Notre calendrier de l’Avent – Jour 3
Fenêtre du 3 décembre
On est sympa quand même…
on vous apporte des oranges !
Ça paraîtra peut-être insensé aux plus jeunes d’entre vous, mais du temps où les hommes étaient encore des homo sapiens et non des « homo consumans » , il eut été bien incongru d’acheter des fraises à Noël !
Oui, quand la France vivait encore en autarcie — peu ou prou jusqu’à la Seconde Guerre mondiale — l’orange était un fruit tellement exotique qu’il était rare et que seuls les enfants des villes des milieux les plus aisés en consommaient de temps en temps.
Pour les autres, l’orange était bien souvent « le » seul et unique cadeau de Noël ! Le cadeau luxueux des enfants de la campagne… et encore pas de tous !
Je me souviendrai toujours d’une femme miséreuse et quasiment analphabète en Bretagne qui m’avait raconté que chez elle, à la fin des années 50, il n’y avait ni orange ni sapin. Seulement un boulet de charbon dans son soulier au matin de Noël !
De quoi réfléchir à cette gabegie de jouets qu’on offre aux enfants d’aujourd’hui !
Moi, je dis que Françoise Dolto n’a pas fait que du bien !
Bon, ne cédons pas à la mélancolie ! Pas d’oranges amères, même si elles sont épatantes en cuisine… et les seules dignes de ce nom pour le canard à l’orange !
L’orange a aujourd’hui une autre fonction plus joyeuse à Noël. Une fonction esthétique et odorante !
Héritière des « pomanders » ou « pommes d’ambre » du Moyen-Âge — ces boules en argent ouvragées qui laissaient passer les parfums comme l’ambre gris, la civette ou le musc par leurs petits trous et qui se portaient alors comme des bijoux, accrochées à la ceinture, en pendentif ou en breloque — l’orange « pomme d’ambre » est la version végétale du bijou en métal (tradition arrivée par les pays anglo-saxons).
Traditionnellement piquée de clous de girofle et parfois enrobée de poudre d’épices, elle sert à décorer et à parfumer la maison et placée dans une armoire, elle protégerait le linge contre les mites !