Quand le Tasting est grand…!
Le vin se boit à table entre amis ou se partage lors de grandes occasions, des bouteilles s’offrent, d’autres se refusent obstinément. Et puis il y a dans la vie d’un dégustateur de bonnes choses, des moments de grâce. Par exemple pouvoir accéder lors du Grand Tasting à des master classes commentées par les directeurs ou les propriétaires de domaines chargés d’Histoire.
Il fait beau ou pas, les politicailleries restent à la porte volontairement ou pas. Le temps est suspendu, le silence s’impose, on est à point, chaud bouillant, le spectacle peut commencer.
Quelques morceaux choisis ou plutôt quelques bouteilles remarquables
— Le potentiel du champagne KRUG « Clos du Mesnil » 2000 est considérable. Un peu plus de 20 000 bouteilles à attendre absolument (pour un tas de raisons !). Aujourd’hui l’acide malique conserve le fruité et l’énergie du vin mais est encore trop présent.
— Un autre joli champagne : La cuvée « Sir Winston Churchill » 2000 de POL ROGER, encore replié sur lui-même.
— Dans un tout autre registre, la verticale de Dom RUINART était impressionnante, bien qu’avec des dosages assez élevés, 10 grammes en moyenne.
– 2002 : mûr, droit, puissant, légèrement toasté
– 1996 : iodé, fruité, jolie structure, bouche superbe comme souvent les champagnes de ce millésime
– 1993 : évolution marquée et bouche bizarrement lactique
– 1990 : arômes tertiaires de sous-bois, finale mentholée
– L’Exclusive, pour célébrer l’an 2000, réalisée avec un assemblage de 1993 (75%), 90,88,86 et 87 : magnifique fraîcheur et grande complexité encore à ce jour.
La Bourgogne a été superbement représentée par la maison BOUCHARD Père & Fils et un grand Chevalier-Montrachet Grand Cru 1998 « La Cabotte ». Une parcelle sur des marnes grasses, récoltée et vinifiée à point, fermentation et élevage longs qui procurent un gras très perceptible, mais aussi une matière équilibrée en bouche. Léger, subtil, élégant, c’est un vin enthousiasmant avec une finale interminable.
Un autre bourguignon blanc, le Clos des Mouches 2008 de JOSEPH DROUHIN. Joli Beaune 1er cru, miellé et brioché, vraiment très volumineux
Toujours en blanc, le mythique Scharzhofberger Riesling Kabinett 2011 du non moins légendaire EGON MÜLLER même si le choix du millésime peut sembler déroutant, étant donné le voisinage et la circonstance. Il sera immense mais pas avant dix ans.
À nouveau en Bourgogne mais rouge cette fois, gros coup de cœur pour le Volnay 1er cru « les Chevrets » 2002 d’HENRI BOILLOT. Quand un Volnay est grand… (ils ne le sont pas tous !).
Dans un style opposé, le domaine CHANSON avait apporté un très joli Beaune 1er cru « Clos des fèves » monopole 2009, boisé encore très présent, un nez fruité et caillouteux et une belle bouche de fruits rouges et de violettes.
Très joli PALMER 89, très margaux, avec de la fraîcheur et de la finesse. On en attendra peut-être une plus grande ouverture dans quelques années.
Également sur la soie, un MOUTON-ROTHSCHILD 2004 presque à maturité, entre l’élégance et le demi-corps selon qu’on est de bonne ou de mauvaise humeur (j’étais de bon poil).
Changement de région, à Châteaneuf-du-Pape, hommage à Jacques Perrin 2000 de BEAUCASTEL : volume énorme, tanins fermes, fruits noirs, pruneaux, notes animales. Longueur infinie. Superbe sur du gibier, mais pas seulement.
Une Côte Rôtie d’exception, la Turque 2005 de GUIGAL. Considérable à tous niveaux (trop ?).
Une belle Impériale de PIBARNON 98, un magnifique Bandol à pleine maturité, malgré des tanins légèrement asséchants mais quelle expression du mourvèdre !
Pablo Alvarez et Xavier, son fidèle transmetteur avaient convoyé le VEGA SICILIA, un millésime 2003 « Unico », c’est-à-dire non encore en vente (!), potentiellement fantastique, et un autre grand millésime, 1994 qui en a encore au moins autant sous le pied ! Un sommet !
La famille TORRES était représentée par sa fille et un grand Muralles 2007, tous deux de grande beauté.
L’Italie était là encore avec une impressionnante verticale de Masseto de LA TENUTA DELL’ORNELLAIA, présentée par son producteur Axel Heinz. Concentration et prix hors norme.
Le Soleia 2001 d’ANTINORI et le Sassicaia 2009 étaient (évidemment!) remarquables.
Les commentaires sont peut-être un peu lapidaires mais si près de la clôture de ce marathon sur deux jours, mes papilles commençaient à faire leur âge !
La suite… à suivre !
J’évoquerai bientôt de merveilleux vins plus disponibles, plus accessibles, notamment quelques bouteilles du Salon Escale en Biodynamie…!
PdM