle dévoile quand on veut bien s’y attarder.
C’est le cas pour le mot négoce.
Le terme est lui-même formé des deux mots latins : nec et otium.
Otium, c’est le repos dans son sens noble, c’est-à-dire la distance prise par rapport aux « affaires » — ce mot ayant déjà à l’époque toutes les connotations péjoratives qu’on lui connaît, y compris politiques —, le loisir studieux consacré à s’enrichir autrement que par l’argent, le temps pour soi, le temps spirituel, le calme, la tranquillité, la paix… voire même la paix de l’âme, au sens initiatique.
Nec exprime quant à lui la négation.
Le terme négoce signifie donc affaires, mais affaires causant du souci, de la peine, de l’embarras. Il s’agit d’une occupation, d’un travail, de tâches impliquant des complications, des problèmes, des tracasseries, des contrariétés, des tourments, sinon des ennuis. Et le préfixe négatif qui initie le mot confirme bien que c’est par négation des valeurs nobles précisées plus haut, et même carrément au mépris de ces valeurs, que le négoce se fait !
Dans l’inconscient collectif, c’est presque un mot suspect, voire honteux.
C’est assez dire quels enjeux économiques et de pouvoir peuvent se cacher derrière un négoce, quel qu’il soit.
Blandine Vié
LEVY
29 juillet 2013 @ 8 h 38 min
C’est bien, c’est intéressant, mais un peu court. En soi, le négoce de vins, puisque c’est celui qui transparaît avec votre photo) n’est pas condamnable, il n’y a pas de nécessité à ce que l’achat au négoce soit de moins bonne qualité que l’achat direct par exemple, pour tout produit alimentaire (car le vin n’est pas seul en cause ici). Si on entend pas négoce le fait d’acheter un produit pour le revendre (quel que soit la forme prise par ce « négoce » : achat en gros de millions de bouteilles, de tonnes de marchandises, ou achat par 120 bouteilles d’un caviste-revendeur, ou d’un veau de lait par un boucher-abatteur) négoce et qualité ne peuvent être opposables. Nous connaissons tous des négociants (en vins, en viande, en poisson etc.) ayant une haute idée de leur métier, avec tout ce que cela implique de responsabilité dans le choix de l’approvisionnement : écologique, sociale, en plus de la fraîcheur pour les périssables. D’autres ont pour unique boussole la marge qu’ils vont dégager, quitte à sacrifier un ou plusieurs des critères ci-dessus, voire tous. Hélas, cela n’est pas écrit sur la porte ou sur la figure du « négociant ». Seules, la vigilance, l’exigence, la responsabilité de l’acheteur peuvent lui assurer que son achat répondra aux meilleurs critères de qualité.
CHABAUD Raymond
29 juillet 2013 @ 19 h 35 min
angélisme…. « la vigilance, l’exigence, la responsabilité » d’un acheteur manipulé par la communication…. Cessons de communiquer, nous nous en porterons mieux….