Mardi-Gras, dernier des sept jours « charnels » !
Mardi-Gras clôt — et non pas clôture, s’il vous plaît ! — la période du Carnaval. Une période de 7 jours qui précède le carême et pendant laquelle — quand la France était encore profondément catholique et respectait les prescriptions hygiénistes (et donc alimentaires) de l’Église — on avait coutume autrefois de manger gras. Histoire de faire quelques réserves avant la période de sévères restrictions, jeûnes et abstinences qui allait suivre, donc manger maigre (privation de viande et d’œufs notamment) après avoir mangé gras. Cette semaine était appelée « Semaine des 7 jours gras » ou, plus joliment encore « jours charnels »… puisque la consommation de la chair y était permise !
Selon notre calendrier grégorien qui tient compte des mouvements du soleil, Mardi-Gras est une fête mobile calculée par rapport à la date de Pâques. C’est-à-dire que, selon les années, il tombe entre le 3 février et le 9 mars. Toujours un mardi, ça va de soi. Et donc toujours la veille du Mercredi des Cendres qui débute le carême (carême-prenant), censé durer jusqu’au Samedi-Saint. Or, si l’on compte bien, cela fait 47 jours jusqu’à Pâques et non 40 comme on le croit généralement. C’est que le carême de pénitences ne s’observait pas le dimanche (et il y en a 6 pendant la période) ni le jour de la pause de la Mi-Carême, et qu’il ne s’agit donc pas de 40 jours consécutifs, même si la modération restait cependant conseillée durant ces jours intercalaires.
Les « sept jours gras » se terminaient en apothéose par le Mardi-Gras. Et même si aujourd’hui où l’on ne jeûne plus pendant le carême (ou seulement le Vendredi-Saint pour les croyants pratiquants) — mais où l’on fait des cures de détox… hi ! hi ! hi ! — on ne fête plus non plus la semaine grasse mais on a gardé la tradition du Mardi-Gras, jour de liesse où l’on mange traditionnellement des beignets ou des crêpes.
Manger des beignets et/ou des crêpes ce jour-là était symbolique puisque c’était une coutume étroitement liée à la prospérité familiale. Et ce, dans toutes les couches de la société, même chez les laboureurs comme le rapporte Victor Hugo… « afin que le blé ne soit pas carié » !
De nombreux dictons sont d’ailleurs liés à cette fête.
Mais je ne vous en offrirai qu’un qui, je pense, va faire plaisir à plusieurs d’entre vous :
À Mardi-Gras, qui n’a pas de viande tue son coq.
Et qui n’a pas de coq… tue sa femme !
Cependant le dicton ne précise pas de quelle femme il s’agit : la sienne ou celle du coq !
Blandine Vié