Y’a rien de gras dans les abats ! (dixit Philippe Delerm)
Dans son livre La sieste assassinée (publié chez Gallimard en 20001, repris depuis dans plusieurs collections poche), recueil de courts textes décrivant avec acuité, poésie et tendresse des petits instants de la vie quotidienne, moi dont vous savez que j’adore et promeus beaucoup les abats, le texte de Philippe Delerm intitulé Le bistrot lyonnais, ne pouvait que m’interpeller. Je vous en livre quelques lignes :
« Et comme la dame s’inquiète, le patron lui assène avec une patience outrée qui cache mal son agacement :
— Mais non, madame, c’est pas gras, l’gras-double. Y’a rien d’gras dans les abats !
Un coup d’œil jeté sur l’excroissance abdominale qui gonfle le tablier bleu jette une ombre de doute sur cette phrase péremptoire, mais on n’est pas là pour discuter.
On est là pour se laisser faire, se laisser gagner par la chaleur qui vient du côtoiement des coudes et des tables, du rouge de Mâcon… qui vient surtout de cette sensualité sans vergogne des mots outrecuidants. On a dans son assiette une réalité plantureuse, raisonnable toutefois. Mais c’est dans la tête que la bonde est lâchée, que le cholestérol déferle avec un rire sardonique. Tablier de sapeur ! chaque syllabe se détache avec une lourdeur provocante et satisfaite. Au bistrot lyonnais, on devient sénateur de la Troisième République. »
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J’en profite pour rappeler que mon prochain livre paraîtra en octobre aux éditions du Cherche-Midi — juste avant le mois des produits tripiers — et qu’il s’intitule :
« Tripes & Boyaux, l’insolite et insolente cuisine culturelle du ventre »
Qu’on se le dise !
Et eu égard au titre du livre de Philippe Delerm, je précise aussi que je fais partie de la toute nouvelle « Confrérie des Compagnons de la sieste »,
née en janvier dernier et pilotée par mon ami dessinateur Gab.
