Des vins que vous aimerez !

Ici, on est à Vix, en Vendée. Une ancienne île au milieu des terres. À mi-chemin de la Loire et de l’estuaire de la Gironde. Alors, quand Christian Chabirand, l’enfant du pays, décide de planter de la vigne sur ces terres vierges de toutes cultures, il marie surtout le merlot avec le cabernet-sauvignon, en respectant le régional de l’étape : la négrette et même du pinot avec du chardonnay pour une alliance toute champenoise. Le vignoble bénéficie d’un sol d’argile et de sable sur une roche calcaire. Il est totalement enherbé, les engrais sont organiques et la culture bio certifiée Écocert.
Les vinifications se font exclusivement en cuves (inox et époxy) et les barriques sont bourguignonnes, ayant déjà connu trois vins (pas de bois neuf), juste pour ménager une respiration durant… le temps qu’il faudra, selon les millésimes, selon les assemblages. L’élevage est long, très long. D’ailleurs Christian préfère parler d’accompagnement des jus !
Vous me connaissez, je manifeste, parfois même lourdement, une exigence de netteté et de précision pour certains vins car les goûts d’écurie sont légion parmi les cuvées prétendument « nature », « naturelles ». Autant de mots dont l’usage semble confisqué au seul bénéfice des tenants du « sans sulfites ajoutés ». Je dis bien « semble » car quel est le contraire de naturel ? Artificiel ? Industriel ? Surnaturel ? Mais ceci est une autre histoire…
Ici, pas de déviance, seulement du fruit mûr et l’âge venant, une maturité, une profondeur, comme une sagesse que certains pourraient bien envier ! Notre cher vigneron est par ailleurs conscient que plus personne n’accorde aux vins le temps de leur épanouissement. Ni le grossiste ni le caviste ni le restaurateur ne sont insensibles aux exigences comptables de l’époque. C’est donc dans sa propre cave que l’on peut trouver des millésimes à point et qui ont encore de belles années devant eux ! Les arômes sont alors toujours aussi fruités, frais, mais les tanins sont assouplis. Les structures restent bien présentes mais la matière ressentie en bouche se fait douce.
C’est rien et banal de dire que ses vins lui ressemblent ou peut-être, est-ce le contraire ? Il aime répéter la célèbre phrase du grand Jacques Puisais, que Greta Garbure a faite sienne depuis sa création : « Le vin doit avoir la tête de l’endroit où il est né et les tripes de celui qui l’a fait. » Écoutez Christian Chabirand parler de sa vigne et de ses vins, vous comprendrez rapidement ce que cela signifie.
Ses bouteilles contiennent son intelligence, sa sensibilité, ses convictions. À nous de faire fructifier les promesses de bonheur qu’il nous confie comme autant de secrets !
Pour vous en convaincre, allez sur le site www.prieure-la-chaume.com, très bien fait, et lisez ses 10 commandements. En fait, lisez tout ! Ce garçon est passionnant, au moins autant que ses vins. Je me suis senti ému à la dégustation mais ce sont surtout de merveilleux vins à boire à table !
Mes préférences me conduisent à vous conseiller :
— Bel Canto 2013, franc comme l’or, sorti de cuve et délicieux sur sa fraîcheur, 8,50 €.
— Rigoletto 2010, 100% merlot, récolté en légère surmaturité et issu d’un coteau exposé plein sud, un délice, 15 €.
— Orfeo 2008, un parfait équilibre, alliant l’exubérance de la jeunesse (même au bout de six années !) à une belle complexité, 13 €. Le 2009 est un vin que l’on sent accompli, d’une évolution lente. Le 2010 est encore très refermé sur lui-même mais le 2011 qui sort tout juste de ses barriques sera bientôt extraordinaire ! Mise en bouteilles au printemps.
— Bellae Domini (Belle du Seigneur) 2009 mérite son nom. 17 €.
Patrick de Mari
La Chaume 85770 Vix
Tél : 02 51 00 49 38
18 février 2015 @ 14 h 40 min
J’ai croisé Bel Canto et Orphéo et je confirme.Il me faut trouver d’autres canons de cet artisan qui fait des vins propres mais non déviants.Bravo pour cet article……et les autres également.
Bernard.
Gueules d’amour |
10 juillet 2015 @ 5 h 02 min
[…] Dans une autre vie, une belle rencontre de plus se fit quand je dégustai pour la première fois les vins de Christian Chabirand dans le cadre du salon d’Angers il y a déjà plus de 10 ans. Ce jour-là, il m’a fait goûter des vins que je ne connaissais pas. Cette région du bas Poitou n’était pas réputée pour en produire d’aussi denses, construits, charnus mais aussi ciselés, complexes et fins. Alors, je lui ai acheté des flacons de sa jolie cuvée « Bellae Domini » 2003 et quelques années plus tard, je suis allé chez lui à Vix et j’ai retrouvé un homme plus que jamais assuré d’aller dans la bonne direction, ayant franchi les étapes nécessaires à son épanouissement personnel, toujours aussi amoureux de la femme, de l’opéra, de la littérature, de ses vignes nourries aux cailloux, de ses raisins volés aux oiseaux, de ses vins nés dans la rage et le ravissement de bien faire. Une belle personne comme disent les ados. Mais surtout un homme rare dont on devine qu’il fait partie d’une élite, de ceux qui font des « vins d’auteur », des vins qui ne ressemblent pas aux autres, des vins sensibles qui parlent de lui.Lire ici : http://gretagarbure.com/2015/02/18/jeux-de-quilles-10/ […]