Dans notre série Vins à gibiers (n° 1) : un Chatus Monnaie d’or 2018, cépage oublié d’Ardèche
Pour commencer la série de vins à gibiers — que je présenterai alternativement avec des vins à champignons —, voici une TRÈS bonne surprise ! Pourquoi ?
Parce qu’il y a une petite décennie (dans les 7-8 ans), j’ai fait un voyage de presse en Ardèche dont l’une des vocations était de nous familiariser avec ses vins et notamment avec le cépage chatus qui renaissait un peu de ses cendres. Nous avions fait pour l’occasion une très jolie escapade au Chêne Vert (village du Rocher, près de Largentière) où, lors d’un repas empreint de rusticité, nous avions dégusté plusieurs vins élaborés avec ce cépage chatus. Et bon, sans être vraiment agressifs, ces vins décapaient quand même bien les muqueuses. C’est donc avec un grand intérêt et — n’étant pas blasée, sans aucun scepticisme — que j’ai goûté cette cuvée.
Avant de vous en dire ce que j’en ai pensé — le temps du carafage — voici quelques informations sur le cépage, déjà cité par Olivier de Serres en 1599. Cultivé sur des sols de grès des terrasses des Cévennes, il a résisté au phylloxera et a retrouvé ses lettres de noblesse sur les terres ardéchoises.
Cette cuvée précisément est issue de raisins vendangés à la main à pleine maturité et élevés en barriques.
Bon, autant vous le dire tout de suite : dès la première gorgée, j’ai aimé.
N’étant pas frappée d’anosmie, je l’ai tout de même trouvé timide au nez (même carafé et attendu). Rien de suspect mais rien non plus d’offensif. Comme un jeune homme propre sur lui mais qui n’a pas la coquetterie de se parfumer pas avec des essences coûteuses. Il finit tout de même par dévoiler des arômes de fruits rouges comme la griotte.
Mais alors en bouche ! Le toucher est tout de suite doux, tendre et délicat. Une sorte de baiser. Puissant et complexe, il est tannique sans la moindre astringence, très soyeux, révélant des notes de compote de nèfles, de pâte de coings, de figue, de tabac blond anglais, de café et, plus modérément, de vanille. En contrepoint, comme dans une mélodie subtile, sa note acidulée le rend joyeux. Ample, sa finale est légèrement poivrée. La texture est charnue mais avec douceur. Et cette délicatesse frappe chez tant de jeunesse car il aurait bien pu attendre encore quelques années avant d’être débouché. Épatant pour accompagner un lièvre à la royale (voir mon article d’hier) qu’il escortera avec une jolie souplesse comme un valeureux compagnon, sans s’effacer devant lui ni le dominer. Un joli compagnonnage.
Et pour rester dans les tons automnaux — au tonneau ? — couleur châtaigne, n’hésitez pas à garder ce vin sur un dessert au chocolat auquel il prêtera toute sa séduction.
En conclusion, par rapport à mon expérience précédemment racontée, j’ai l’impression d’avoir quitté un adolescent pataud et gauche qui s’est dégrossi au point d’avoir un charme fou. On a envie de lui dire : « Sérieux, c’était vraiment toi ce balourd ? Allez, embrasse-moi ! » Parce qu’aujourd’hui, c‘est un beau gosse avec du charme qui s’offre avec une sincérité attendrissante.
Le chatus désignait autrefois une monnaie d’or. Eh bien, je vous le confirme, il a retrouvé son statut de pépite.
Mettez-m’en de suite une caisse de côté !
Prix : 14,90 € chez les cavistes et en ligne sur https://boutique.vignerons-ardechois.com/
Monnaie d’Or 2018 – Réserve
Vignerons Ardéchois
107, avenue de Vallon -07120 Ruoms
www.vignerons-ardechois.com/fr